Quand les arbres se mettent à parler…

Voilà 3 arbres qui ressemblent à des grenouilles. Des grenouilles de bénitier ? Non, pas dans un temple, voyons ! Je pensais à la grenouille de la fable de la Fontaine : vous savez, celle qui roulait des mécaniques en voulant se faire plus grosse que le boeuf..Le boeuf ? Celui de la crèche ? Non, demandez à vos (grands)-parents de vous expliquer cette fable, car ils l’ont apprise à l’école quand ils avaient votre âge.

Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que dans l’histoire que nous venons de voir et d’entendre sur scène, https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/les-trois-arbres/  les trois arbres jouaient un peu à la grenouille de la Fontaine : ils voulaient être ce qu’ils n’étaient pas. Ils avaient des rêves de grandeur. Ils n’ont pas été au catéchisme, alors ils font la prière  comme ça : « que ma volonté soit faite, car c’est à moi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire. »

Bref, ils avaient envie de se faire voir comme on dit , et, ma foi, ils s’y croyaient déjà un peu. Le premier rêvait d’être très riche, le second d’aller très vite et le dernier de devenir très haut.

Cela dit, ne soyons pas trop sévères avec eux…car en fait, ils nous font penser à quelqu’un, et même..à quelques-uns ! Ça commence par un Z. Voyons, à qui font-ils penser d’après vous ? Aux Zhumains !

Et oui, ces arbres et leurs fantasmes nous ressemblent tellement ! Le besoin de paraitre, d’apparaitre, d’être admiré, les honneurs, la célébrité, bref : ils ont besoin de reconnaissance.

Mais au fait, qui ne l’aurait pas ? N’est-ce pas difficile de vivre dans l’ombre, de ne pas exister pour quelqu’un, quand personne ne vous adresse la parole ou ne vous regarde, quand aucun sourire ne vient vous rendre visite ? N’est-ce pas trop triste quand vous vous retrouvez tout seul sur le banc dans la cour de récréation ?

Oui, nous avons tous tellement besoin de reconnaissance, de considération, de servir à quelque chose, de nous sentir utile, d’exister aux yeux des autres !

Mais ce qui nous fait exister n’est pas forcément ce qui nous fait vivre.Il faut quelque chose de plus pour passer de l’un à l’autre. Nous rejoignons là le coeur message de Noël, à savoir cette certitude que tout n’est pas fini,que tout n’a pas été dit, qu’il reste encore de la place pour accueillir du nouveau, de l’inattendu.
De Noël, un auteur disait que la naissance de Jésus nous invitait à naître nous aussi, comme une fleur qui s’ouvre, et se déplie. Il disait :  » si tu saisis en toi cette pulsation merveilleuse qui te porte
à ne pas être aujourd’hui ce que tu étais hier, tu es en train de naitre ». Alors c’est Noël, alors tout commence, et tout est possible. Y compris l’inattendu.

C’est ce qui se passe avec chacun des trois arbres : le premier qui voulait être un coffre fort devient une mangeoire : quel renversement ! Il rêvait de prospérité et le voilà affronté à la précarité ! C’est bel et bien un trésor qu’il abrite mais ce n’est pas de l’or, c’est un nouveau-né qui va changer la face du monde, et ce trésor-là n’a pas de prix.
Le second passe du navire de luxe à une humble barque qui sent le poisson. Secoué par une tempête, il sera le témoin privilégié de la puissance de la parole de Jésus sur le chaos.

En effet, le message de Noël c’est que le Fils de Dieu vient au monde non pas pour supprimer les tempêtes mais pour les traverser avec nous.

Quant au troisième arbre, il fait sans doute l’expérience la plus bouleversante qui soit : lui qui rêvait de majesté et de surplomber le monde, il sera planté sur une colline, exposant la majesté d’un autre défoncée par des clous. Présent dans la nuit la plus obscure, celle qui a crucifié Jésus,il sera aussi le témoin du plus beau matin du monde, celui du dimanche de Pâques.

C’est qu’à Noël , tout est inversé , tout se manifeste à l’envers : la lumière divine se révèle dans l’obscurité de la crèche, le roi du monde est un enfant, le berceau du fils de Dieu est une gamelle à bestiaux, les exclus qu’étaient les bergers à l’époque sont les premiers arrivés à Bethléem, les savants astrologues se mettent à genoux devant un nouveau -né.

Rien ne s’est passé comme prévu pour ces trois arbres. Chacun d’eux aura été transformé, bousculé au regard de ses désirs. Bref, ils auront été déplacés. Avouez que pour des arbres, c’est un tour de force !

Titia Es-Sbanti


Message pour la Fête de Noël.
Temple du Mas des abeilles,
Dimanche 17 décembre 2022

Retrouvez le conte des trois arbres : https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/les-trois-arbres/