Comme Luther lors de la peste

Les relations humaines sont fragilisées par cette épidémie qui crée de l’inquiétude, de la méfiance et des réflexes de replis qui vont jusqu’au « pillage » des magasins par crainte des pénuries. Dans ces situations ce sont les plus faibles, les plus isolé.e.s et les plus fragiles qui trinquent, comme toujours.

C’est pourquoi, tout en prenant les mesures de prévention nécessaires, notre rôle au sein des Fraternités de la Mission Populaire reste celui d’affirmer que la vie doit continuer, que la solidarité peut s’exercer et que les relations humaines peuvent se vivre, au cœur même des lieux et des temps où elles sont menacées.

Cette espérance, dont nous sommes les porteurs depuis longtemps face aux multiples crises de notre histoire -qu’il s’agisse de la crise en Syrie, de la crise migratoire, de la crise écologique ou de la crise sociale- nous voulons la vivre et la manifester au cœur de cette crise sanitaire sans précédent que nous traversons.

Alors que la peste noire sévissait en Europe, Martin Luther, dans une lettre au révérend John Hess, rappelait déjà que dans une telle situation il est nécessaire d’affirmer sa confiance, d’être responsable et suivre les mesures pour limiter l’épidémie sans oublier d’être attentifs et solidaire avec ceux qui sont les plus fragiles :

« Je demanderai à Dieu par miséricorde de nous protéger. Ensuite, je vais enfumer, pour aider à purifier l’air, donner des médicaments et les prendre. J’éviterai les lieux, et les personnes, où ma présence n’est pas nécessaire pour ne pas être contaminé et aussi infliger et affecter les autres, pour ne pas causer leur mort par suite de ma négligence. Si Dieu veut me prendre, il me trouvera sûrement et j’aurai fait ce qu’il attendait de moi, sans être responsable ni de ma propre mort ni de la mort des autres. Si mon voisin a besoin de moi, je n’éviterai ni lieu ni personne, mais j’irai librement comme indiqué ci-dessus. Voyez, c’est une telle foi qui craint Dieu parce qu’elle n’est ni impétueuse ni téméraire et ne tente pas Dieu. »

Paris, le 16 mars 2020-   Extraits d’un texte du pasteur  Philippe VERSEILS, Secrétaire Général de  la Mission Populaire Evangélique