Bonjour, je m’appelle BOUC, et je ne suis pas sur Facebook, Dieu merci. Mon nom ne fait pas rêver ( oui oui je sais!) mais ce n’est pas de ma faute. FAUTE : voilà le mot que je traîne avec moi comme un boulet ! Je n’ai rien demandé, moi, mais les humains m’ont choisi pour se débarrasser de leurs fautes. Ils appellent ça « les péchés ». C’est une règle qu’ils ont inventé il y a très longtemps. Je suis la poubelle, je dois porter toutes leurs fautes et les emporter, loin loin d’eux. Le problème : c’est que ce n’est jamais fini : chaque fois, ils recommencent à commettre des péchés.. Voilà comment ça se passe : ils vont vers nos troupeaux, ils choisissent deux d’entre nous. Ensuite ils tirent au sort : l’un de nous est sacrifié à leur Dieu et l’autre est envoyé au désert,chargé comme une mule de tous leurs péchés. Et l’autre …c’est moi, le Bouc.
Mais dites : pourquoi l’Éternel m’a choisi moi, le bouc, parmi tous les animaux de la création, pour faire cette besogne annuelle ? Pourquoi suis-je la bête émissaire ? Pourquoi pas le taureau ou l’oiseau, ou encore l’éléphant ? Il est costaud, lui, pour porter tout le poids de vos âneries. L’Éternel aurait pu choisir aussi la grenouille, le moustique ou la sauterelle car ceux-là sont universellement connus pour être des plaies. Et bien non : il faut que ça tombe sur moi, le Bouc. Emissaire, qu’ils disent. Ça veut dire »envoyé ». Tu parles d’un envoyé ! Viré oui, expulsé, parce qu’ils se fichent bien de mon sort, pourvu que je disparaisse de leur vue. Et savez-vous comment ça se passe ?
Voici : juste avant de m’expédier au désert, un de leurs prêtres appuie ses deux mains sur ma tête, juste là, entre mes deux cornes, pour y déposer tous les péchés du peuple d’Israël et ensuite : vlan, exit, expulsé. Et me voilà galopant dans le désert avec cette pile de péchés sur ma tête, sans rien laisser tomber ! On dirait un bonnet d’âne, la honte ! Je cours, je me sens ridicule mais je suis vivant. Ensuite : Là-bas, au désert, je dépose la pile des péchés dans un lieu – je ne vous dirai pas où -mais c’est toujours au même endroit et ça va finir par être aussi haut que le Mont Sinaï. Parce que le péché, vous savez, ce n’est pas biodégradable. Le peuple, lui, il a l’impression qu’il s’en est débarrassé mais il recommence chaque année ! Franchement, il serait temps que les humanoïdes cessent de commettre des fautes. En plus, c’est toujours les mêmes erreurs, depuis des siècles !
J’ai de la chance dans mon malheur, car jusqu’à présent, j’ai réussi à retrouver mon chemin jusqu’au troupeau de ma famille. Et d’ailleurs, j’espère à chaque fois ne plus avoir à accomplir ce maudit voyage. La solution ? Ce n’est pas que le mal ou le malheur cesse d’exister, mais c’est que les humains cessent de s’y précipiter ! Et si le changement c’était maintenant ?
Narration inspirée de Catherine Siguret, Monologue du bouc émissaire.
Référence biblique : Lévitique 16
PREDICATION
Notre ami le Bouc est bien optimiste ! En effet, une très vieille histoire de la Bible nous rappelle que les Humains sont têtus comme des mules et qu’ils désirent posséder toujours plus alors qu’ils ont déjà tout. Il suffit de relire le récit de Genèse 2 et 3 : Nourrie – logée dans un jardin où il y a tout, la famille Adam’s ne manquait de rien. Un seul arbre lui était interdit d’accès : pas compliqué, non ? C’est comme ces panneaux qui vous disent : «Danger de mort ». Vous n’êtes pas dupé, vous êtes averti. A vous de voir.
