Parole bleue n° 18/21

«  Équipiers, êtes-vous prêts ? »

Allongée dans le fossé après m’être extirpée de ma bagnole cabrioleuse, je suis au milieu de trois jeunes et beaux garçons… j’invente… je ne vois que les pieds de l’un d’entre eux. Comme j’ai bien mal au dos, ils ont décidé de me porter sur une planche, mais d’abord, il faut me mettre sur la planche. Je sens des mains qui me prennent les pieds, les hanches, les épaules. Celui qui est à ma tête pose la question : « équipiers, êtes-vous prêt ? ». J’entends un « oui » et un « non ». Pas facile dans un fossé. Ça s’arrange par la suite et la question renouvelée un instant plus tard reçoit deux réponses positives.

J’ai eu bien le temps de repenser à tout ça et, moi qui veut toujours être prête à faire ce que l’on attend de moi (enfin ce que je crois), j’ai reçu là une leçon : nous ne sommes pas toujours prêts, je ne suis pas toujours prête à faire ce que l’on attend vraiment de moi ou ce que je suppose de cette attente. Suis-je pour autant une servante inutile ? Vous savez, le genre dont il est question dans la Bible, en Luc 17, 7-10.

Luc nous parle de Jésus, s’adressant à ses disciples.

« Supposons ceci : l’un d’entre vous a un serviteur qui laboure ou qui garde les troupeaux. Lorsqu’il le voit revenir des champs, lui dira-t-il : “Viens vite te mettre à table” ? Non, il lui dira plutôt : “Prépare mon repas, puis change de vêtements pour me servir pendant que je mange et bois ; après quoi, tu mangeras et tu boiras à ton tour.” Doit-il remercier son serviteur d’avoir fait ce qui lui était ordonné ? Il en va de même pour vous : quand vous aurez fait tout ce qui vous est ordonné, dites : “Nous sommes des serviteurs ordinaires (1)   ; nous n’avons fait que notre devoir.” »

(1) La Bible Segond traduit « serviteurs inutiles »

Si je me dis : « Dieu attend de moi que je fasse ceci, que j’apporte cela », je risque fort d’être très déçue et même frustrée à la lecture de ce texte de l’Evangile. Ce serait considérer Dieu comme un patron à qui je dois la réalisation d’une tâche et qui, en retour me rétribuera pour le travail accompli. Ce n’est pas de ce Dieu-là dont nous parle Jésus. Ce n’est pas dans cette relation à Dieu que nous devons nous positionner.

Si Dieu était un chef d’entreprise classique, pourquoi irait-il s’embarrasser de serviteurs inutiles, quelconques ou ordinaires ? – selon les traductions (en anglais « unprofitable » = dont on ne tire pas de profit). Mais Dieu n’est pas un patron mais un Père. Il nous aime depuis le premier jour, il nous aimait alors que nous n’étions qu’une lueur dans les yeux de nos parents. Il nous assure de son alliance, de sa confiance, de son salut et il n’attend de nous aucune contrepartie.

Voici ce qu’écrivait le pasteur Roland REVET sur cette parabole du serviteur inutile :

« La relation de Dieu avec nous n’est pas fondée sur un dû mais sur un don. Il a davantage confiance en son amour qu’il ne redoute notre incapacité, et c’est ainsi qu’il donne un avenir à notre travail ».

 

Parce que, tout de même, Jésus s’adresse à ses disciples et à leur mission de serviteur. Mais ce que j’entends c’est que, je peux ne pas être à 100 %, je peux faire des erreurs, être à côté de la plaque, Dieu sera toujours là pour me soutenir. Il me libère totalement de mon obligation de résultat.

Aujourd’hui, 20 mai 2021, à Nîmes comme dans toute la France, la vie reprend. Nos activités de paroisse vont aussi retrouver leur cours normal (ou presque), nous allons pouvoir nous remettre au service de notre Église avec la force que nous avons. Cela signifie que nous pouvons participer à l’annonce de l’Évangile selon nos possibilités, par la prière, par notre présence au culte, dans les études bibliques, dans les activités cultuelles et culturelles, par notre offrande d’argent, par notre témoignage au quotidien, par l’amour manifesté à eux qui nous entourent.

Ne craignons pas de n’être pas à la hauteur, et même, osons répondre « non » à la question « équipiers, êtes-vous prêts ? », prenons le temps de nous repositionner puis de répondre « oui ».

Nous avons tant à donner !

 

Sylvie VALETTE, à Nîmes le 20 mai 2021