L’Eglise universelle, corps du Christ

Chers tous et chères toutes, recevez mes salutations fraternelles en ce dimanche de l’Eglise universelle.

Le terme « Eglise » vient de « ekklesia », littéralement appelé hors de, désignait, chez les Grecs, une assemblée de citoyens convoqués pour délibérer. Dans son sens biblique, il désigne l’assemblée des croyants unis par leur obéissance à l’appel de Dieu en Jésus-Christ.

Pour présenter l’Eglise, l’Ecriture utilise plusieurs images : un édifice, un temple, une épouse, un troupeau et un corps.

L’Eglise universelle est l’ensemble tous les croyants de tous les temps. La mission de l’Eglise s’accomplit selon trois orientations principales :
-Rendre gloire à Dieu
-Faire connaître au monde Dieu et sa volonté ainsi que Jésus-Christ et son œuvre de salut
-Croître jusqu’à la stature parfaite aussi bien en qualité qu’en nombre.

L’Eglise universelle dépasse les frontières de nos paroisses. Elle est une communion d’Eglises locales, une grande famille. Pour parler de l’Eglise, Paul utilise l’image du corps qui a plusieurs membres qui, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps.

Les versets lus ce matin résument bien la pensée de Paul qui compare l’Église universelle ainsi que chaque assemblée individuelle au corps humain constitué d’une multiplicité d’organes divers qui forment un tout et qui fonctionnent ensemble. Dans l’Antiquité, l’image du corps était régulièrement utilisée pour décrire un groupe social, et surtout pour inciter chacun à rester à sa place, à son juste rang, car il ne faudrait surtout pas qu’un chiffon décide de devenir une serviette, ça ferait désordre.

Depuis le livre de la Genèse, jusqu’au corps des martyrs de l’Apocalypse, en passant par la vision de la réanimation des corps dans Ezéchiel 37, et la résurrection de Jésus, le corps est très présent dans la Bible.

Alors que le mot corps (sôma) est connoté de façon négative chez les Grecs (prison de l’âme ou de l’intellect), Paul utilise la conception juive du mot : le corps n’est pas pour lui l’enveloppe corporelle mais ce qui permet d’entrer en relation avec l’autre, (les membres qui sont en interaction).

Le corps est composé de différentes parties : œil, main, pied, oreille… Chaque partie a sa fonction propre qu’aucune partie ne peut accomplir à sa place. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance. Les fragiles savent combien le corps est handicapé lorsqu’une partie du corps ne fonctionne pas ou est manquante. Le corps bien- sûr continue de vivre et d’exister, mais à quel prix, au prix de grands sacrifices. Si les mains ne peuvent plus porter les aliments à la bouche, la bouche ne peut plus les recevoir normalement et les dents ne peuvent plus les broyer. Imaginez la suite !

Paul utilise le corps pour signifier l’universalité du salut. Il a dû, dès le début, faire face aux divisions de la communauté de Corinthe : c’est le motif même de sa lettre. En évitant le terme de peuple pour désigner l’Église Paul ne rejette pas la multitude des peuples qui la composent. Bien au contraire ! En choisissant l’image du corps, il peut montrer comment les nations sont intégrées dans le Christ, par le seul baptême, sans discrimination aucune.

Chacun des membres a une part au corps, ainsi chaque fidèle quel que soit sa position, son âge a une participation au corps du Christ. Le corps est en effet le lieu de la présence du Christ jusque dans l’épreuve du corps souffrant.

Paul prend au sérieux l’Eglise, qu’il voit comme une microsociété où les croyants sont appelés à vivre ensemble autrement, par-delà ce qui ailleurs ne cesse de les séparer. Quel beau défi pour l’Eglise de devenir effectivement le lieu du « vivre ensemble », un corps du Christ dans sa magnifique diversité.
Parlant aux chrétiens de Corinthe (1 Co 12? 27) Paul leur dit , comme à nous aussi : vous êtes le corps du Christ.. Nous sommes le corps du Christ !

La question que je nous renvoie ce matin est : Quelle partie du corps êtes-vous ? quelle partie du corps es-tu ? quelle partie du corps sommes-nous ?

Le pied représente le chrétien capable de marcher, c’est-à-dire de se conduire en chrétien dans une existence ordinaire ; la main représente le chrétien, capable de toutes sortes d’initiatives et de réalisations admirables. L’oreille représente le simple chrétien capable d’entendre la Parole de Dieu qui, pour être fort, se doit de lui obéir.

Quelle partie du corps sommes-nous ?
Deux problèmes se posent alors souvent dans nos communautés aujourd’hui : le dénigrement de soi et le dénigrement d’autrui. Le pied dit parfois : « Comme je ne suis pas une main, je ne fais pas partie du corps » et l’oreille dit de même : « Comme je ne suis pas un œil, je ne fais pas partie du corps ». La comparaison n’est pas bonne conseillère. Se comparer, c’est être amené à se dénigrer soi-même ou dénigrer les autres.