Et bien figurez-vous que Mister Adam et Misses Eve, ils sont allés voir :
Le soir, le Seigneur Dieu se promenait dans le jardin. L’homme et la femme l’entendirent et se cachèrent parmi les arbres du jardin. Le Seigneur Dieu appela l’homme et lui demanda : « Où es-tu ? » L’homme répondit : « Je t’ai entendu dans le jardin. J’ai eu peur parce que je suis nu, alors, je me suis caché.» Le SEIGNEUR Dieu lui demanda : « Qui t’a appris que tu étais nu ? Est-ce que tu as mangé le fruit que je t’avais interdit ? » L’homme répondit : « C’est la femme que tu as placée à mes côtés qui m’a donné ce fruit, et j’en ai mangé. » Le SEIGNEUR Dieu dit à la femme : Qu’est-ce que tu as fait là ?’ La femme répondit : « C’est le serpent qui m’a trompée et j’ai mangé du fruit. » .
Nous avons là le réflexe humain le plus universel et le plus ancien. Vous le connaissez tous, il se résume par ces quelques mots : »C’est pas moi, c’est elle (lui). »
Dans la vie d’un humain, cela commence très tôt : entre frères et soeurs, puis dans la cour de récréation et ça continue à l’âge adulte. Oui, depuis la nuit des temps, l’être humain cède à la tentation de vouloir fuir ses responsabilités. Et pourtant, malgré cette tentation humaine de se détourner de la Parole de Vie, le Seigneur Dieu a pris une décision il y a 2000 ans qui va bouleverser le monde : il a envoyé son Fils Jésus pour témoigner de son Amour inconditionnel pour tous et de son projet de salut pour l’humanité.
Nombreux sont ceux qui, dans les Evangiles, seront bouleversés par leur rencontre avec Jésus – leur vie en sera transformée- pour toujours. Mais il y a aussi les autres : les adversaires, les sceptiques, les jaloux et les puissants. Parmi eux, certains craignent pour leur pouvoir : il ne faudrait pas que ce Jésus devienne trop populaire, qu’il nous fasse de l’ombre ! D’autres encore diront que ce Jésus est le nouveau roi, celui qui va libérer son peuple de l’ occupation romaine. Or, Jésus ne prendra jamais le pouvoir, et ne sera le roi de personne. Car il préfère le pouvoir de l’amour à l’amour du pouvoir. Il le payera cher. Et il assumera.
Avec les jeunes du groupes Nectar et Bourdon, nous avons découvert ce passage de l’Evangile qui raconte comment Jésus a été rejeté, condamné, et mis à mort (Matthieu 26 et 27) Insulté, humilié, raillé, accusé de blasphème, de trouble à l’ordre public, Jésus sera un bouc émissaire par excellence : pour les chefs religieux, pour Pilate et la foule. Une foule qui ne réfléchit plus mais crie, aveuglée et manipulée. Les réseaux sociaux de l’époque marchaient très fort et pratiquaient le lynchage médiatique bien avant l’invention de ce mot.Face aux accusations, aux mensonges, aux cris de haine Jésus répondra par un silence.Un silence stupéfiant : Pilate était « profondément étonné » dit le récit. Ce silence n’est pas la résignation, ni la faiblesse : c’est un choix. Jésus est libre de sa réponse, de ses réactions.Son silence est puissant. Il ne se cache pas derrière un discours, une justification. Il ne fait aucun plaidoyer, il fait don de sa personne toute entière. Le fils de Dieu donnera sa vie pour que nous ayons LA vie, et que nous l’ayons en abondance, afin de la partager sans modération tout autour de nous. Jésus aurait rester bouc émissaire mais il deviendra l’Agneau . »Voici l’agneau de Dieu » dira Jean Baptiste à ses disciples lorsque Jésus passe devant lui. C’est vers Lui qu’il faut désormais diriger notre regard. C’est vers lui qu’il faut se tourner. Amen
Titia Es-Sbanti
Culte intergénérationnel
Paroisse du Mas des abeilles
7/10/2023
Séance de caté : https://nimes-eglise-protestante-unie.fr/faces-de-bouc/