Les brancardiers de l’Evangile

Ils n’ont pas baissé les bras ! C’est qu’ils en avaient besoin, pour porter leur ami infirme jusqu’à Jésus. Ils avaient la foi, celle qui se voit, celle qui déplace les toits, la foi qui n’a pas froid aux yeux.
Ce sont les brancardiers de l’Evangile (Marc 2, 1-12) :  quatre gaillards qui ont transgressé les conventions, portant à bout de bras la souffrance de leur ami, pour qu’il puisse arriver jusqu’à Jésus. Une entrée par effraction dans une maison trop pleine où personne ne s’est poussé pour les laisser passer. Tant pis, ils ont foncé… et défoncé le toit  Ils sont entrés avec la discrétion d’un éléphant dans un magasin de porcelaine.
C’est gros comme une maison, cette histoire ! me direz-vous. Oui, mais un éléphant ça trompe énormément : on le croit costaud, alors qu’ il est aussi sensible, émotif. Dans une étonnante vidéo, les enfants ont
découvert  le pianiste Paul Barton,  »l’homme qui jouait à l’oreille de l’éléphant ». Installé en Thaïlande, il alterne sa vie d’artiste avec son engagement dans un centre de réhabilitation pour éléphants traumatisés et handicapés par la maltraitance, en leur jouant du piano. Beethoven, Bach et Satie semblent avoir un succès particulier.

https://www.youtube.com/watch?v=MV5b9mwR_PY

Dans le récit de l’Evangile, la foi des brancardiers n’a reculé devant aucun obstacle. Ceux -ci ont fait le forçing pour leur ami, pour provoquer cette rencontre avec Jésus, celui qui répare les existences abîmées et relève les accablés.
Jésus va  percer un toit  bien plus épais que celui que les brancardiers ont démonté. Il va faire irruption à l’intérieur de cet homme emmuré dans son infirmité et dans l’exclusion, et le délivrer de ce qui l’enchaînait et l’empêchait de vivre depuis si longtemps.

Oui, le propre de l’Evangile est de faire une ouverture dans l’opacité de nos vies. C’est de percer le béton de nos esprits fermés, de nos peurs, de nos préjugés qui excluent au lieu d’accueillir, c’est de fracturer nos certitudes  bétonnées…Cette histoire fait sens pour nous aussi aujourd’hui et nous interroge : quels sont les toits à percer dans nos vies, dans nos Eglises ? De quel béton sont-ils parfois recouverts ? Y-a-t-il de la place pour les plus fragiles ?   Et notre foi, est-ce qu’elle se voit ? a t-elle un visage, des mains, des bras ?

Les jeux de l’après midi sur la pelouse ont permis aux  enfants de s’approprier le récit de l’Evangile, jouant à tour de rôle les porteurs et les portés,  belle expérience de solidarité et de foi active.

Les enfants se souviendront -ils de ce  »samedi caté » ?  Faites-leur confiance, ils ont une mémoire d’éléphant.

Titia Es-Sbanti

Le culte des familles  réunissant tout le monde en fin de journée a débuté par un conte oriental indien, l’histoire de six aveugles  qui voulaient rencontrer un éléphant pour savoir à quoi cela ressemble. Chacun touchait une partie de l’animal et, croyant détenir la bonne définition, voulait l’imposer aux autres. Il faudra l’intervention d’un sage pour leur dire qu’ils ont raison ensemble.

© dessin : Philippe Diény

Ateliers créatifs de l’après-midi :


Le  Kintsugi,  l’art  (japonais) de restaurer un objet cassé en lui redonnant sa valeur. Ce procédé de réparation est une autre manière de regarder et d’embellir les cicatrices.