Peu de pain et beaucoup de monde

PREDICATION (Marc 6, 30-44)

Etonnante histoire…D’abord il n’y a pas assez de pain et trop de monde, après il y a trop de pain puisqu’à la fin il en reste (dans des corbeilles). Ensuite, il y a cette foule qui vient de partout et court sur la rive du lac pour rattraper Jésus -comme pour ne pas perdre une seule miette de ses paroles. Enfin, il y a Jésus qui voudrait bien faire une pause ! Il monte dans une barque avec ses disciples pour les emmener à l’écart de l’autre côté du lac, mais il n’y arrive pas (ils n’ont même pas le temps de manger., nous dit-on) Et lorsque Jésus sort de la barque et voit  cette foule qui guette son arrivée sur la berge, il en est tout ému. Alors, il oublie sa pause et enchaine sa mission pour s’occuper de cette foule. Jésus  causera longtemps car l’histoire nous dit que le soir tombe, qu’il se fait tard, et que Jésus…parle encore. Et la foule est toujours là, plus nombreuse que jamais. Les disciples aussi. La foule a t-elle faim ? Peut-être, mais le récit ne le dit pas. Ce que l’on constate c’est que Jésus la nourrit si bien (de sa Parole) qu’elle ne voit pas le temps passer. Personne ne se dit : « quand est ce qu’on mange ». Personne ? Sauf…les disciples ! Ils y vont fort, car ils vont jusqu’à dire : Renvoie la foule. Comprenez : qu’ils aillent se chercher à manger ! Ben oui, on ne peut pas s’occuper de toute la misère du monde…La situation est cocasse : ceux qui invoquent l’heure du repas sont les quelques disciples et c’est la foule qui devrait partir ?

La réponse de Jésus ne se fait pas attendre : «Donnez-leur vous-mêmes à manger … ». Autrement dit : débrouillez-vous.Jésus semble dire : Vous n’avez pas besoin de moi pour nourrir les gens. La réponse à votre question, c’est vous. Notre problème  c’est que nous avons tendance à demander à Dieu …ce qu’il nous demande à nous. Pourtant, on le sait bien : autour de nous auprès comme au loin, il y a à la fois des croyants et des non croyants qui s’engagent dans la solidarité..
Pas besoin de croire en Dieu pour aider les autres, lutter pour la justice etc.
Mais alors, me direz- vous, où est la différence ?  On peut dire que le chrétien n’a pas le monopole du cœur mais le Christ a monopolisé son cœur. Pour lui, l’Evangile est le moteur de sa vie, sa respiration, son souffle. Oui, face au Dieu de Jésus-Christ qui l’a saisi tout entier, le chrétien répond :«Me voici ».

Donnez-leur vous mêmes à manger … dit Jésus. Quel dommage que la tradition de l’Eglise ait surnommé cette histoire « La multiplication  des pains (et des poissons) » , comme si Jésus avait fait un tour de magie ! Savez vous que le mot multiplication n’apparaît pas une seule fois dans le texte  biblique ? La puissance de l’Evangile (me semble t-il) n’est pas dans une quelconque  multiplication ou surabondance, mais elle est dans le petit peu qu’il y a  : en effet, 5 pains et 2 poissons pour 5000 personnes, c’est rien ! Enfin,  plus exactement : c’est  presque rien. Entre rien et presque rien, il y a un je-ne-sais-quoi qui fait toute la différence. Quelle différence ? Voici  : nourrir une grande foule avec 5 pains et 2 poissons c’est signifier que la véritable offrande ce ne sont pas nos porte monnaie ou notre pouvoir d’achat mais c’est notre indigence.
R
egardez le texte : Jésus demande aux disciples «  combien de pains avez-vous ? » . Ils vont voir et lui répondent : 5 pains et 2 poissons. Que fait Jésus ?  Il ne leur dit pas :  »ça va pas le faire ». Non,  il prend ces 5 pains et 2 poissons et  il remercie Dieu pour cela.  Il dit en quelque sorte :  »m
erci mon Dieu pour ce petit peu que tu m’a donné et que j’accueille entre mes mains ». Ensuite il partage ces pains et les donne aux disciples pour les distribuer à la foule. Alors ? Et bien, il ne s’est rien passé (pas de caméra cachée pour nous donner une réponse technique).
Rien passé ? Enfin si….ce qui s’est. passé, c’est que la grâce de Dieu est passée par là. Non pas avec des chiffres ni avec une calculette, ni avec l’intelligence artificielle mais avec Sa seule puissance d’amour dont nous n’avons pas fini de nous étonner aujourd’hui encore.
C’est cette puissance d’amour qui pourra rassembler les chrétiens de toutes confessions issues de toutes les foules. Elle le pourra grâce à Celui qui nourrit nos coeurs et nos vies : Jésus-Christ. C‘est lui qui donne sa couleur à notre espérance et à notre foi commune. Amen

Titia Es-Sbanti

Extrait de la prédication,
Culte inter-génération,
paroisse du Mas des abeilles,
Samedi caté du 18/01/2025
https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/larbre-des-couleurs/

https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/le-vitrail-de-ma-vie/