Les jeux d’enfants naissent souvent sans autre raison apparente que d’avoir été décrétés tout à coup. « On disait que j’étais une princesse » ; « On disait qu’on était des aventuriers dans la forêt ». Ces petites phrases qui soudain ouvrent un univers, ce n’est plus dans les cours d’école qu’elles résonnent en ce moment ; mais elles trouvent certainement un écho dans nos souvenirs, quand elles ne sont pas répétées à tue-tête dans nos foyers.
Nous savons aujourd’hui que ces inventions sont plus importantes qu’il n’y paraît : les spécialistes du psychisme ont montré qu’il se jouait en effet quelque chose de bien réel dans les mises en scène qui s’ensuivent. La légèreté du jeu est une manière sûre de se projeter dans la réalité, d’interagir avec les autres et de trouver sa juste place dans le monde. Et après tout, y a-t-il un âge pour cela ?
Ces dernières années, nos sociétés occidentales ont connu le développement fulgurant d’un type de jeu nouveau, les « Escape Game ». Il s’agit, littéralement, de « jeux d’évasion » grandeur nature. Comme si, ne sachant plus que faire de nos libertés usées jusqu’à l’excès, nous avions décidé de les employer à nous en échapper ! Né au Japon en 2007, le concept a rapidement conquis le monde : Budapest en 2010, Londres en 2012, Paris l’année suivante. Après les capitales, ce fut au tour des provinces de s’amouracher : en France, nous avons dépassé la barre des 2000 enseignes où pratiquer l’évasion « pour de vrai ». Il faut dire qu’au départ, le jeu était virtuel : à rebours de bien d’autres processus qui marquent le début de notre siècle, c’est un passage du monde abstrait de l’écran à notre réalité bien tangible, en 3 dimensions. Drôle d’incarnation !
Carte des escape games en France (source : https://www.escapegame.fr/)
Le phénomène est d’autant plus étonnant que bien souvent, l’escape game devient aussi pour tout espace où il s’implante un gage d’attractivité : ainsi lorsque des centaines de kilomètres nous emmèneront dans l’ailleurs tant désiré, c’est avec le plaisir du confort retrouvé qu’on se dirigera tant vers l’escape game de notre nouvelle localité, que vers notre supermarché préféré. C’est devenu un lieu commun, surtout par les temps qui courent ! « Tout le monde cherche à s’échapper », dit la chanson Help Myself de Gaëtan Roussel.
https://www.youtube.com/watch?v=QAdr5j1ztNQ
Nîmes n’est pas en reste : on peut habituellement y vivre un choix d’évasions remarquable. Les protestants auront un jour plaisir à s’y rendre en famille ou entre amis, en se souvenant bien sûr d’éloquents passages bibliques : Dieu n’est-il pas d’abord pour nous l’auteur de notre libération ? On peut l’entendre à travers le livre de l’Exode et le récit de la sortie d’Egypte, qui précède le don de la Loi (Exode, ch.20) ; dans le Nouveau Testament, on relira à cette lumière les étonnants exorcismes pratiqués par Jésus (par exemple Marc 5, v.1-20), ou on se plongera dans le livre des Actes des apôtres pour y réentendre la façon dont Dieu libère sans relâche ses envoyés incarcérés (en particulier aux chapitres 5, 12 et 16).
Ces approches bibliques seront peut-être l’objet d’une autre « parole du jour ». En attendant, nous pouvons méditer la mise en place éphémère de ces jeux d’évasion dans (de ?) nos villes, dans (de ?) nos temples : cela s’est même fait au Temple du Saint Esprit à Paris :
https://laligue.net/escape-game-biblique/
C’est biblique, tendance et coopératif ! Car l’idée de l’Escape Game, c’est de se mettre en condition pour vivre ensemble une aventure dont il nous faudra bien sortir un jour, plus sages et plus heureux que nous n’y sommes entrés. Cela nous rappellerait-il quelque chose ? Quoiqu’il en soit, si une panne, un blocage, un danger nous surprenait en chemin : pas de panique ! Un « maître du jeu » veille, donne des indices parfois, et libère au final, si l’entraide n’y suffisait pas.
Il nous reste aujourd’hui bien des énigmes à résoudre, bien des passages à aménager. Prenons courage : la libération est proche.
A nous de jouer !
Claire Des Mesnards, le 2 mai 2020