Parole bleue 1 – 2021 « Demeurez….

…dans mon amour ».
C’est avec cette parole, invitation à vivre l’unité chrétienne, que nous reprenons les paroles bleues qui continueront dorénavant à un rythme hebdomadaire.

Demeurez dans mon amour
et vous porterez du fruit en abondance

Cette phrase, contrairement aux apparences, n’est pas un verset biblique mais un thème : elle résume et concentre tout un passage de l’évangile selon Jean, au chapitre 15 les versets 1 à 17. D’où vient donc ce choix ?

Cette année c’est à la Communauté des sœurs de Grandchamp, en Suisse, que le Conseil œcuménique des Églises a demandé de choisir le texte de référence pour la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
Or, si vous vous rendez sur le site de cette communauté protestante https://www.grandchamp.org , qui s’est très vite sentie une vocation œcuménique, vous y lirez que ce chapitre de l’évangile selon Jean est au fondement de leur projet communautaire. Voici ce qu’écrit sœur Gesine :

« Il fallait soigner cette vie du corps commun par la pratique et les combats d’une vie de réconciliation, de pardon et de non-violence dans le quotidien. Le chapitre 15 de l’Évangile selon saint Jean, un texte clef pour la Communauté depuis son début, m’a encouragée sur ce chemin parfois rude et difficile. Le Christ dit « Demeurez en moi comme je demeure en vous. Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là produira du fruit en abondance » (v. 4-5). Demeurer dans le Christ et dans Son Amour, telle était ma part de responsabilité pour l’Unité entre nous ; et lui, en demeurant en moi par Son Esprit, promettait de produire des fruits d’Amour en moi et entre nous. Quelle libération ! »

Cette libération, nous sommes appelés à la vivre, nous aussi, ici et maintenant.

Dans un monde marqué par des divisions, sur lesquelles il est si facile de se reposer et de rester figés, une promesse nous est faite : nous pouvons porter du fruit. Et en porter en abondance ! C’est en étant à la fois unis au Christ, comme les sarments sont unis au cep, et unis entre nous par le partage d’une même vie donnée, que nous pourrons voir cette promesse se réaliser. Quelle espérance pour nos vies personnelles et pour nos communautés ! C’est vrai au niveau de notre Église protestante unie, à Nîmes et ailleurs, c’est vrai au niveau de l’Église universelle, l’Église de Jésus-Christ au-delà de ses différentes formes et dénominations.

Trois facettes de l’unité apparaissent : être unis au Christ, chacun, chacune dans son cœur ; être unis entre nous, dans nos propres communautés ; être unis entre nous, chrétiens de différentes confessions. Cette unité, dans ses différents aspects, ne signifie pourtant pas fusion, ni froide unanimité ; mais participation, dans la reconnaissance des diversités, à la joie authentique que Dieu promet à tous.

Le lien qui nous unit est nommé : c’est l’amour. L’amour du Christ rayonne ; par l’Esprit saint il se diffuse dans les esprits et dans les cœurs ; il se communique au sein des communautés et entre les communautés, atteignant tout le genre humain et jusqu’à la création entière, comme la parabole de la vigne et des sarments nous en montre le chemin.

Mais l’unité n’est pas seulement but à atteindre, elle est à la fois une fin et un moyen. Ce dont il s’agit reste bien de porter du fruit, et d’en porter en abondance. Ce fruit, ces fruits, nous les connaissons, nous les produisons déjà en aimant notre prochain et nous-mêmes du mieux que nous pouvons. En demeurant dans l’amour de Christ, nous pouvons en porter davantage et toujours.

Il y a finalement un mot clef, un mot qui revient sans cesse dans tout ce chapitre de l’évangile selon Jean : c’est le mot « demeurer ». Il y réside une part de mystère. Le verbe utilisé en grec biblique veut dire à la fois rester et habiter : faire sa demeure en Christ, y mûrir patiemment. Par la prière, par la compréhension toujours plus profonde, plus vécue de la Bible, par la fraternité. Demeurer en Christ, ce n’est pas statique, c’est simplement ne pas perdre le contact avec la puissance qui nous permet d’avancer. D’avancer ensemble.

Quel beau texte pour notre semaine de prière pour l’unité des chrétiens !

Sylvie Franchet d’Espèrey et Claire des Mesnards