« Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications ». (Ephésiens 6,18)
Nos liturgies insistent souvent sur le fait que nous avons besoin du concours du Saint-Esprit, mais dans le vécu quotidien de notre foi comment cela s’applique t-il ? Quelle place le Saint-Esprit occupe t-il dans ma vie ? De même, combien d’entre nous pourraient dire ce que signifie concrètement « prier par l’Esprit » ? Ou « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui né de l’Esprit est esprit » (Jean 3,6) ? La prière ne fait pas exception.
Les Ecritures, nous laissent entendre que Jésus-Christ, assis à la droite de Dieu, ne nous a pas laissés orphelins. Il intercède continuellement pour nous et il nous a aussi donné son Saint-Esprit, le Consolateur à nos côtés, comme le suggère son nom grec (paraclet). Et l’apôtre Paul le relèvera fortement, c’est l’Esprit qui « nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Rom 8,26). Il semblerait dès lors, pour entrer dans la volonté de Dieu, qu’il nous faille lui demander en tout premier lieu l’assistance de son Esprit. Mais y pensons-nous toujours ?
Pourtant, prier par l’Esprit n’est-ce pas prier au-delà des contingences habituelles et toutes humaines ? C’est-à-dire, à prier autre chose que : « Seigneur bénis un tel, permets ceci ou cela »… Prier par l’Esprit n’est-ce pas nous placer dans une compréhension où nous percevons que nous sommes déjà « bénis de toute bénédiction spirituelle […] en Christ (Ephésiens 1, 3) ?
La prière mécanique, répétitive ou simple expression qui nous passe par la tête, n’est pas toujours la prière de l’Esprit. D’ailleurs, au sujet de la prière, Jésus exhorte ne pas babiller lorsque nous prions; à ce même titre l’apôtre Paul relèvera le lien entre l’Esprit et notre intelligence : « Je prierai inspiré par l’Esprit, mais je prierai aussi de façon intelligible ; je chanterai inspiré par l’Esprit, mais je chanterai aussi de façon intelligible (1 Cor.14,15).
Sans doute que prier par l’Esprit signifie plutôt « prier spirituellement », poussé et éclairé par le Saint-Esprit. L’Esprit de Dieu souhaite certainement ainsi communiquer à notre intelligence les sujets de prière et actualiser les promesses inaltérables de la Bible dans notre vie et notre monde d’aujourd’hui. En Romains 8, 26 et 27, nous découvrons qu’en nous-même l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables, qu’il sonde nos cœurs et que c’est Dieu qui officie en faveur des saints (traduisez des « croyants ».
L’Esprit, qui est toujours en accord avec le témoignage des Ecritures, sait ce qu’il nous faut demander pour nos frères et sœurs, et nous révèle « les choses que Dieu nous a données par sa grâce » (1Cor. 2,12). Chaque foi que nous prions ainsi, nous devrions donc premièrement remercier Dieu pour son salut parfait et pour tous ses bienfaits envers nous comme l’exprime le refrain d’un célèbre cantique autrefois chanté par les enfants : https://youtu.be/mywV4B6SYGE
Dans l’original grec, nous lisons « priez dans l’Esprit » (voir également Jude 20). Cette nuance semble nous signifier qu’il ne s’agit pas uniquement d’être « inspiré » le temps d’une prière, mais que cela implique davantage une vie en constante communion avec le Saint-Esprit. Il nous est dit que celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit (1Cor. 6,17) et l’exhortation nous est adressée d’être littéralement remplis de l’Esprit (Eph. 5,18).
L’invitation nous est donc faite, et notre intelligence, notre service comme notre intercession ne peuvent faire l’économie de cette dimension d’une communion à l’Esprit Saint.
Alors je nous souhaite, pour cette semaine qui précède une Pentecôte très particulière cette année, de trouver malgré tout la grâce, la joie et surtout la paix pour nous réjouir avec l’Esprit de Dieu, un Esprit de vie qui va au delà de tout.
Bien à vous, Thierry Azemard, le 25 mai 2020.