L’Evangile à dos d’âne

Pas si bête, tout de même  ! Alors, comment se fait -il que les humains associent l’âne à la bêtise ? N’est ce pas un peu bête de penser que l’âne est bête ? Ce cliché remonte à l’Antiquité.  La plus ancienne caricature anti chrétienne c’est un graffiti  tracé sur le mur de pierre d’une maison à Rome, et qui date du temps des persécutions. Elle tourne en ridicule la foi chrétienne  en représentant un personnage à tête d’âne, attaché à la croix. A côté, une autre personne se tient dans une attitude exprimant l’adoration, avec cette inscription : « Alexamenos adore son Dieu ».


Jésus a été moqué, raillé, pendant sa vie ainsi qu’au moment de la crucifixion : Certaines personnes, dont des soldats romains, passaient devant lui et disaient : « Descends de la croix si tu es Fils de Dieu ! ….Hé, vous avez vu ? il n’est même pas capable de se sauver tout seul »

Mais Jésus n’a jamais contre- attaqué. Au contraire, il a laissé les gens libres. Il n’a jamais forcé personne à croire en Lui ou à l’aimer car l’amour ne s’impose pas.

Et si Jésus a choisi de se déplacer sur un âne, c’est peut-être pour nous faire passer un message. ..

 

Cris de joie
L’animal fait partie de sa mission. Il symbolise l’humilité par excellence. C’est pourquoi  Jésus envoie ses disciples chercher un ânon au village d’à côté, comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Ils le lui  ramènent et font monter Jésus dessus. Ainsi s’ouvre le chemin pour Jérusalem.

Par grappes, hommes, femmes et enfants  commencent à suivre Jésus. Ils ramassent des rameaux , ils coupent des branches d’arbres qu’ils trouvent le long des chemins. (Mat 21). Ils les agitent comme des petits drapeaux au passage de Jésus, un peu comme pour le Tour de France. Ils enlèvent leurs manteaux et les déposent tout au long du chemin, comme un tapis rouge, pour faire honneur à Jésus..Au fur et à mesure que Jésus avance, la foule se fait nombreuse, joyeuse, heureuse.
Vive le roi, Hosanna , gloire à Dieu ! Jésus se laisse accueillir, sans mot dire. Silencieux, sur son âne.

Un roi sans couronne
Pourtant, ce n’est pas très glamour pour un roi d’entrer de se déplacer sur un âne ! A cette époque-là, c’est de monter à cheval qui  eût  été royal. Mais Jésus fait l’inverse : il ne veut pas qu’on le prenne pour une star, et il connait les Ecritures qui  annoncent que le Messie attendu par Israël arrivera sur un âne (Zach 9) …Mais qui le peuple d’Israél espère -t-il exactement ? Un chef des armées ? Un super ministre qui va les libérer de l’occupation Romaine ?  C’est que Jésus n’est pas venu pour combattre ni  pour remporter quelque victoire que ce soit. Pas besoin de pouvoir, ni de signes extérieurs de puissance pour se manifester. Décidément, Jésus n’est un roi pas comme les autres, c’est un roi qui ne garde rien pour lui, qui donne tout, qui se donne ! Un roi sans couronne.

Malentendu
Jésus est acclamé comme un héros mais…c’est étrange, car ça ne va pas bien avec la suite..Parce qu’on est à 8 jours de la fête de Pâques, autrement dit de la condamnation à mort de Jésus ! Question : comment est-ce possible d’avoir autant de succès, d’être aussi populaire, et de mourir une  semaine plus tard crucifié entre deux bandits ?

Qui sont-ils, ces gens qui crient leur joie et acclament Jésus à Jérusalem ? Il y a forcément des gens sincères et parmi eux : des personnes qui ont rencontré Jésus, qui l’ont écouté. D’autres qui ont été enseignés. D’autres encore que Jésus a guéris, relevés, réconfortés personnellement . Mais il y en a aussi parmi eux qui ne sont pas contents du tout du tout.. Des gens qui ne veulent pas de Jésus, qui sont jaloux,qui ne supportent pas de voir qu’il est aussi populaire auprès de la population.

Oui, ce roi pas comme les autres, assis sur le dos d’un âne, applaudi à Jérusalem par un grand nombre recevra, une semaine après, une couronne.. d’épines. Il sera conspué par une foule hystérique, qui dira : A mort Jésus, crucifiez-le !

