Dieu est Amour : message des Eglises de Tahiti

C’était le titre de la prédication du pasteur tahitien Jonas Taimetua Nahei  :

E aroha te ATUA : DIEU est amour
N’est-ce pas la meilleure chose du monde que de se savoir aimer par DIEU et d’être appelé ainsi son enfant ? Oui mes chers amis, DIEU m’aime, DIEU t’aime, DIEU vous aime : qui que l’on soit et d’où que l’on vient. Il nous aime tellement qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Oui, Dieu n’a pas qu’un seul enfant, mais il nous considère tous et toutes comme ses enfants. Et si nous sommes tous ses enfants, nous sommes alors tous frères et sœurs.

Mes chers frères et sœurs, veuillez recevoir ici mes salutations les plus chaleureuses et les plus fraternelles en ce jour nouveau que notre Seigneur nous offre gracieusement en vous disant à tous et à toutes : IA ORA NA maitaì i te ATUA i to tätou nei färereiraa i teie poìpoì täpati !
IA ORA NA
qui est traduit fréquemment par « Bonjour » signifie en fait littéralement « Que la vie soit » ou implicitement « Que tu vives ! ». Je voudrais donc, au nom de ma petite famille, au nom de tous les Polynésiens et les gens du Pacifique, ainsi qu’au nom de l’Eglise protestante mäòhi, vous dire toute notre reconnaissance, notre joie et notre amour envers chacun et chacune d’entre vous. Il est de coutume que lorsque quelqu’un foule le fenua, le sol polynésien, eh bien qu’il est accueilli par des hei tiare « couronnes de fleurs », et que lorsque celui-ci quitte le fenua d’être recouvert de hei püpü « colliers de coquillages ». Ces couronnes et colliers symbolisant l’hospitalité de l’accueil polynésien et de tout l’amour que celui-ci porte à l’égard de son hôte. Une tradition transmise de génération en génération par nos metua/tupuna (nos aïeux) et qui se perpétue encore jusqu’à aujourd’hui.

E AROHA TE ATUA = DIEU EST AMOUR = GOD IS LOVE.
DIEU est tellement Amour qu’il ne limite pas cet Amour au seul peuple dont nous connaissons presque l’histoire dans la Bible…je parle bien sûr de l’histoire du peuple d’Israël. Le peuple élu d’après l’Ancien Testament. Mais le Nouveau Testament vient nous rappeler aujourd’hui que cet Amour de DIEU n’est pas adressé qu’à Israël, mais au Monde. C’est pour dire que cet Amour divin dépasse largement la sphère sociale, religieuse et culturelle de nos a priori.

C’est en cela en tout cas, que l’ont compris aussi les missionnaires de la LMS London Missionnary Society lorsqu’ils sont venus évangéliser l’île de Tahiti et les autres îles du Pacifique. D’ailleurs, le thème biblique choisi par le pasteur et missionnaire James Cover lors de leur arrivée à Tahiti le 5 mars 1797 était le verset de la première épître de Jean 4/8 « Dieu est amour ».

Et c’est de cet Amour justement que Jésus voudrait faire comprendre à la requête de notre frère Nicodème : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ». Cette parole de Jésus à Nicodème résume, à elle seule, le message que le Seigneur est venu apporter au monde : « Dieu t’aime, lui, le Créateur qui t’a fait et qui a créé les cieux et la terre au commencement. » Que découvrons-nous dans ce message de Jésus à Nicodème ?
Premièrement, que Dieu est un Dieu qui aime, donc qui veut que nous vivions, et ce, éternellement.
Si, cette nuit-là, Jésus a parlé à Nicodème d’un Dieu d’amour, il faut donc croire que Nicodème ne croyait pas en l’existence d’un Dieu d’amour, c’est-à-dire qui n’est qu’Amour ! Que le Dieu qu’il connaissait n’était pas un Dieu qui était bon pour ceux qui n’observaient pas la Loi, si ce n’est que pour ceux qui mettaient la Loi en pratique dans leur vie. Et voici que, aujourd’hui, il apprend que le Dieu qui a crée les cieux et la terre et qui a fait l’être humain – mâle et femelle – à son image et selon sa ressemblance, est aussi un Dieu qui est bon envers ceux qui ne l’aiment pas. Qu’il est un Dieu « qui fait lever son soleil sur les méchants et les bons, et qui fait tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Mt 5/45). Que c’est un Dieu protecteur de la vie, et de celle des méchants et celle des bons, ainsi que de celles des justes et des injustes. « C’est ce Dieu-là, semble dire Jésus à Nicodème, que je suis venu vous montrer, à toi et à tes amis pharisiens : c’est ce Dieu qui est Amour ! » Peut-être est-ce pour cela que Nicodème et ses confrères n’arrivaient pas à faire des signes miraculeux ! Deuxièmement, que l’Amour de Dieu pour nous est grand : il aime tant le monde ! Donc, que l’amour n’est pas Amour lorsque nous n’aimons et ne respectons que les personnes qui nous aiment et nous respectent, mais que cela est de l’affinité laquelle est qu’on a plutôt une préférence à vivre avec un tel ce qu’on ne serait pas avec un autre. Non, cela n’est pas de l’amour, mais de l’affinité qui a des cousines qui s’appellent la partialité et la discrimination : on aime beaucoup de gens, mais pas tout le monde. Quelle récompense allez-vous en avoir si vous aimez ceux qui vous aiment ? Les collecteurs d’impôts eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’en font-ils pas autant ? nous dirait Jésus (Mt 6,46-47)

