Au jardin des Oliviers….
Le soir du jeudi saint nous plonge au cœur de l’angoisse de Jésus Christ face à sa mort qui s’approche. La foi chrétienne reconnaît Jésus comme ‘vrai homme et vrai Dieu’ – il n’y a aucune histoire de la vie de Jésus qui nous montre à quel point Jésus est vrai homme, là dans le jardin où il vit ces heures de solitude. Il éprouve l’effroi et l’angoisse et dit à ses disciples : Je suis triste à mourir, restez ici et veillez. (Marc 14,33). Ils s’endorment et le laissent seul.
Ce récit me rappelle qu’au fond de chacun et chacune de nous il y a un fond de solitude que rien ne peut combler.Il me fait penser à toutes les solitudes exacerbées actuellement par le confinement.
Solitudes des personnes isolées, solitude aussi des parents seuls, la plupart des mères seules, solitude des malades qui se retrouvent à lutter dans leur corps, dans leurs esprits, solitudes de ceux et celles qui les accompagnent et sentent, qu’ils ont peu de choses dans leurs mains pour soutenir ces combats, solitude des proches qui ne peuvent rejoindre physiquement leurs malades.
Je pense aussi aux solitudes des détenus, privés de leurs sorties dans la cour, privés de parloir. Un confinement poussé à l’extrême et cela dans la promiscuité.
D’autres solitudes nous sont relatées ces jours-ci et je ne veux pas ici en dresser la liste exhaustive – ce serait à la fois impossible et cynique.
Aujourd’hui je sens que toutes ces solitudes sont reliées à celle de l’homme dans le jardin, qui a appelé en vain ses amis : Veillez et priez.
Face à la menaces de la mort, il n’avait plus qu’un seul à qui parler : Dieu, son père.
Sa misère se reflète dans mille facettes dans les visages de ceux qui sont seuls. Comme ses disciples il nous appelle: « veillez et priez »: soyez vigilants à la solitude autour de vous, en vous-mêmes. Priez pour abandonner votre solitude au seul être qui écoute toujours et qui est notre Dieu, Dieu de tendresse et de lumière. Comme l’un de nous, Jésus a connu l’ultime angoisse, quand la mort entre dans le jardin de la vie. Comme l’un de nous, comme un ami, comme un frère.
C’est au plus fort des ténèbres que l’on doit appeler la lumière, en appeler à la libération. La solitude de Jésus au jardin des Oliviers est précédé de son dernier repas avec ses disciples – moment de lien intense, dense, moment de vérité aussi, puisqu’il leur dit que l’un des leurs le trahira. Ils se sont retrouvés pour le repas de la Pessah, fête juive qui fait mémoire de la libération de l’esclavage en Egypte. Ce repas est devenu dans l’interprétation chrétienne un acte qui fait mémoire de la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ. Mémoire vivante d’un Dieu qui relève du pouvoir de la mort dans toutes ses facettes aussi dans la vie ici-bas. La solitude extrême est une des facette du pouvoir de la mort, qui nous coupe des vivants. Face à cela, la prière de Jésus au mont des Oliviers insuffle la confiance en un Dieu qui écoute les soupirs et les cris de chaque solitude. Elle nous appelle à être ses relais pour apaiser les solitudes des autres là où nous le pouvons.
Jeudi saint : Entre communion et solitude….Rejoignons-nous pour le cheminement du Jeudi Saint.
Autour de la table virtuelle ou virtuellement autour de la table.
Culte méditatif du jeudi saint, à partir de 17 heures sur :
https://www.youtube.com/channel/UC9tDagIjYLXeoUr7rQ5llgA
Iris Reuter, le 9 avril 2020