Pâques que nous venons de célébrer nous aura rappelé à considérer ce que nous confessons : le triomphe de la vie sur la mort et cela malgré son caractère inévitable en ce monde… Mais l’événement pascal ne s’arrête pas là, nous sommes désormais invités, appelés, à traduire la résurrection de Christ de manière pratique, concrète, dans nos existences de tous les jours. Oui, d’accord mais comment fait-on ? Chacun aura probablement sa réponse ou une idée sur le sujet. Voici ma proposition pour ce jour que nous trouvons dans l’Evangile de Jean au chapitre 13, les versets 33-35 :
Mes petits enfants, je ne suis plus avec vous que pour peu de temps…. Je vous donne un commandement nouveau : aimez–vous les uns les autres comme je vous ai aimés…. A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, Jean 13, 33-35.
Ce sont les dernières recommandations de Jésus avant de rejoindre le Père. Il s’adresse aux disciples avec affection pour leur exprimer l’essentiel qui est de s’aimer de l’amour même de Dieu. Cet enseignement précieux pour Jésus le deviendra également pour les apôtres et pour tous les disciples qui se succèderont dans l’histoire. Il est marque indélébile de résurrection, fondement communautaire, repère lumineux dans nos obscurités, lien privilégié qui nous relie à Dieu et aux autres.
Retenons que ce commandement est alors nouveau au sens où il ouvre sur une possibilité salutaire et inespérée qui jusque là avait échappé aux hommes mais qui maintenant est accessible par la foi donnée en/de Christ. Par ce don il nous devient accessible de nous aimer comme Dieu nous aime. Ce commandement est aussi nouveau au sens où une notion de pardon est intégrée et devient inhérente à la personne du Christ : l’humain imparfait pourra être, aidé par l’action (l’actualisation) de l’Esprit en son coeur, réconcilié au Père et revenir vers lui s’il s’en éloigne.
Jésus explique également que la fidélité à ce commandement d’amour sera le plus heureux (ou recevable) témoignage que les disciples pourront apporter autour d’eux « A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». On se demande souvent ce qu’il nous faudrait entreprendre pour que beaucoup trouvent le goût et la joie de l’engagement communautaire. Peut-être faudrait-il d’abord commencer et recommencer chaque jour à nous aimer comme le Christ l’espère et l’attend de chacun, de chacune…?
Non bien sûr que nous ne nous aimions pas déjà, la solidarité du grand Nîmes qui s’exprime habituellement et encore plus en ces temps de confinement au travers de la pastorale, illustre une réelle et réciproque bienveillance fraternelle. Mais plutôt qu’il y a dans ce commandement du Christ une telle grandeur d’offre que du nouveau peut toujours apparaître et même surprendre; du nouveau dans nos relations, nos organisations, nos découvertes que bien des ami-e-s semblent apprécier, reconnaître et faire connaître depuis le confinement. C’est déjà à mon sens une gratifiante habitation du message Pascal au quotidien !
Thierry Azémard, le 18 avril 2020