Lors de sa dernière allocution, le président de la République a fait part de son souhait de voir la dette des pays africains en voie de développement effacée.
Cela a fait écho chez moi et m’a rappelé quelques textes bibliques qui traitent de la question. J’ai voulu les retrouver. Sans prétendre à l’exhaustivité, j’en livre deux à votre méditation.
Le premier se trouve au livre du Deutéronome au chapitre 15 les versets 1 à 3 :
« Au bout de 7 ans tu feras la remise. Voici en quoi consiste la remise : tout créancier qui aura fait un prêt à son prochain en fera remise ; il ne pressera pas son prochain ou son frère quand on aura proclamé la remise pour le Seigneur. Tu pourras presser l’étranger ; mais tu feras remise de ce qui t’appartient chez ton frère »
J’en ai trouvé un autre dans le livre de Néhémie au chapitre 5 au verset 11 :
« Remettons-leur cette dette, je vous prie ! Je vous en prie, rendez-leur aujourd’hui même leurs champs, leurs vignes, leurs oliviers et leurs maisons, ainsi que le centième de l’argent, du blé, du vin et l’huile que vous avez exigé d’eux comme intérêt. Ils répondirent : nous les rendrons, nous ne leur demanderons rien ; »
Poursuivant mes investigations je me suis rendu compte que cela n’est pas une particularité propre au peuple d’Israël mais que cette notion existe chez de nombreux peuples dans l’Antiquité. On la retrouve déjà dans le code d’Hammourabi 1800 ans avant Jésus-Christ et même beaucoup plus tôt dans cette région, dès 2400 av. J.-C.
À Athènes, Solon mit fin à l’injustice qui selon lui, frappe ce qu’aujourd’hui nous appellerions les surendettés.
En Grèce comme ailleurs, ces surendettés devenaient les esclaves de leurs créanciers.
Le principe de cette remise de dette est toujours le même : le puissant ne peut opprimer le faible, la justice doit protéger la veuve et l’orphelin. Il arrive un moment où le maintien d’une dette constitue en lui-même une injustice.
Certes cette remise de dette ne touchait que les membres de la même communauté à l’exclusion des étrangers, mais elle existait déjà. Rien de vraiment nouveau sous le soleil, cette proposition du Président Macron n’a rien en fait de très révolutionnaire, elle renoue simplement avec une notion de justice qui traverse notre histoire depuis la plus haute antiquité.
Mais allons un peu plus loin dans notre raisonnement. Dans le livre du Deutéronome, il est écrit « tu feras remise de ce qui t’appartient chez ton frère ». Or avec la venue de Jésus-Christ, c’est la notion même de fraternité qui a évolué. Étant tous enfants du Même Père, nous sommes tous frères et sœurs en humanité. De plus la notion de prochain a elle-même changé. Rappelez vous la parabole du bon Samaritain !
Du coup c’est bien à tous que cette dette doit être remise, lorsqu’elle devient trop lourde et insolvable. Le chrétien que je suis ne peut donc qu’approuver le principe de cet effacement, même s’il ne m’appartient pas d’en définir les modalités.
Bernard Cavalier, Le 29 avril 2020