Envie de partager avec vous une jolie prière du pasteur Charles Wagner (1852-1918), que j’ai un tout petit peu retouchée.
Éternel, tu nous as aimés le premier ;
avant que nous existions, avant nos pères et nos mères,
avant les débuts obscurs d’où sortit l’humanité, tu nous as aimés.
Mieux qu’une mère en espérance d’enfant,
qui pense à l’inconnu qui sommeille en elle,
tu nous as aimés d’avance et portés.
Car nous sommes ton espérance.
Nous sommes ta crainte, ta joie et ta douleur.
Malgré l’immense peine que tu subis par nous,
tu nous as voulus et nous veux encore, toujours.
À travers les obstacles, les chemins perdus,
les gouffres, les ombres de mort,
tu nous veux, tu nous mènes, tu communies avec nous.
Tu nous aimes victorieusement,
avec une puissance devant laquelle tout cédera.
Tu boiras avec nous les calices,
tu combattras tous les combats,
tu descendras dans toutes les tombes,
jusqu’à la fin et la fin sera bonne.
Que sommes-nous pour embrasser du cœur ton amour et nos destinées ?
L’un et l’autre sont plus loin que la portée de nos regards.
Mais nous t’aimons du fond des nuits,
ô notre étoile immortelle et vivante.
De toutes nos infirmités, nous aimons ta force ;
de toutes nos laideurs nous aimons ta beauté.
Nous t’aimons comme le désert aime la source ;
comme le désespoir aime le salut,
comme le pèlerin aime l’ombre, et le malade la santé.
C’est toujours une source d’émerveillement incrédule : Qui sommes-nous pour être ainsi aimés ? Et c’est ce sentiment que je ressens sans cesse quand vient le temps de Pâques avec les récits d’apparition à ses ami-e-s du Crucifié-Ressuscité. Oui, ceux-là qui l’avaient abandonné, laissé seul, ceux-là qui s’étaient enfuis, celui-là qui l’avait renié, tous ceux-là qui n’avaient pas compris le sens de ce qu’il leur enseignait, investissant leurs propres attentes au risque de se fourvoyer sur la dynamique de parole/action dont ils étaient les témoins.
Voilà que, sans rancune, dans un pardon total, il vient à eux, pour rendre possible une vie qui ne sera pas la même qu’avant !
L’apôtre Paul, qui avait persécuté les chrétiens, dira de même, après la rencontre désarçonnante sur le chemin de Damas !
La rencontre, encore aujourd’hui, avec l’oeuvre et la personne du Ressuscité est toujours un inatteignable, insaisissable acte de foi qui ouvre devant nous un chemin nouveau, celui d’une espérance dont notre raison ne peut rendre compte. Nos chemins d’aujourd’hui nous le font revivre d’une façon si étrange.
C’est là que nous sommes devant cette puissance d’amour sans laquelle nos vies seraient réduites à néant.
Jean-Christophe Muller, le 20 avril 2020