Avec sa « parole bleue » de mercredi dernier, Bernard Cavalier est venu toucher ma bougonnerie, mon envie de râler, mon manque de dynamisme pour avancer sur le chemin caillouteux auquel me contraint la COVID et les règles sanitaires qui l’accompagnent. Et il m’est venu une drôle d’envie : celle de prier ! De prier le Dieu de Jésus-Christ. Le prier pour qu’Il m’aide à sortir de mes jérémiades et surtout pour que je m’efforce de discerner les motifs passagers voire futiles cause de mes râleries des véritables drames dont mes frères et sœurs sont victimes.
Seigneur, tu t’es révélé aux disciples d’Emmaüs en bénissant et rompant le pain. Pardonne-moi de pleurnicher parce que je ne peux plus aller au restaurant. Ouvre mes yeux sur les hommes et les femmes qui ne font d’autres repas que ceux servis par les organisations caritatives.
Seigneur, tu as parcouru les chemins de Judée, de Samarie, de Galilée pour prêcher, soulager, guérir. Pardonne mon envie de voyage et ma déception de n’avoir pu traverser la Russie en train comme j’en avais toujours rêvé. Protège les réfugiés, apprends-moi à les accueillir, et que je n’oublie pas ceux pour qui le voyage obligé se termine dramatiquement.
Seigneur, toi qui es né dans le plus grand dénuement, seulement entouré de Joseph, Marie et quelques bergers, une nuit que nous fêtons le 25 décembre, pardonne-moi de gémir sur le Noël limité à 6 personnes. Apporte, particulièrement cette nuit-là, la douceur de ta présence auprès de ceux qui n’ont personne avec qui fêter ta naissance.
Seigneur, tu as apporté la bonne nouvelle du Royaume, tout proche de nous, dans tous les lieux où tu es passé. Pardonne-moi de ne pas me réjouir quand les lieux de cultes sont ouverts – même avec une jauge à respecter – et que je peux y entendre Ta Parole. Soutiens les chrétiens des pays dans lequel il est interdit de s’assembler en ton nom.
Seigneur, tu as vaincu la mort et déserté le tombeau où ton corps reposait. Aujourd’hui, je souffre de ne pas toujours pouvoir accompagner les familles amies qui sont dans le deuil. Viens toi-même poser sur leurs épaules ta main consolante et rappelle-moi qu’avec toi j’ai choisi la vie.
Seigneur, tu as guéri des sourds, des muets, des aveugles, des lépreux, des boiteux, des possédés, des fiévreux et toutes sortes de malades. Pardonne-moi si je peste contre les services hospitaliers qui repoussent de semaine en semaine l’opération que je devais subir. Veille sur les hommes et les femmes qui, par manque d’information, de moyens suffisants, ne peuvent ou ne savent pas se soigner comme il faudrait. Mets sur leur chemin des personnes qui les guident dans une démarche de soins.
Seigneur, tu as envoyé tes disciples en mission sans argent, sans vêtement de rechange, sans nourriture. Aujourd’hui, mon fils est au chômage partiel ; il ne peut s’acheter une pizza ou d’autre restauration rapide aussi souvent qu’avant et je m’attriste de son sort. Apprends-moi, Seigneur, à venir en aide à ceux qui n’ont que le RSA pour vivre ou moins encore. Donne-leur le courage et l’énergie de ne pas sombrer.
Seigneur, une foule en liesse t’a acclamé lors que tu es entré dans Jérusalem et quelques jours après tu étais abandonné de tous ceux-là. Pardonne-moi de regretter les hourras, les sifflets et tout le bruit d’une foule assistant à un match. Sollicite chez les sportifs de haut niveau des élans de générosité, de compassion, de révolte aussi devant les injustices.
Seigneur, tu n’as pas toujours été le doux berger que les artistes ont si bien représenté, il t’est arrivé de te mettre en colère. Pardonne-moi si ma prière a provoqué de l’agacement chez des lectrices et des lecteurs de cette Parole Bleue. Donne à chacune, à chacun la faculté de discerner le mauvais du pire. Amen.
Sylvie VALETTE, le 14 décembre 2020