Celui que vous appelez votre roi !

Dérisoire royauté que celle d’un homme,
seul et abandonné de tous,
au prêtoire devant ses accusateurs et son juge !

Royauté rejetée et niée par les uns,
ou laissant l’autre Pilate incrédule mais soucieux..
Tous ont d’une certaine manière quelque crainte !
Mais là, à ce moment-là qu’est donc cette royauté ?
A nos yeux humains, un leurre !

Votre roi !
Les réformateurs l’ont dit :
même Hérode et Pilate proclament le Christ !

Votre roi !
Mais de quelle royauté ?
Il n’y a ici qu’un homme démuni aux mains nues,
mais à la parole claire,
un innocent qu’ils ont ou vont condamner…

Votre roi !
Que semble t -il, ainsi, sans apparence,
livré à leur haine ou à leur mépris,
ou au mieux à l’incompréhension,
avant qu’ils ne le molestent et qu’il se laisse faire.

Pour le monde d’aujourd’hui, comme ce fut le cas hier,
cette royauté est nulle et dérisoire,
et pourtant il leur faut s’acharner contre le roi !

Car c’est là, déjà, du milieu de ce prétoire qu’il règne !

Oui, il règne sur le monde nouveau qui se lève
sans que nous puissions le discerner.
Il règne sur l’histoire qui est en train de prendre un nouveau sens,
celui d’un univers réconcilié dans l’amour !

Marie déjà le chantait : « les puissants seront jetés à bas de leur trône ! »
Qu’elles tremblent les puissances, leur temps est compté !

Au milieu des ténèbres, dans la nuit du monde
une lumière est venue briller.
Elle éclaire notre histoire !
Ils croient mettre le main sur lui pour l’anéantir,
mais c’est eux qui ne sont que poussière de néant.
Et lui est déjà vainqueur, mais ils ne le savent pas.

Votre roi ! Tel est notre roi !
L’innocent condamné, le juste molesté, la victime qu’on s’arrache.

Ils ne le savent pas, ils peuvent s’en gausser du fond de leur incrédulité :
déjà, il règne, mais sa royauté est celle du monde nouveau,
là où les ténèbres n’ont plus aucun pouvoir.

 

Jean-Christophe MULLER

Extrait de sa méditation du Vendredi Saint
Grand Temple, Nîmes, 2 avril 2021