PAROLE DU JOUR- 23

Amis lecteurs,
Depuis que les feuilles des micocouliers fournissent à nouveau aux oiseaux des cachettes en quantités, voilà que les plus urbaines de nos rues sont à présent le théâtre de chants tantôt fantasques, tantôt mélodieux. Un regard attentif les débusque parfois ; mais bien malin qui pourra les surprendre sans qu’ils l’aient décidé !
A ce propos, voici pour ce matin une petite histoire toute simple à partager. Elle nous invite au voyage ; mais tout bien réfléchi, peut-être pourrait-elle aussi se dérouler dans nos quartiers.

J’étais à Grenade, en Espagne, avec des amis et nous entrions dans le quartier des gitans,en flânant, pour voir.
Alors d’une fenêtre étroite et sombre, nous avons entendu siffler une petite chanson. Nous avons levé la tête, et nous n’avons vu personne.
Nous avons continué à flâner. Et la chanson qui s’était arrêtée a repris plus loin.


Nous nous sommes promenés dans le quartier, le siffleur était toujours là, au-dessus de nous, tantôt devant, tantôt derrière, tantôt plus loin.
Il sifflait très bien, c’était un véritable artiste. Il passait sans doute par les cours, et il a cheminé avec nous sans que nous puissions le voir.

Quand nous avons quitté le quartier, nous nous sommes retournés une dernière fois et alors nous l’avons vu. C’était un enfant. Il nous a fait un petit signe de la main.
Ainsi est le bonheur. On voudrait dire, il est ici, il est là, on ne peut jamais dire exactement où il est ; mais sa petite musique nous accompagne comme une présence.

 

L’histoire est de Jean-Louis Ducamp, qui l’a publiée dans un recueil de« Paraboles de bonheur » ; la musique, de Camille Saint-Saëns, sur un arrangement de Guy Bergeron. Et ne ressemblent-elles pas, en effet, à quelque chose que nous connaissons bien ; comme cette chanson dont elles parlent, fredonnée ici dans la tiédeur de l’air printanier, et là, glissant au fil de l’eau ?

Cette chanson du bonheur, nous pouvons l’entendre peut-être de nos fenêtres, de nos jardins lorsque nous avons la chance d’avoir à domicile des espaces verts ; elle peut venir aussi des humains, parfois portée par la radio qui nous parle des beautés fugaces ; parfois au téléphone lorsque des nouvelles d’un ami cher nous parviennent. Que notre journée soit emplie de ces clins d’yeux heureux ! Il ne tient qu’à nous de la fredonner à notre tour, cette chanson du bonheur, en oiseau malicieux ou en enfant farceur ; éclat de joie et de bonheur pour tous nos frères et sœurs.

 

Claire Des Mesnards, le 16 avril 2020