On vit parfois
sans être là
on effleure
les heures
en funambule
on marche
dans les rencontres
en somnambule
on se laisse
faire et défaire
par le ressac
des jours
et l’on se
retrouve soudain
jeté sur un rivage
dont on n’a pas
la clé
Par paresse
ou par facilité
on aimerait que
vivre aille de soi
mais rien
n’est donné sans
que nous soyons là
pour le désirer
D’où l’appel
à veiller
à rester éveillé
à surveiller
par où la lumière
pourrait se faufiler
Faire
de chaque jour
une victoire
sur la somnolence
un dépassement
de l’indifférence
se porter
au-devant
de ce qui survient
de celui qui vient
en conscience
avec endurance
serait-ce là
la belle manière
d’habiter
la tâche
d’ouverture
qui signe
notre partition
de créatures ?
Francine Carrillo, Le Plus-que-vivant
.