Dans le corps du Christ, il n’y a pas de compétition, de performances, de prouesses à défendre pour être, exister. Chacun a sa place, chacun avec ses qualités, sa spécificité, ses dons.
Nous ne sommes pas tous pareils. Il y a des membres qui brillent par leurs qualités et de membres plus modestes, dans l’ombre. Mais tous ont leur place dans le corps. La parole de l’Apôtre est très claire : « les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires, et ceux que nous tenons pour les moins honorables, c’est à eux que nous faisons le plus d’honneur. Moins ils sont décents, plus décemment nous les traitons ».

L’Église est le corps du Christ qui est un. Comment se fait-il alors que ce corps soit aujourd’hui encore tellement morcelé, divisé, voire déchiqueté ?

La division est le propre de l’homme. L’apôtre dirait dans son langage, c’est l’œuvre de la chair, c’est à dire de l’homme qui vit sans Dieu, qui n’a pas été renouvelé par Dieu. Nous avons tous en nous une partie de nous-mêmes qui n’est pas convertie à l’Évangile, qui vit sans Dieu : orgueil, individualisme, et égoïsme en sont des manifestations.

Comment vivre une Eglise universelle ?
L’Eglise est un corps qui se construit comme une maison. Ce corps est un être vivant qui se développe et grandit ; cette construction exige du temps, de l’engagement et de la participation de chacun, de chacune d’entre nous avec un ciment de qualité. Dans cette construction, tous ne joueront pas le même rôle. Si la croissance du corps est d’abord l’œuvre de Dieu et, par la grâce de Dieu, missionnaires de l’Evangile, pasteurs et fidèles, nous devons savoir construire les ponts, les liens avec d’autres. Nous sommes chargés de construire et de maintenir notre foi, notre dialogue ; bref construire ce corps aujourd’hui trop noyé dans la mondialisation. Pour cela, nous sommes appelés à reconnaître nos dons, nos spécificités, diversifier les ministères.

Dans l’Église, dit saint Paul, Dieu a mis une grande diversité de fonctions et de dons. Notre diversité entre nous, humains, n’est pas un scandale, au contraire : c’est une richesse, c’est une bénédiction. Ou plutôt : notre diversité est faite pour être une richesse et une bénédiction. Le pied représente le chrétien capable de marcher, c’est-à-dire de se conduire en chrétien dans une existence ordinaire ; la main représente le chrétien, capable de toutes sortes d’initiatives et de réalisations admirables.

L’Eglise universelle dépasse les frontières de nos paroisses. Elle est une communion d’Eglises locales, une grande famille. De même qu’un chrétien a besoin de rencontrer d’autres chrétiens pour progresser dans sa foi et dans son témoignage, de même les Eglises aussi ont besoin des autres Eglises pour approfondir leurs convictions et les mettre en œuvre face aux défis de notre temps afin de vivre l’universalité. Chaque membre en son sein doit être capable de coopérer à la croissance du corps. Dans ce corps, la vie du Christ se diffuse en ceux qui croient et qui sont unis, au Christ souffrant et glorifié.

En célébrant aujourd’hui la fête universelle de l’Eglise nous célébrons le dimanche de la mission Universelle, le dimanche de la rencontre, c’est l’occasion de fêter l’unité des chrétiens dans la diversité par la prière et le partage. La CEVAA (Communauté d’Églises en mission) vit l’Eglise universelle au quotidien, elle met les Eglises ensemble pour ‘’le vivre ensemble’’ autour de la Parole de Dieu grâce à l‘Animation Théologique. Nous devons éviter le repli sur soi, en offrant de nouvelles perspectives pour la réflexion et le témoignage. Notre rôle est de faire vivre l’unité dans la diversité et le pluralisme. J’imagine volontiers que si nous revenions à cette métaphore originelle, l’œcuménisme s’en porterait.

Le grand défi des Eglises aujourd’hui dans leur témoignage quotidien est l’ouverture interculturelle. Notre époque postmoderne se traduit par une diversification des milieux, ce qui représente un défi considérable pour la pratique ecclésiale. Comment le ministère pastoral doit-il s’adapter à la diversité des attentes religieuses caractéristiques de ces différents milieux ? Quelles formes le message de l’Église peut-il prendre pour rester pertinent face à des populations si diverses ?

« Vous êtes le corps du Christ, et chacun de vous est une partie de ce corps ».
Quelle partie du corps êtes-vous ? Sommes-nous ?

Nous devons accueillir dans l’Eglise, les personnes audacieuses dans la foi. Sachez pour finir que même avec notre meilleure volonté, l’unité ne peut se construire par nos seules forces et capacités humaines. Il nous faut l’action du Saint-Esprit.

Que le Seigneur nous vienne en appui afin de vivre réellement en Eglise, lieu de partage, de témoignage et d’action.

Omar DAGAN, pasteur du Bénin, en poste à la CEVAA.

Culte de l’Eglise universelle.
26/03/ 2023
Temple de la Fraternité à Nîmes.

Texte biblique : 1 Corinthiens 12 :12-27

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