« Quand Dieu créa le commencement…. la terre était un amas aride et sec et la nuée emplissait l’abîme du néant ! … Et Dieu dit : « Qu’il y ait de la lumière ! », et il y eut de la lumière ! »
Voilà comment s’ouvrent les Écritures au livre de la Genèse. Certains commentaires juifs aiment à dire qu’on trouve là le premier ordre, le premier commandement de Dieu ! Et j’aime à revenir à ce moment où du milieu du chaos, du néant, de la densité de l’obscurité, Dieu fait surgir de la lumière et opère une distinction entre l’obscurité et la lumière.
C’est ce que nous disent nos frères et sœurs du judaïsme pendant les 8 jours de la fête de Hanouka (cette année du 10 au 18 décembre) : Fêter les lumières au cœur de la nuit. Cette fête juive célèbre un moment de redressement de la dignité d’un peuple, de son insurrection (la révolte des Macchabées) contre une hégémonie éradicatrice religieuse et culturelle, contre l’idôlatrie. L’avenir de cet événement sera loin de répondre à l’espérance mais la lueur ouverte par la restauration du culte dû à Dieu demeure dans les mémoires, plus forte que les trahisons qui ont suivi ce moment !
Dans la nuit des tragédies humaines, il y a des moments où c’est la lumière qui prend le dessus, nous sortant du chaos et de l’indistinct touffu. L’espérance de la Paix et de la Justice ont partie liées avec l’agir de Dieu parm les humains.
« Qu’il y ait de la lumière » : c’est un récit cosmologique sur l’origine du monde qui, par un glissement auquel nous ne prenons pas garde, devient une invitation, comme un chuchotement tendre et réconfortant à nos oreilles. De la lumière, pour toi, pour moi, pour eux, dans nos vies et dans la vie du monde.
C’est sans doute cela aussi que nous nous apprêtons à vivre dans 8 jours ; Qu’il y ait de la lumière ! Et par la naissance dans l’anonymat d’un petit coin du monde d’un fils d’humains, voilà que Dieu fait surgir la lumière et nous invite en ce lieu surprenant, en un instant que l’on n’espérait plus, à nous émerveiller (comme lui-même le fit, « Et Dieu s’émerveilla en voyant que c’était bon ! »)
Car fêter Noël, c’est fêter une création, comme toute naissance est création. Et j’aime à faire ce trajet mystérieux qui lie ma naissance à la naissance du monde, qui relie ma vie à toutes vies.
Nous lisons cela aussi quand nous ouvrons l’Évangile de Jean :
« Au commencement était la Parole…et la Parole était la lumière des humains… et elle [la Parole] est advenue comme une vie humaine habitant notre précarité »
Ce que proclame Jean, c’est que ce qui se manifeste dès le début en Jésus de Nazareth, fils de Joseph et Marie, n’est pas un accident, mais un moment décisisif de ce que Dieu portait dès le commencement : une Parole qui fait surgir la vie, qui la rend possible, sans laquelle il n’y a aps de vie. Une Parole qui inscrit nos existences limitées et brisées dans un désir et un partenariat, et non dans la fatalité ou le mimétisme.
Et voilà qu’en Jésus se réalise une Parole qui est simultanément action, geste, agir de Dieu, comme nul être humain n’a su l’être. C’est sans doute pourquoi on utilise l’expression « naître de Dieu », à savoir être disponible pour se laisser saisir par la vraie vie, celle où l’émerveillement a de la place.
Nous voilà en cette fin d’année à faire nos bilans, à préparer nos résolutions, les bonnes bien entendu, pour l’an qui vient ! Mais si l’essentiel se situait ailleurs : Laisser dans nos nuits de l’espace et de la disponibilité pour la lumière ! Parce que depuis le commencement, c’est là le grand projet de Dieu : pour toi, pour moi, pour le monde qui est là, pour le monde qui vient !
Pasteur Jean-Christophe Muller