Surveiller ou veiller sur l’autre ?

Yohan est infirmier et Ludivine est gendarme mobile, chef d’escadron. Tous deux ont passé l’après midi avec les enfants. Drôle d’invités pour une séance de caté, me direz-vous ! Quel rapport avec la découverte de la Bible et la foi ?

Le texte de la séance portait sur l’entrée de Jésus dans le temps de la Passion, lorsqu’il emmène ses disciples, de nuit, sous les oliviers du jardin de « Gethsémané », et qu’il leur demande de veiller sur lui.

 

Les disciples s’endormiront par trois fois, incapables de répondre à la prière de leur Maître. Peu après, une foule, armée d’épées et de bâtons, arrivera , guidée par Judas, pour le faire arrêter et condamner.

 

Voici donc  réunis dans un même récit, ceux qui auraient dû veiller sur Jésus et ceux qui s’en prennent à lui, deux attitudes qui renvoient à l’irresponsabilité et à la violence des humains lorsqu’ils ferment les yeux sur leur vocation initiale à laquelle Caïn s’était déjà soustrait lorsqu’il dit au Seigneur après avoir tué Abel : « suis-je le gardien de mon frère » ?

 

Veiller ou surveiller ? Protéger ou dénoncer ?
Pour illustrer ces deux démarches, nous avons interviewé  l’infirmier et la gendarme mobile. Leurs témoignages ont montré que la réalité est souvent beaucoup plus complexe que ce que l’on voit de l’extérieur.

Pour ne pas focaliser les échanges sur la seule apparence, nos deux intervenants sont arrivés au temple en «civil». Les enfants ont dû deviner quelle était leur profession.

Ensuite, chacun d’eux a fait lecture d’une partie du récit : Yohan a lu le moment où Jésus lutte contre l’angoisse de la mort alors que les disciples sont comme anesthésiés par l’inconscience. Ludivine a lu l’étape suivante : le moment où Jésus se fait arrêter par une foule agressive et très remontée.

Puis les enfants se sont séparés par groupes d’âge, et nos invités en ont profité pour se mettre en tenue de travail. Pour Yohan, c’était assez facile mais pour Ludivine beaucoup moins : il a fallu endosser un équipement sophistiqué d’un poids total de 30 kilos , ce qui a évidemment impressionné plus d’un enfant…

En montrant leurs  »outils », l’infirmier et la gendarme ont suscité une cascade de questions. Ce fut une approche concrète permettant aux enfants de mieux comprendre les rôles, les difficultés et les défis à relever. Ludivine et Yohan ont aussi raconté de quelle manière leur foi les accompagne dans leurs missions respectives.

 

Belle rencontre, vécue dans la confiance, l’intérêt et l’absence de jugement, et qui, nous l’espérons, participera à  faire tomber un certain nombre de clichés et à changer le regard des enfants  sur le prochain et d’essayer de ne pas enfermer l’autre dans une case.

Des aller-retours entre le récit de l’Evangile et le témoignage des deux invités ont permis de discuter sur les expressions multiples de la violence, sur l’accompagnement des personnes en fin de vie et leur appréhension de la mort.

D’autre part, il a été question de revisiter le symbole chrétien de la croix, dont il ne faut jamais oublier l’origine : un symbole cruel synonyme d’exécution, de torture et de violence absolue.

Dans l’ atelier créatif qui a suivi, chaque enfant a pu décorer une petite croix en bois à sa façon. Certains ont tressé des croix à partir de fils de scoubidous.

 

Samedi caté du 15/04/2023, paroisse du Mas des abeilles

Retrouvez la prédication (culte caté) :  https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/une-histoire-a-dormir-debout/