B comme boiteux

« Je sens bien que je boite, je me déboite, coite et moite dans ma boite….car je suis enfermée, dans le confinement certes, mais aussi enfermée et écrasée par mes échecs, mes regrets, mes remords, mes manques, mes désespoirs…Alors je me sens seule, sans personne pour me tirer de là. Il y a foule de gens comme moi.
Beaucoup se pressaient au Mas des Abeilles samedi, boitant d’un pied, ou de l’autre, ou des deux hélas ! Alors l’Evangile annoncé ce jour a pu bourdonner à leurs oreilles. Il s ‘agissait de la guérison d’un boiteux attendant (depuis 38 ans !) que quelqu’un le jette dans l’eau bouillonnante au bon moment. Il avait de la constance et n’appelait même plus à l’aide….résigné….C’est Jésus qui le remarque, lui demande s’il veut vraiment guérir. En fait Jésus le réveille, le relève en lui disant : « Lève toi, prends ton lit et marche ». Il s’agit de faire comme lui : avec la foi je me saisis de mon fardeau avec vaillance…. et j’avance ! A chacun son expérience, me dis-je, en admirant les enfants qui courent insouciants dans la prairie. Ils ne boitent pas, eux ! Moi je boitille encore un peu tout de même ! Et vous ? « 

Eliane Diény

 

B comme boiteux…
Avouez que c’est un d
rôle de titre pour une séance de caté !  Oui , mais quelle richesse quand on découvre avec les enfants tout  ce qui peut y avoir derrière ce mot !  Un des plus grands patriarches de la Bible, Jacob, qui s’appellera ensuite « Israél » est.. boiteux ! Après une mystérieuse nuit (Genèse 32) où il est  contraint de lutter avec un Autre, se roulant  dans la poussière jusqu’à l’aube, Jacob s’en sortira vainqueur…mais boiteux, histoire de lui rappeler sa finitude, sa fragilité pour qu’il n’oublie pas que tout ce qu’il reçoit vient  de Dieu.
Il y a aussi  les boiteux dans les Evangiles :  ils sont nombreux et font partie de ces foules de malades dans les villes et villages où Jésus passe et qui, ayant entendu parler de lui, essayent de l’approcher, espérant une guérison, un  miracle, un signe.

Avec les enfants,  le mot BOITEUX nous a permis d’aborder  le thème de la fragilité, de la maladie, du handicap. Et par conséquent :  ce que signifie le fait d’être abîmé, cassé par la vie, physiquement mais aussi moralement et spirituellement.

Que fait Jésus dans ses rencontres ?  Ni de la magie, ni de la médecine. Artisan de la Parole venue d’en -Haut,  il vient, par ses mots, relever celui qui est effondré. Il vient réparer les êtres abîmés, cassés par la vie. Il vient restaurer chaque humain, lui redonner confiance, lui rendre sa dignité. Tiens, encore des verbes en « re » , comme… REssusciter.

La notion de réparation  a attiré notre attention. Que répare-t-on aujourd’hui ? En dehors de la chirurgie, nous vivons dans un monde où l’on a tendance à jeter ce qui ne « marche » plus. Grâce aux efforts de sensibilisation aux questions d’environnement, la réparation commence à retrouver petit à petit de la valeur. Et voilà une métaphore toute trouvée pour  les enfants avec un atelier créatif  à base de mosaïques.. !

Texte biblique :  Evangile de Jean, chapitre 5, versets 1 à 9.

 

DEROULEMENT DE LA SEANCE

Paroisse du Mas des Abeilles. Un samedi par mois. (en temps ordinaire : 14h – 17h30 puis culte inter-génération  à 18h)
20 enfants, de 5 à 14 ans, répartis en 3 groupes : Pollen (petits), Nectar (moyens) et Bourdons (ados).

ETAPE 1 : PARCOURS SPORTIF (accroche)


En guise d’accroche, dans le jardin du temple, un exercice physique pour tous, petits et grands : un parcours « multi-handicap » , par équipe de 2 ou 3-4. Alternance  des équipes toutes les 10 mn , au son de la cloche.

Equipes
1)Jeu de l’aveugle (par deux) :  l’un a les yeux bandés et l’autre doit le diriger
2)Brancard :  4 en portent  un 5ème (enfant léger si possible) dans un brancard
3) Estropiés : avancer à deux, attachés par un pied, au moyen d’un foulard
4) La chaise portative : un enfant en porte un autre qui est assis sur une chaise
5) Les pestiférés  :  les autres enfants  (avancer à la queue leu-leu, avec des béquilles)

On commence par la compétition (avec le  chronomètre).
Puis, dans un 2ème temps, on fait  un jeu coopératif  (tous reliés à une corde) pour faire découvrir la différence.

ETAPE 2 :  RACONTER L’HISTOIRE

Pour les enfants  (groupe Pollen et Nectar)  : raconter  l’histoire  avec quelques éléments très simples.
-La piscine est représentée par un tissu bleu.
-Les malades couchés tout autour de la piscine  sont représentés par des petits morceaux de porcelaine (ou céramique..) cassés. Pour faire intervenir Jésus : une silhouette ou un playmobil fera l’affaire.

 

ETAPE 3 : TEMPS d’APPROPRIATION

*Echange autour de l’histoire racontée.
Pourquoi Jésus s’adresse à un seul infirme et non pas  à la foule ? Pourquoi ne va t-il pas remuer l’eau lui-même pour permettre un miracle ?  Sa question à l’infirme  n’est -elle pas  un peu provocante ? La réponse de l’infirme : croit-il encore en quelque chose ou quelqu’un ?   Pourquoi Jésus dit à l’infirme guéri se prendre son grabat avec lui ? La solidarité a t-elle joué ici ?  Quelles sont les diverses formes d’exclusion aujourd’hui  qui peuvent laisser les gens tout seuls ? (étranger, handicapé, illettré obésité, etc…) Compétition ou collaboration ?
*Pour les ados : Utiliser le photos-langage,  ils choisissent une photo et la commentent.

ETAPE 4 :  PAUSE GOUTER

ETAPE  5 :  ATELIER CREATiF

Enfants : Fabrication d’un dessous de plat en mosaïque à partir de morceaux de céramique cassés. Une iIlustration qu’il est possible de faire du beau à partir d’une histoire abîmée, de transformer ce qui est cassé en autre chose. La goutte transparente  verte  pourrait  « représenter » Jésus..

Un  tuto : https://www.youtube.com/watch?v=wbOmnLYKnug

Ados :  écriture d’une prière, et s’il y a le temps : préparation d’un  power point à l’ordi  pour illustrer le récit biblique à partir d’images.

ETAPE 6  : CULTE CATé

Finalement, ne sommes-nous pas  tous  boiteux ? Car pour marcher, il faut lever un pied. Etre en équilibre nous immobilise, et boiter nous fait avancer !

Le récit nous ouvre des tas de fenêtres pour nous interroger :
-Et si, d
ans une société où il faut toujours être le premier, on apprenait  la lenteur ? Et si on ralentissait ?
-La compétition empêche la solidarité ( l’infirme est trop lent et n’arrivera jamais le premier dans l’eau…)
Refus de la résignation : Jésus rend l’infirme acteur  (« lève-toi)…
Prends ton brancard » : rappelle-toi d’où tu viens,  n’oublie pas ta  fragilité…

Lire la prédication : https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/au-bord-de-la-piscine-et-de-la-vie/

 

Janvier 2021, Equipe des catéchètes du Mas des abeilles