Oui, mon cher Nicodème, semble lui dire Jésus, Dieu ne fait pas d’affinité avec vous, il ne connaît pas la partialité, ni la discrimination ! Non ! Il est, un Dieu d’amour ! Il aime le monde ! Et les femmes et les hommes, jeunes ou moins jeunes qui sont en Europe, en Afrique, en Asie, aux Etats-Unis, aux Indes, ici en France, dans le Pacifique, etc…qu’ils soient croyants ou non, musulmans ou juifs, chrétiens ou bouddhistes…Dieu les aime tous ! Sur la Terre, Dieu n’a pas beaucoup d’enfants, mais il n’a que des enfants. Des enfants qu’il aime d’un même amour ! »

Troisièmement, que pour nous montrer la force de son amour pour nous, Dieu nous fait don de la personne de son Fils unique, c’est-à-dire de ce qui lui est énormément cher. Que Dieu donc, lorsqu’il aime, il ne dit pas seulement Je t’aime et puis s’en va ! Non, il dit et il agit. Chez nous, on aime bien dire Hey, eiaha e chalala/blabla noa. Faaòhipa atoà ! (Hey, ne parle pas seulement, agis aussi ! Action, réaction !).
Oui, DIEU agit en faisant don de son Fils unique, lequel vient sur la Terre non pour juger et condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

Chers amis, Nicodème est venu cette nuit-là demander à Jésus ce qu’il pourrait bien faire pour avoir une place dans le Monde Nouveau ou pour avoir la Vie éternelle, et voici que Jésus lui répond : « Mon très cher ami, Dieu t’aime énormément, il veut que tu revives pour ne plus mourir. Pour te le prouver, il m’a envoyé sur la Terre. A toi, maintenant, de croire à cet amour de Dieu pour toi et pour le monde. »

Quatrièmement, qu’à son amour pour nous, Dieu ne peut croire pour nous. Dieu peut nous dire, à chacun(e) d’entre nous : « Je t’aime énormément mon enfant. Pour que tu en sois convaincu, regarde ce qu’il y a autour de toi et au-dessus de ta tête, voire même sous tes pieds. » Dieu peut nous dire cela, à voix haute ou à voix basse, mais c’est tout ce qu’il pourra faire parce que croire en son Fils unique, n’est pas de sa responsabilité, mais de la nôtre. Il peut tout faire pour nous, sauf de croire en son Fils à notre place !

Mais « croire », qu’est ce que cela veut dire ? C’est prendre pour vrai ce que Jésus est, ce qu’il dit et ce qu’il fait. C’est mettre sa confiance en Jésus, c’est se fier en lui, c’est aimer le Seigneur. – Oui, mon cher Nicodème, semble lui dire Jésus, Voilà ce que Dieu a fait : il t’aime tant. Et voici ce que tu devrais faire : croire en son Fils unique que je suis car, sa prière, pour toi est de te voir vivre éternellement. » Croire en Jésus, la Parole de DIEU devenue chair, c’est comme une deuxième naissance, cela vient de DIEU. C’est cela « naître de nouveau, naître de l’Esprit de DIEU ». Jésus nous invite à une vie nouvelle, à un nouvel horizon de la grâce.

Par-delà de la vie de son Fils sur la Terre, et des signes qu’il y a faits, Dieu espère voir le cœur du monde s’ouvrir à l’amour qu’il a pour lui. Dieu nous appelle à l’aimer en nous invitant à croire en son Fils unique. Et qui l’aime n’est pas jugé, mais a la vie éternelle, et est déjà avec lui, avec Dieu dans le Monde Nouveau. Mais qui ne croit pas au Fils unique de Dieu est déjà jugé, et s’est placé lui-même sous la condamnation de Dieu.

J’aime cette image du naufragé dans la mer houleuse, et qui est balloté par les vagues en furie. Grâce à la bouée de sauvetage lancée en sa direction à laquelle il va s’accrocher, il sera sauvé de la noyade. Mais, s’il refusait de s’accrocher à la bouée de sauvetage, et qu’il coule à pic, à qui la faute ?

