« Quand nous prions ensemble, j’ai l’impression que Dieu m’entend »
« C’est trop dur, je n’ai même plus la force de prier, vous pouvez prier pour moi ? »
« J’ai trop de haine envers cette justice à deux temps. Je suis désespérée. »
« Pardon. »
« Je ne suis pas croyant mais mon compagnon de cellule chante des cantiques ; c’est beau ! »
« Pardonnez-moi d’avoir pleuré pendant le culte, j’étais bouleversée. »
« Elle raconte trop sa vie, on s’en fout des autres ! »
« Ce qu’il a fait réellement ne nous regarde pas. Ici, on a tous une poutre dans l’œil. »
« Je suis comme l’aveugle que Jésus a guéri.»
« Je ne peux plus croire, ni en la justice, ni en Dieu ! »
« C’est normal de payer ! »
Combien de petites phrases recueillons-nous chaque jour, au fil de nos visites ? Accompagner les personnes détenues nous confronte à la désespérance souvent mais parfois aussi à la confiance en un devenir possible.
«…J’ai mis devant toi la vie et la mort, (…) choisis la vie…» (Deutéronome 30, 15 à 20). Ce Dieu d’amour et de vie, Dieu de bénédiction, Dieu de promesse qui croit en l’Homme debout, rassure et conforte le travail des équipes d’aumônerie des prisons. Mais malheureusement, au contact quotidien des personnes emprisonnées, on constate qu’il est extrêmement difficile pour certains d’envisager l’idée même d’un choix de vie possible. Le carcan de leur passé, de leur histoire personnelle leur ôte toute force. Le chemin est périlleux, sombre et long. Comment alors témoigner que Jésus, Lumière sur le sentier, redonne confiance et forme un projet de vie pour chaque être humain, quel qu’il soit ? Et cela, sans négliger les personnes victimes dans nos prières.
Semer, témoigner, sourire, être présent dans l’univers difficile de la prison, voilà l’une des missions de notre Eglise, partant du postulat que l’Homme n’est pas réductible à son acte et que, si son acte doit être puni par la justice, l’Homme, lui, peut être restauré.
Marie-Hélène BONIJOLY
Aumônier Maison d’arrêt Nîmes