Parole bleue 14- L’ange

Parmi tous les personnages qui peuplent le décor de Noël – le Père Noël et ses rennes, les lutins, les santons et autres habitants de la crèche je préfère les anges. Enfin, je n’aime pas seulement les anges qui annoncent le message de paix à Noël, mais aussi les autres – tous ces anges discrets qui font leur apparition dans les histoires de la Bible : créatures de lumière qui tissent un lien éphémère et ténu entre ciel et terre pour faire passer le message de Dieu.

Cet été j’ai croisé deux anges – surprise sur une route de vacances, où je me suis arrêtée à l’église de Saint Hugues dans l’Isère, intriguée et attirée par la simple pancarte : Eglise d’Art Moderne. Quelle ne fut ma surprise d’y découvrir l’univers de l’artiste Arcabas qui a décoré l’intérieur de cette église – entre autres avec cet ange espiègle rayonnant de facétie et de joie.
Ou encore celui-là, qui se penche sur Joseph endormi et lui souffle un rêve.

Une multitude d’anges peuple le monde de l’artiste que je vous conseille vivement de découvrir, si vous en avez l’occasion.
Dans la Bible, l’ange peut prendre toutes les apparences au service de sa mission – être messager de Dieu. Ainsi, les anges qui transmettent la promesse de descendance à Abraham ressemblent à des voyageurs affamés et assoiffés en route dans le désert (Genèse 18). D’autres anges ont deux, quatre, voire six ailes et volent autour du trône de Dieu, mêlant apparence animale et humaine (voir Esaïe 6).

Mais quelle que soit leur apparence – les anges sont avant tout messagers de Dieu. Dans les Evangiles, ils sont présents tout au long des chemins de Jésus et de ceux et celles qu’ils rencontrent : unis par un lien de sympathie aux vivants de la terre, ils leur viennent au secours et se réjouissent de chacun qui trouve le chemin vers Dieu.
Dans le monde moderne, la croyance aux anges s’est largement sécularisée : d’un côté, l’esprit rationaliste les a fait disparaître. De l’autre côté, ils sont considérés comme des êtres divins indépendants de toute religion instituée. Personnellement, je ne cherche pas à trancher sur leur existence réelle – mais j’aime l’idée de ces messagers de lumière qui annoncent la bonne nouvelle aux humains.

Et vous ? Vous n’auriez pas déjà croisé des personnes, qui deviennent des anges, ne serait-ce qu’un instant fugace ? Ils nous élargissent le cœur et rendent la vie précieuse – par une parole, un geste, un regard, qui embellissent notre monde par un souffle de liberté et de légèreté en ces temps lourds et laborieux.
Il ne faudrait pas trop chercher à décortiquer par la parole ces instants qui font que la vie vaut la peine d’être vécue – l’ange ne passe-t-il pas de préférence dans le silence qui peut se faire soudain au cours d’une conversation ? Il ne faudrait pas trop chercher à les nommer, ces anges – ils peuvent porter notre nom aussi, si nous avons été – le plus souvent à notre insu – un jour un ange pour l’autre.

 

Un poète allemand, Rudolf Otto Wiemer, l’a décrit dans ce poème :

« Ce ne sont pas forcément des hommes ailés, les anges.
Ils marchent d’un pas feutré, sans lever la voix.
Souvent ils sont petits, vieux et moches – les anges.
Ils n’ont ni glaive ni habits blanc, les anges.
Peut-être est-ce celui qui te tend la main, qui habite à côté de toi, derrière le mur, l’ange.
Aux affamés il a porté le pain, l’ange.
Pour l’alité il a fait le lit –
et il écoute quand tu l’appelles, dans la nuit, l’ange.
Il se pose en travers du chemin et dit ‘Non’, l’ange
Grand comme un pieu et dur comme la pierre
Ce ne sont pas forcément des hommes ailés, les anges ».

 

Pasteure Iris Reuter, le 7 décembre 2020