« Venez à l’écart et reposez-vous un peu »
La rentrée vient de battre son plein ! Passé le temps des pics ‘noirs’ sur les autoroutes, dans les gares, les aéroports, voici le temps de la foule qui se presse désormais à la sortie des écoles et sur le périph’. Les vacances sont bel et bien terminées et même ceux qui ne sont pas partis sont rentrés.
Pour ceux qui sont partis, rappelez-vous, n’avez-vous pas ressenti cette impression bizarre, après une absence de quelques semaines, lorsqu’on rouvre la porte de sa propre maison ? L’air lourd crée le besoin d’ouvrir grand les fenêtres, on traverse les pièces avec un regard critique cherchant si tout va bien et pour un moment ce qui est si familier nous paraît étrange, inhabituel. Aux premiers jours au retour dans le quotidien surgit la question : ‘Qu’est-ce que je fais ici ? Est-ce cela que je voulais ? Qu’est-ce qui est vraiment important ? Peut-être connaissez-vous ces questions ? En général cette phase critique ne dure pas longtemps, on reprend vite le pli…
L’été effectivement, est un temps où notre vie se décale, on se met ‘à l’écart’. Comme le dit Jésus, juste avant de nourrir la foule au désert, à ses disciples agités : ‘Venez à l’écart et reposez-vous un peu !’
Pour les uns, venir à l’écart, ça fait rêver…. ça fait rêver celui qui a toujours tant à faire, qui court de ci et de là, qui s’éparpille en mille tâches et a tout de même parfois l’impression de ne pas en faire assez. Effectivement, dans notre monde mouvementé, beaucoup ont soif de couper et de faire un break. Le succès de toutes les formes de méditations en dit long.
Venir à l’écart… ça fait peur à d’autres, surtout dans la période estivale, où la solitude pèse encore plus lourd, où les activités des associations s’arrêtent. Pour ceux qui ont besoin d’aide et d’accompagnement, l’été est difficile.
Aux uns et aux autres, Jésus propose : « Venez à l’écart et reposez-vous un peu » Il l’a dit à l’époque aux disciples agités et survoltés. Il reconnaît le besoin de celui et celle parmi nous qui a besoin d’un break, comme celui et celle qui – condamné à l’inactivité – peut avoir l’esprit tout autant intranquille. Il invite au repos… se reposer en sa présence, re-poser nos vies dans sa parole, re-poser nos vies dans la confiance en lui, qui connaît nos besoins, mieux que nous-mêmes parfois.
« Venez à l’écart et reposez-vous un peu » Je lis cette phrase comme une invitation adressée à chacun de nous. Une invitation qui suppose de s’écouter d’abord : Quels sont « les écarts » dont j’ai besoin pour me reposer ? Où est-ce que j’ai besoin d’une distance bénéfique ? Et où ai-je besoin de sentir la proximité de notre Dieu, en Jésus-Christ ? Quelle que soit votre réponse, Dieu nous attend pour nous donner du repos.
Et puis, d’une manière plus générale, je crois que la foi est déjà une mise à l’écart dans le monde… ou dirais-je ‘du monde’ ? Comme le dit Jésus dans l’évangiles de Jean : « vous êtes dans le monde, mais pas du monde » (Jean 17,14-18). Cet écart du monde est un décalage bénéfique, qui rend notre esprit critique et nous fait poser des questions semblables à celles au retour des vacances: « Qu’est-ce que je fais ici ? Qu’est-ce qui est vraiment important ? Que me demande l’Eternel ? »
Que cette rentrée nous permette de nous re-poser un peu. Et, surtout, que tout au long de l’année nous écoutions l’appel de celui qui dit : ’Venez à l’écart et reposez-vous un peu’, le même qui a dit : « Venez à moi vous tous, qui êtes fatigués et chargés, je vous donnerai du repos » (Mt 11, 28).
Iris Reuter