Dieu naît enfant

Au premier regard cette image n’a rien à voir avec Noël. Pas d’étoile, ni de crèche, bœuf, âne et compagnie ! Un enfant parle devant une assemblée de pasteurs, toutes et tous en robes (eh oui, regardez bien, parce que cela ne se voit même plus à Nîmes). Il a certainement des choses intéressantes à dire, puisque les pasteurs écoutent attentivement.

Cette photo met en image – avec un trait d’humour – le renversement des rôles et des logiques souvent proclamé par Jésus : le petit est devant, les « sages » à l’écoute. Ainsi, Jésus s’adresse à Dieu en disant : « Tu as caché ces choses aux sages, tu les as révélées aux tout-petits » et il le dit plein d’émerveillement !

Les sages de l’époque de Jésus ? L’aristocratie religieuse. Les petits ? Jésus pense sans doute à ceux qui l’écoutent : femmes, hommes, enfants du peuple, pas forcément instruits. Le mot ‘petit’ signifie à l’origine le nourrisson, l’enfant tout petit. Un mot avec une connotation péjorative, dévalorisante, parce que l’enfant ne valait pas grand-chose à cette époque!

Jésus s’émerveille de ce renversement des logiques opéré par Dieu. Lui-même en est d’ailleurs la preuve en chair et en os. Né enfant comme tout un, un Dieu qui naît pauvre – il faut le redire, même si à force de l’entendre nous risquons de ne plus l’écouter’.

Dieu naît donc enfant, comme chacun de nous : de ce côté, le ‘tout-petit’ dont parle Jésus, on l’a tous été, on l’est tous: nourrisson vulnérable, exposé, fragile. Même bien caché sous l’apparence du contraire, on en garde tous une partie en nous.

Dieu naît enfant, il rejoint l’humanité par là. Comme le dit Martin Luther : « Ainsi, l’humanité est plus étroitement liée à Dieu que notre peau ne l’est avec notre chair, voire davantage que notre corps et âme. » Et ça, c’est vraiment une révolution par rapport à la pensée de toutes les autres religions : Dieu s’abaisse pour nous trouver et venir nous rejoindre par le même chemin que nous venons tous au monde. Pas parce que nous serions exceptionnels ou bons, mais non – simplement parce qu’il le veut, par amour pour l’humanité qui si souvent ne veut pas de lui. Il nous rejoint en devenant pleinement humain. Et quel humain ? Par Jésus il dit : « Je suis doux (littéralement : non-violent) et humble de cœur ». Selon l’évangile de Matthieu cette parole est la suite immédiate de l’exclamation de Jésus sur les ‘tout-petits’ (Matthieu 11, 25-28). Regardez encore cette photo : le ‘petit’, l’enfant, est posé sur deux caisses roses, selon l’auteur de la photo symbole de l’espérance. Il est ainsi symboliquement posé sur la base de l’Evangile. Ainsi cette photo exprime une conviction chère aux protestants, qui invite à l’humilité : le petit est à la même distance de Dieu que le sage, même s’il a un bac +5 en théologie.

Pleinement humain, non-violent, humble de coeur, Jésus invite : «Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, je vous donnerai du repos ». Des gens fatigués et chargés – nous en voyons beaucoup autour de nous ; nous en sommes aussi, peut-être particulièrement en cette période avant Noël : fatigués par les préparations et les courses, ou bien par l’exclusion des courses, par les attentes qui pèsent, par les absences qui pèsent et encore !

En ce temps de l’avent et de Noël 2018, Dieu nous cherche et nous trouve encore.

Alors : allons à sa rencontre ! Mais où ? Martin Luther répond : « Ne cherche pas Dieu au ciel. Tu ne l’y trouveras pas. Le ciel est devenu vide de lui. Cherche-le sur la terre où il se tient caché et crucifié. A ta porte. A côté de toi. »

Iris Reuter

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