« Ne vous inquiétez pas du lendemain, car le lendemain s’inquiétera de lui-même.
A chaque jour suffit sa peine. » (Matthieu 6,34)
Il faut être aveugle et sourd pour ne pas s’inquiéter ces temps-ci pour les autres, soi-même et les évolutions présentes et à venir sur tous les plans de l’existence individuelle, sociétale et mondiale. Hors du contexte immédiat, cette parole de Jésus est du non-sens. Pourtant, ce verset qui m’accompagne depuis fort longtemps dans mon existence, me parle de façon très particulière actuellement.
Il y a là l’appel à ne pas s’inquiéter du lendemain et à limiter ses soucis : c’est une mise en garde contre le poids de nos inquiétudes qui peuvent nous écraser si à ceux du présent on rajoute ceux du lendemain. En effet, actuellement, chaque jour nous présente une situation différente, et garder confiance et trouver chaque jour un équilibre semble déjà un défi énorme.
Ensuite, ce verset est précédé par un autre : «Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, cherchez à faire sa volonté et Dieu vous accordera aussi tout le reste. » (Mat 6,33)
Chaque jour chercher le Royaume de Dieu : il est proche de nous, parmi nous, en nous, selon Jésus : accueillir ce règne signifie chaque jour accueillir la présence de Dieu, prendre soin de l’autre, des autres, en cherchant les solidarités à vivre. Par les appels que nous pouvons passer les uns aux autres, par l’élan de solidarité des couturières de masques, par les efforts pour maintenir un minimum de solidarité comme dans la distribution alimentaire….Le Royaume de Dieu s’approche de chacun.e de nous et à travers nous, même confinés.
Enfin, ces versets sont précédés par l’appel à contempler : « Regardez les oiseaux du ciel, observez les fleurs de champs. » Lever notre regard vers le ciel est à la portée de tous, à travers nos fenêtres. Observer le printemps qui habille les arbres de feuilles naissantes aussi. Contempler et lever notre regard, c’est s’arrêter non pas parce que nous sommes forcés de nous arrêter dans bien des choses, c’est faire de la place à la contemplation à côté et malgré nos inquiétudes. C’est faire place à l’espérance qui réside dans ce ‘malgré’: L’espérance est un terme fourre-tout, qui peut recouvrir mille réalités. Pour moi, la meilleure manière d’expliquer ce qu’est l’espérance c’est de dire ce qui en est synonyme : « malgré ». Le monde peut nous paraître absurde. Il est peuplé de milliards de personnes, mais il peut nous sembler désespérément vide, et violent. L’espérance c’est malgré cela, vouloir vivre et vouloir que la vie croisse vers le bon. C’est aussi avoir, chevillé au corps, au plus profond de son être, le désir d’entrer en relation avec d’autres humains et de recevoir d’eux de l’amour, du soin, le désir de leur donner cet amour et ce soin. C’est ainsi que l’on grandit en humanité » (1)
Iris REUTER, 26 mars 2020
(1) Abigaïl Bessac, Evangile et Liberté, 12/ 2019
Prière
« Au commencement, ô Dieu,
lorsque la terre ferme émergea des eaux vitales,
tu vis que cela était bon.
Le sol fertile était humide, la semence solide
et la terre connaissait profusion de couleurs et d’odeurs.
Eveille en ce jour
mes sens à cette bonté qui provient encore d’Eden !
Eveille mes facultés
à la bonté susceptible de germer encore en moi
et en tout ce qui porte la vie.
Comblé, libère-moi pour donner !
Assuré de ta grâce, accorde-moi d’offrir ! »
Amen
J.Philip Newell (Prières Celtiques, 2010)