Pâques…Pas que les clochettes, pas que les oeufs, pas que les lapins en chocolat. Pas que les longs week-ends ! Pâques, colonne vertébrale de l’Evangile, est avant tout une célébration majeure pour plus de deux milliards de chrétiens. Pâques, c’est la fête de la Résurrection, un de ces ‘’gros mots’’ de la foi, qui signifie »être relevé », un mot qu’on entend à Pâques… mais pas que.
Dans les récits bibliques, la Résurrection est un espace blanc. Aucun reportage ni documentaire. Personne n’a jamais vu Jésus ‘en train de ressusciter’. Pas de caméra cachée, pas de témoin. Le tombeau est vide : ‘circulez, y’a rien à voir’. Et pourtant, ce rien est vertigineux car il fait parler de lui depuis 2000 ans !
Ce dimanche -là, au petit matin, trois amies de Jésus se préparent pour aller au tombeau et embaumer le corps, dernier geste d’amour porté à celui qu’elles ont aimé et qui a bouleversé leur vie. Mais voici qu’en chemin, une question matérielle surgit : qui nous roulera la pierre ? Quand on est dans le chagrin, les préoccupations terre-à-terre nous aident à tenir. «Quand tout va mal, il faut se laisser déranger par la banalité des petites choses » ai-je entendu un jour. Alors, bien que dévastées par la peine, les trois amies s’activent, les mains remplies d’aromates. Servir à quelque chose, c’est éviter le vide et le non sens, c’est essayer de survivre à la perte.
Qui nous roulera la pierre ?
Ce n’est pas seulement la question des femmes du premier matin de Pâques. C’est celle de tous les humains qui retentit à travers les siècles, jusqu’à aujourd’hui, pour les Gazaouis, les otages israéliens et leurs familles, les Ukrainiens, les Afghanes, les Haïtiens…Une question qui rejoint les inquiétudes, les angoisses de chacun d’entre nous : Qui roulera la pierre de mes peurs, pour que je retrouve la confiance ? Qui ôtera le poids de nos peines ? Qui percera le béton de nos pessimismes ? Qui soulèvera la pierre de la solitude ? Qui ôtera le poids de la terreur de tous ceux qui fuient sous les bombardements ?
Qui nous roulera la pierre ?
Cependant, arrivées au tombeau, les trois amies découvrent que la pierre a été roulée. Le tombeau est vide ! Premières réactions : des cris de joie ? des cantiques et des ‘alleluia’? Non ! Stupeur. Sidération. Vertige. Les femmes étaient parties pour enterrer leur espérance, et s’agenouiller devant le silence. Et voilà qu’une parole de vie leur est adressée : celui que vous cherchez n’est pas ici, il vous précède en Galilée. Autrement dit : »Faites demi-tour, tournez le dos au cimetière, allez à Sa rencontre, il est vivant, dans les Galilées du monde et de chaque jour qui se lève ».
Le dimanche de Pâques nous invite donc à désobéir à la mort. Le tombeau vide est un pied de nez à la fatalité. Cela signifie t-il que Pâques supprime les larmes, les épreuves et les injustices ? Non bien-sûr, mais un détail du récit doit attirer notre attention : la pierre qui fermait le tombeau n’a pas disparu, mais elle a été écartée, dé-placée. Par conséquent, elle ne bouche plus le passage. Quelqu’un a roulé pour nous cette pierre afin de laisser passer le courant d’air de la Vie. A Pâques, le Dieu de Jésus-Christ n’efface pas la souffrance mais il la traverse. Alors, lorsque nous lui demandons de nous épargner l’obscurité, l’épreuve et la souffrance, il vient nous murmurer à l’oreille : »donne moi ta main, et je te conduirai dans l’obscurité ».
Titia Es-Sbanti
Message de Pâques 2024
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(*) Evangile de Marc chapitre 16, versets 1-8