Felix, que ta joie demeure !

9 juin 2019 après JC : toute la ville de Nimes est occupée par la Feria. Toute ? Non ! Un peuple d’irréductibles villageois  tente de résister encore  à l’hégémonie de la cité romaine : St Césaire. Devenus un quartier de Nîmes malgré eux, ses habitants ont gardé l’esprit village. Leur force : le petit temple, placé au coeur du village : grâce à lui, les protestants de l’Eglise unie de Nîmes  peuvent célébrer  Pentecôte… le dimanche de Pentecôte.

Justement, ce matin-là  c’était Pentecôte, et  pendant que la Feria battait encore son plein, le temple  de St Césaire a rempli sa mission dans une ambiance festive et fort biblique : au milieu du pain, du feu et des poissons,  Felix, 8 ans, a demandé le baptême. En latin, Felix signifie «heureux »- L’enfant portait bien son nom. Cheveux mouillés, attentif et bien entouré par les siens ainsi qu’une ribambelle d’enfants, il écoutait avec attention la prédication de Violaine Moné. Pour sa confession de foi, ses parents (pasteurs tous les deux) lui ont donné un sérieux coup de pouce, c’est vrai. Mais Felix a très bien su dire à Violaine pourquoi il demandait le baptême :«c’est pour être fils de Dieu ». Et nous étions nombreux à pouvoir en témoigner.

Une heure plus tôt, le bruit du tonnerre au-dessus de Nîmes nous mettait dans l’ambiance du récit : le chapitre 2 du livre des Actes commence en effet par l’irruption d’un bruit de vent violent qui remplit la maison dans laquelle les apôtres se sont enfermés le jour de Pentecôte, à Jérusalem, une fête juive  aussi populaire à cette époque que la Feria de Nîmes aujourd’hui.. C’était le bruit d’un vent violent, nous dit le texte : comme le mistral dans le Gard ? Allez savoir.  En tous cas, ce que l’on comprend de l’histoire c’est que l’Esprit a  fait fort ce jour-là, tellement les apôtres étaient verrouillés dans leur peur.  Et savez-vous ce qui s’est passé ? Il les a tous précipités dehors et les a fait parler des merveilles de Dieu devant une foule de pélerins venus de partout, abasourdis de constater que chacun d’eux les comprenait dans sa langue maternelle ! Au commencement était le souffle.. Oui, bien avant l’arrivée d’internet, avant l’imprimerie, avant les copistes et les manuscrits, il y eut le Souffle, propulseur de la Parole, diffuseur de l’Evangile dans des traductions multiples pour pouvoir s’adresser à tous. Dès le commencement : un message impossible à garder pour soi dans une langue et une compréhension uniques !

Avec Felix, nous avons entendu que la naissance de la toute première Eglise a fait sauter les verrous de la peur : elle a été appelée à  sortir de sa zone de repli pour oser une Parole qui descend dans la rue et qui va à la rencontre des hommes, des femmes et des enfants de toutes origines. Remplis d’étonnement et ne sachant que penser, dit le texte, les gens se disaient les uns aux autres: «Qu’est-ce que cela veut dire ? »

De même que la foule à Jérusalem était stupéfaite et touchée d’entendre les apôtres parler des merveilles de Dieu dans leur langue maternelle, de même, ce matin-là, à Saint Césaire, l’assemblée fut touchée d’entendre Felix demander le baptême et ses proches s’engager à ses côtés, avec les mots  de la confiance et de l’amour.
«Dieu n’a pas choisi de se passer de nous, Il a choisi de rejoindre chaque personne dans ce qui fait d’elle un être particulier, dans ce qu’elle vit, dans ses mots » a précisé Violaine.  Et de conclure : « nous sommes tous appelés à partager la joie de l’Evangile, parce que la partager, c’est l’unique façon de la vivre ».  

T.ES.