La Source demande à boire

C’est l’histoire d’une rencontre qui n’aurait pas dû avoir lieu, de deux personnes qui n’auraient pas dû se parler. A l’époque de Jésus, il y avait deux « catégories » qui se détestaient : les Juifs de Judée (au sud) et les Samaritains au nord. Leurs ancêtres s’étaient disputés pour des raisons religieuses et ils avaient transmis leur haine de génération en génération..(et n’avaient jamais rien fait pour se réconcilier). Et ça faisait 700 ans que ça dure…

Ainsi, Jésus qui est juif, aurait dû passer son chemin et faire sa pause plus loin . Mais la Samarie est un passage obligé pour se rendre plus au nord, en Galilée. Le puits près duquel il s’arrete se trouve sur le territoire de la Samarie.
Quant à la Samaritaine, elle aurait aimé ne rencontrer personne ! Elle a bien essayé.. car personne n’aurait idée de sortir à midi, en plein cagnard pour aller puiser de l’eau à l’autre bout du village.. 
Manque de pot (mais pas de seau) la femme tombe sur Jésus ! Et lui, que fait-il ? Contre toutes les règles de son époque, il s’approche d’elle, Samaritaine de surcroît, et lui demande à boire. Sidérée, la Samaritaine répond :« Comment, toi, un juif, tu me demandes à boire, à moi la Samaritaine». Sous entendu : nous n’avons rien en commun’. Puis elle ajoute (sur un ton sans doute un peu ironique) : tu n’as (même) pas de seau et le puits est profond !  Réaction humaine et logique. Concrète et réaliste, la Samaritaine laisse entendre à Jésus qu’il s’y prend mal, et qu’il n’est pas équipé.

Oui, combien sa réaction nous est familière ! Nous réagissons souvent de cette manière dans nos vies : « que voulez-vous, nos forces sont réduites, pas assez de bénévoles, pas assez d’argent, pas assez de temps » et ainsi de suite.  Notre découragement est si rapide à prendre le dessus ! A quoi bon, pourquoi faire, à quoi ça sert ? Oui, la remarque de la Samaritaine est souvent la nôtre. Et puis le seau (ou l’absence de seau) c’est un peu nous chaque fois que nous affirmons que nous ne sommes pas à la hauteur, que c’est trop dur, trop loin, trop difficile, trop lourd et qu’on n’y arrivera jamais.

Dans cette histoire, tout est chamboulé, y compris notre image de Dieu. Rendez-vous compte : l’Evangile de Jean nous montre ici un Dieu qui, avant de donner, demande : quel merveilleux paradoxe ! Oui, vous avez bien entendu : Celui qui est La Source même est celui qui demande à boire. Le Dieu de la Source d’eau vive est d’abord lui-même un Dieu assoiffé, un Dieu qui a soif de nous rencontrer.

Demander a boire c’est créer un lien avec l’autre, une dépendance. La suite de l’échange avec la Samaritaine montre qu’il ne s’agit pas de boire un coup ensemble mais que Jésus vient lui offrir ce qui lui vient de Dieu : la grâce d’un amour inconditionnel, permettant de vivre debout, digne et heureux. D’aimer au lieu d’être jugé. En lui disant qui elle est – avec ses choix de vie et ses échecs – Jésus lui fait comprendre qu’elle n’a plus besoin de se cacher et de raser les murs. Elle peut enfin vivre au grand jour ; elle se découvre acceptée avec son histoire personnelle, ses confusions et ses incohérences.  Ainsi : d’une personne entièrement à part qu’elle était aux yeux de la société, la Samaritaine devient -sous le regard du Christ – une personne à part entière.

Bouleversée par cette rencontre improbable, la Samaritaine laissera derrière elle sa cruche– comme si elle n’avait plus besoin d’eau et se précipite en direction de la ville et ses habitants qu’elle avait voulu fuir au départ :  Venez voir un homme qui connait toute mon histoire ! Et si c’était le Christ ?
 
Elle qui jusqu’à lors, s’était faite discrète -voire invisible- pour éviter les autres, devient la première messagère  de l’Evangile autour d’elle ! Transformée, restaurée, elle n’a plus peur du regard des autres. Elle est libre, et comme une enfant, elle court pour aller raconter ce qui lui est arrivé. Oui, elle court, elle court, la Samaritaine  et on devine sa joie dans cette course.

Mais quelle est cette eau que Jésus lui propose ? Ce n’est pas d’avoir de l’eau courante à la maison. Ni de l’eau en bouteille. C’est de ‘l’eau vive » dit Jésus.
Ah oui  ? Mais c’est quoi  exactement cette eau vive : de l’eau vivante ? de l’eau qui court (comme la Samaritaine) ? de l’eau qui bouge ? qui fait bouger ? une eau qui -met en mouvement ?

Cette eau, Jésus la qualifie de source jaillissante. Telle est le chemin qu’il offre à la Samaritaine : la faire passer du puits (autrement dit : une eau immobile) à la Source – c’est-à-dire une eau qui ne cesse de couler. A l’image de la grâce de Dieu pour nous : un amour inconditionnel et continu qu’on n’a pas besoin de mériter par nos efforts, en allant la chercher au fond d’un puits. Non, c’est cadeau. C’est donné. Pour toujours.

En fait, ce que Jésus offre à la Samaritaine et à chacun de nous, ce n’est pas un lieu où il faudrait se rendre mais c’est une relation à vivre, sous le regard bien -aimant  de Celui qui est  par excellence la Source de la vie.   Amen

Titia Es-Sbanti

Prédication du culte  intergénération  ( »samedi caté » )  13/09/ 2025

Extraits de l’Evangile de Jean  chapitre 4 :

Il est environ midi et Jésus s’approche de la ville de Sychar. Fatigué de sa longue marche, il s’assoit sur la margelle du puits. Ses disciples sont allés à la ville pour acheter de quoi manger. Une femme de Samarie arrive vers lui, elle vient puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ». La Samaritaine lui dit : « Mais, tu es Juif ! Comment oses-tu donc me demander à boire, à moi, une Samaritaine ? (en effet, les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains). Jésus lui répondit : Si tu connaissais ce que Dieu donne, et qui est celui qui te demande à boire, c’est toi qui lui aurais demandé de l’eau et il t’aurait donné de l’eau vive ». La femme répliqua : «Maître, tu n’as pas de seau et le puits est profond. Comment pourrais-tu avoir cette eau vive ? (…) Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’où jaillira la vie éternelle. » La Samaritaine lui dit : « Maître, donne-moi cette eau, pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus besoin de venir puiser ici. »Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari et reviens ici. » La femme lui répondit : « Je n’ai pas de mari. » Jésus lui dit :« Tu dis bien : “Je n’ai pas de mari” ; tu en as eu cinq et l’homme que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai. ». « Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es un prophète. …..(…) Je sais que le Messie vient — celui qu’on appelle Christ. (…)Quand il viendra, lui, il nous annoncera tout ». Jésus lui dit : « C’est moi qui te parle ». Là-dessus arrivèrent ses disciples; ils s’étonnaient de le voir parler avec une femme.Mais aucun n’osa lui demander : «Que cherches-tu ?» ou : «De quoi parles-tu avec elle ?» Sur ce, la femme laissa sa cruche à cet endroit, elle s’en alla à la ville et dit aux gens : Venez voir ! J’ai rencontré un homme qui connaît toute mon histoire ! Serait-ce le Christ ? » 

Retrouvez la séance de catéchisme : https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/autour-du-puits/