Derrière ma porte, qu’y a-t-il ? Il y a le virus, le danger ; il y a aussi l’air du printemps, la liberté. C’est tout ? Et s’il y avait quelqu’un ? Quelqu’un qui attend…
« Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai un repas avec lui et lui avec moi. » (Apocalypse, 3.20)
Bien sûr, c’est une porte symbolique et un repas symbolique. Car c’est bien la relation entre le Christ et moi qui est ici posée : lui ouvrirai-je la porte de ma vie ? Lui, il est fidèle, il attend et il frappe. Sans se lasser, sans impatience.
Mais ouvrir la porte, qu’est-ce que ça veut dire, concrètement, pour moi ? Le symbolique, c’est beau, mais c’est lointain. En fait, chacun, chacune de nous a sa manière de l’appréhender, selon son histoire personnelle avec Dieu.
Peut-être qu’ouvrir la porte de ma vie, c’est briser la carapace de protection dont je me suis entourée au fil des ans, y pratiquer une brèche pour que Jésus puisse se faire un chemin jusqu’à moi.
Ce peut être une fenêtre largement ouverte, moment défini pour la prière, moment choisi, gardé, aménagé ; ce peut être une fente étroite, laissant passer ces micro-prières qui surgissent en moi et qui me permettent de ne pas perdre le contact avec Dieu ; ce peut être un moment de grâce, qui m’est donné, une attention pleine à tel ou tel détail de ma journée, qui soudain me remplira de joie ou de compassion, et fera exploser la cuirasse.
Pour ceux qui vivent en famille ce temps de confinement, on peut élargir le cadre et transposer : « Si quelqu’un, dans ta famille, entend ma voix, j’entrerai chez vous, je prendrai le repas avec vous et vous avec moi. » Il suffit d’une personne pour faire entrer Jésus dans la maison… et alors il peut se passer tant de choses !
Il me remonte à la mémoire un cantique appris dans mon enfance. Il est de ceux qu’on garde au fond de soi, comme un trésor. Ils sont très simples, mais ce n’est pas un inconvénient, au contraire : parce qu’ils parlent à l’enfant qui est en nous, ils parlent à l’âme. Celui-ci se présente comme un petit dialogue entre « moi » et un mystérieux visiteur :
– On frappe, on frappe, entends-tu ?
Passant, qui donc cherches-tu ?
Pourquoi, voyageur étrange,
À ma porte es-tu venu ?
N’es-tu pas quelque saint ange,
Sur la terre descendu ?
– C’est moi, c’est moi, ton sauveur,
Je veux entrer dans ton cœur.
Pourquoi me laisser attendre ?
Ouvre, c’est un bienfaiteur
Qui sous ton toit veut descendre
Et t’apporter le bonheur.
– C’est lui, c’est lui, c’est sa voix,
C’est lui, c’est lui, je le vois.
Oh ! Ta grâce est la plus forte,
Mon Sauveur, je te reçois.
Je ne puis fermer ma porte
Quand tu me montres Ta croix.
Vendredi saint n’est pas si loin et le grand vent de la résurrection a déjà ouvert la porte.
Sylvie Franchet d’Espèrey