La seconde image qui me vient à l’esprit est ce grand AMOUR, cette grande valeur que nous enseignait tant mes parents concernant un de mes frères (l’aîné de la famille) pris entre les mailles du filet du pakalolo (drogue), et qui ne fait plus grande chose si ce n’est de dormir, manger, dormir. Et lorsque mes parents lui donnaient à manger, j’étais un des enfants qui exprimait mon désaccord et mon incompréhension à cet Amour de mes parents envers mon frère. Et lorsque je disais à mes parents « pourquoi lui donnez-vous à manger alors qu’il ne fait rien à la maison si ce n’est de dormir-manger-dormir ? » Et mes parents de nous dire à moi, et à mes frères et sœurs « Vous savez ! Vous êtes tous nos enfants. On ne peut pas ignorer l’un et favoriser l’autre, bien que l’un de vous ait pris une mauvaise direction. Certes, il ne peut plus rien faire comme auparavant. Il a été pris au piège de la drogue, mais ce n’est pas pour autant que nous ne l’aimons pas et que nous ne vous aimons pas. On vous aime tous et toutes, et ayez ça à l’esprit Aimez-vous les uns les autres, comme nous vous aimons ! Vous comprendrez ce message lorsque vous deviendrez parents à votre tour ». Ce message que nous ont adressé mes parents m’a traversé, m’a remis en question et m’a ouvert l’esprit qu’en effet, nous sommes prêts à tout pour le bien et la vie de nos enfants, même si parfois ils sont turituri, c’est-à-dire qu’ils ne nous écoutent pas et choisissent une autre voie.

L’amour des parents pour leurs enfants, tout comme l’amour de Dieu pour nous est plus profond que la profondeur de l’océan, plus haut que les montagnes, plus grand que l’univers. Et, tous les jours, du matin au soir, le cœur de Dieu bat d’amour pour l’être humain qu’il a fait. Chez les Polynésiens, il y a deux termes pour exprimer ce qu’est l’amour : Here et Aroha. Here (amour) dans le sens où je n’aime que ceux que j’apprécie (par exemple : ma famille, mes amis, mes enfants, ma femme…). Pour le terme Aroha (Amour), le sens est encore plus profond. L’amour dont il est question dans ce mot dépasse les frontières du Here, c’est-à-dire que l’amour ne sera plus limité aux seules personnes pour qui on a un lien particulier. Non !

L’amour dans le Aroha suggère d’aimer, d’aider, de donner sans attendre un retour de la part de l’autre, mais il invite aussi à compatir à la douleur de l’autre en prenant sa souffrance sur nous afin de le relever, comme il nous est relaté dans l’histoire du bon samaritain. Du coup, le Aroha ne pose pas la question de savoir « qui je dois aimer ou bien qui je dois aider ! », mais « que dois-je ou que pourrais-je faire pour mon frère et/ou ma sœur ? »

 Mes frères et sœurs, DIEU a fait ce qu’il avait à faire, sauf ce que nous avons à faire. À nous donc de montrer au METUA, au bon DIEU que nous l’aimons aussi d’un amour infini comme on le montre à notre copine/copain en lui disant « Ua here au ia òe ! Je t’aime ! I love you ! Si DIEU nous a aimés en premier, que pouvons-nous répondre ou comment devons-nous rendre tout le bien et tout l’amour qu’il nous donne en tous temps et en tous lieux ? Il y a un dicton chez nous qui dit E täporo ra, e täporo ia ! (Un citron est un citron !) C’est pour dire qu’un citron ne peut donner autre chose que du citron. Si donc, nous sommes enfants de cet amour de DIEU, il me semble logique que nous portons tous en nous les gênes de cette graine et de ce fruit qu’est l’amour. En effet, une seule graine semée dans la terre ne peut-elle pas contribuer au bien, à la paix, à la joie et à la vie du monde ? Et si le virus du Covid-19 a pu se propager dans le monde, comment ne peut-on pas aussi réussir à propager l’amour ? Contaminons donc le monde par le virus de l’Amour divin et propageons cette bonne nouvelle aux confins de l’univers.
Te Aroha Ia rahi e ia nui noa te here O te Atua !  Ia Ora Na !
Que la Grâce et l’Amour de Dieu soient sur nous tous !

Amen

Jonas TAIMETUA NAHEI,
Pasteur de l’Eglise Protestante Maohi, prédication donnée au temple de Saint-Césaire, Nîmes, le 14 mars 2021, pour célébrer la Journée de l’Eglise universelle.

 

Lecture biblique : Jean 3, 16-21 (Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son  Fils unique …)

logo Eglise MaohiAu moment des annonces, nous avons demandé à Jonas Taimetua NAHEI de se présenter un peu plus, notamment dans ses travaux universitaires actuels (doctorat) à l’Institut Protestant de Théologie de Montpellier. Jonas a évoqué l’engagement de l’Eglise Protestante Maohi qui se veut solidaire des préoccupations de la population, face aux bouleversements sociétaux qu’ont  entrainé les  essais nucléaires menés en Polynésie. Sur une courte période,  les habitants ont assisté à une transformation brutale : en trente ans, une société rurale, vivant de la pêche, de l’exportation de vanille, de nacre et du coprah, est devenue une société de consommation moderne; les îles ont été abandonnées au profit des villes.
Pour en savoir plus  :  https://www.cevaa.org/la-communaute/fiches-deglises/pacifique/epma-eglise-protestante-maohi-1

Vous pouvez aussi écouter le témoignage de son parcours personnel sur Radio alliance plus :
http://radioallianceplus.fr/audio/un-pasteur-tahitien-a-montpellier/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=cette-semaine-sur-radio-alliance-plus_22