Cette terre où Dieu sème

…Dans cette parabole, il est montré, ou du moins raconté, que la Parole est semée absolument partout et pour tous : car nous sommes bien sûr cette terre où Dieu sème, et en nous-mêmes c’est-à-dire en chacun, chacune d’entre nous, se trouvent ces différents terrains décrits dans la parabole et qui cohabitent tant bien que mal : bonne terre par endroit, rocailleuse en d’autres endroits, couverts de ronces ailleurs encore, ou tout simplement non cultivable. Il y a effectivement bien des choses en nous qui ne se laissent pas cultiver ; ou dans un vocabulaire un peu moins végétal, qui ne se laissent pas domestiquer. (…)
Mais cela n’embarrasse pas le moins du monde le semeur ; lui, il fait avec. Avec, et pas contre ; avec plutôt que sans ; il fait avec toutes les terres. Et il donne partout avec la même générosité : sans regarder à la dépense – car les graines, ça coûte cher.

Autant dire, et cela a été dit  à la dernière assemblée du désert le 1er septembre, qu’aucun agriculteur raisonnable ne procéderait ainsi, sous peine d’avoir d’importants problèmes de rentabilité. Et pourtant… la récolte est particulièrement prolifique, nous dit le texte, au point où la production de la bonne terre compense très largement le défaut des autres terrains. Nous pouvons donc mettre de côté nos inquiétudes productivistes : il y a dans cette parabole d’abord une promesse : la parole semée en nos cœurs pousse et grandit, même si elle semble parfois à la merci des circonstances, même si on pourrait croire qu’inéluctablement, elle va disparaître.
Voyez tous ces mangeurs de graines que sont les oiseaux, et même certains humains maintenant ! Voyez ces ronces ici, et la pauvreté de cette terre là. Eh bien malgré cela, la Parole pousse et grandit. Et cette réalité nous laisse envisager, disait le prédicateur de l’Assemblée du désert, un salut qui serait véritablement universel : dans la mesure où il peut toucher n’importe qui, n’importe quand : en chaque être humain est un coin de bonne terre, même si on ne le soupçonnerait pas de prime abord, un coin que la Parole peut toucher au cœur et d’où la vie peut renaître, dans son abondante générosité.

En effet, s’il est une théorie économique à travers laquelle comprendre l’action de Dieu telle qu’elle est décrite dans la Bible, c’est bien celle de la générosité, de l’abondance ; une économie du don gratuit, peut-être même sans obligation de contre-don …(…)Un semeur qui sème même là où on sait bien que rien ne pousse !

(….) Cette année, nous réfléchirons à différents niveaux sur le thème « La Terre en partage ». Pourquoi ce thème ? Eh bien parce que nous en parlerons au synode, régional puis national ; parce que cela fait quelques années que plusieurs personnes de notre Eglise souhaitaient voir ce thème abordé. Et entre temps, ce thème est devenu un sujet de société incontournable, dont on entend parler quasi quotidiennement dans les journaux, à la radio. Alors comment pouvons-nous l’aborder maintenant, en tant que chrétiens, protestants ? Et pourrons-nous l’aborder d’une manière spécifique, qui nous serait propre ? Nous aurons toute l’année pour répondre à cette question … (…)

 

Extraits de la prédication de la pasteure Claire des Mesnards, le 22/09/2019

 

 

Texte biblique : Evangile de Matthieu, chap 13

1Ce jour-là, Jésus sortit de la maison et s’assit au bord de la mer. 2Il se rassembla auprès de lui de si grandes foules qu’il monta dans un bateau et s’y assit. Toute la foule se tenait sur le rivage. 3Il leur parla longuement en paraboles ; il disait :

Le semeur sortit pour semer. 4Comme il semait, des grains tombèrent le long du chemin ; les oiseaux vinrent et les mangèrent. 5D’autres tombèrent dans les endroits pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre : ils levèrent aussitôt, parce que la terre n’était pas profonde ; 6mais quand le soleil se leva, ils furent brûlés et se desséchèrent, faute de racines. 7D’autres tombèrent parmi les épines : les épines montèrent et les étouffèrent. 8D’autres tombèrent dans la bonne terre : ils finirent par donner du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente. 9Que celui qui a des oreilles entende !