Posons- nous la question :  de quelle foule s’agit-il ? Qui sont-ils , ceux-là, pour applaudir  un jour  et maudire après ? Chacun de nous peut s’interroger. Ne la regardons pas de l’extérieur, ne la jugeons pas trop vite. Car dans cette foule , ce jour-là, il y avait des hommes et des femmes comme vous et moi. Des gens ni meilleurs ni pires que les autres. Des gens …ordinaires.
 Mais alors, comment l’exécution de Jésus a t-elle pu avoir lieu si ..vite ? Pourquoi n’ y a t-il pas eu plus de résistance collective de la part de tous ceux qui l’ont accueilli une  semaine avant Pâques pour éviter qu’il soit crucifié comme un truand ?
En fait, le
dimanche des rameaux n’a pas eu lieu qu’une seule fois dans l’histoire avec des gens d’une autre époque. Ce dimanche a lieu chaque fois que des croyants ont rejeté leur prochain au nom de leur foi, au nom d’une image de Dieu qui n’est pas celle donnée à travers Jésus..

Tout se passe comme si les gens enlevaient leurs manteaux pour mieux revêtir Jésus de leurs idées, de leurs rêves, de leurs projets, de ce qu’ils voudraient que Jésus soit pour eux..En fait, le « dimanche des rameaux » est aussi le dimanche du Malentendu. D’un Mal-Entendu.

Et ce dimanche-là n’appartient pas seulement au passé. Tout au long de l’histoire de l’Eglise, les humains (les croyants !) ont été tentés de revêtir le Christ  Jésus de différents manteaux : celui de juge, de Dieu-magicien, de Dieu-guerrier, de Dieu-sacrificateur, et j’en passe !

Oui, combien sommes -nous à  avoir recouvert le Jésus du manteau de la sainte « tradition », de doctrines, du manteau de la bienséance,de la morale bien-pensante ou encore : du voile de l’austérité ?

Ce récit des Rameaux nous invite à la vigilance : ne pas croire que nous avons tout compris -ou fait le tour de la question. Il nous incite  plutôt à sans cesse redécouvrir le Christ Jésus, à retrouver sa trace vivante et vivifiante, dans nos vies , dans ce qui nous arrive, dans la joie comme dans la peine. Il nous faut : ré-entendre sa Parole de Vie dans le secret de nos cœurs comme dans la communauté qui nous rassemble, accepter que son message nous déplace, nous décale, jusqu’à venir parfois bousculer nos idées, nos programmes, nos plannings, nos désirs individuels.

Seulement, nous sommes parfois un peu dur d’oreille pour entendre et recevoir certaines vérités que le Christ vient nous rappeler. C‘est pour cela que nous n’avons pas intérêt à nous moquer des ânes mais à suivre leur exemple :  à avoir de grandes  oreilles, comme eux. Ou, à défaut : à tendre un peu plus  l’oreille à la Parole de Dieu.

Amen

 

Titia Es-SBANTi

Prédication du 27/03/21, culte inter-génération, « samedi caté », Fête des Rameaux

 

L’invité- surprise de la séance de catéchisme :

 

 

 

 

 

 

 

Texte biblique : Luc 19, 28-40

28Jésus partit en avant sur le chemin qui montait à Jérusalem. 29Lorsqu’il approcha du village de Bethfagé et de Béthanie, près de la colline appelée « Le mont des Oliviers », il envoya deux disciples : « Allez au village qui est là devant vous, leur dit-il. Quand vous y serez arrivés, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est jamais assis. Détachez-le et amenez-le ici. 31Si quelqu’un vous demande : “Pourquoi le détachez-vous ?”, dites-lui : “Le Seigneur en a besoin.” »32Les disciples partirent et trouvèrent tout comme Jésus le leur avait dit. 33Pendant qu’ils détachaient l’ânon, ses propriétaires leur dirent : « Pourquoi détachez-vous cet ânon ? » 34Ils répondirent : « Le Seigneur en a besoin. » 35Puis ils amenèrent l’ânon à Jésus ; ils jetèrent leurs manteaux sur l’animal et y firent monter Jésus. 36À mesure qu’il avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. 37Tandis qu’il approchait de Jérusalem, par le chemin qui descend du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, pleine de joie, se mit à louer Dieu d’une voix forte pour tous les miracles qu’ils avaient vus. 38Ils disaient : « Que Dieu bénisse le roi qui vient au nom du Seigneur !…… Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! »39Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, fais taire tes disciples ! » 40Jésus répondit : « Je vous le déclare, s’ils se taisent, les pierres crieront ! »

 

Au cours du culte, les catéchumènes ont lu la « prière des ânes » :
https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/la-priere-des-anes/