Pâques : courir vers la vie

Vous avez dit “ressusciter” ? Pas simple à comprendre, cette histoire ! Pour y arriver, il faut se lever de bonne heure. Comme ces femmes-disciples qui se rendent au tombeau aux toutes premières lueurs du jour. Mais que s’est-il donc passé ce dimanche-là ?
En route vers le tombeau où Jésus avait été déposé, ces femmes, amies de Jésus, sont venues pour embaumer son corps, c’est-à-dire accomplir les derniers gestes d’amour et de soins à l’égard de celui qui avait bouleversé leur vie. Leur trajet est tout tracé, elles savent où elles vont : vers la tombe, au cimetière. Il n’y a plus rien à espérer.
Mais voilà qu’elles font une découverte stupéfiante : le tombeau est  vide !  La pierre qui en fermait l’entrée a été roulée. C’est une annonce absolument dé-routante, dans tous les sens du mot .
Il faut se rendre à l’évidence : l’événement du jour de Pâques ne fut une évidence pour personne -même pour les amis, les plus proches de Jésus. Les Evangiles ne répondent pas à la question “comment ça s’est passé ?”, ils ne nous présentent pas un documentaire de l’événement. Ils répondent à la question : Jésus le Christ est-il absent du monde depuis sa mort ou est-il vivant avec nous pour toujours ?
Dans le récit rapporté par l’évangéliste Matthieu, les deux femmes ont été dé-routées, dé-viées de leur trajectoire initiale. La “résurrection”, c’est peut-être d’abord ce sentiment de “dé-route », de sur- prise, d’être pris au dépourvu face à une direction qu’on s’était fixée et dans laquelle on s’était enfermé, persuadé qu’il n’y a pas d’autre issue.

Revoyons un instant la “scène” de cette histoire : le tombeau est vide, Jésus n’est pas au cimetière, il est ailleurs. C’est un appel à tourner le dos à la mort. La Vie est en face de nous. La mort est derrière, la vie est devant. Les femmes sont appelées à reprendre le chemin mais dans l’autre sens. Elles se rendaient au tombeau, et voilà qu’il leur est dit : faites demi-tour vers la vie.
« Tourne-toi vers le Soleil, les ombres seront derrière toi.” dit un proverbe maori.
Se remettre en route, relever la tête, reprendre courage : et si “ressusciter”, ça ressemblait à ce mouvement -là ?

« ….Les femmes s’éloignèrent quittèrent rapidement le tombeau, remplies de crainte et d’une très grande joie, et coururent porter la nouvelle aux disciples de Jésus…. »

Et nous, qu’est -ce qui nous fait courir ? Et si c’était l’urgence la Vie avec un grand “V” qui nous appelle car elle ne peut attendre ? C’est aussi le sens de ce tout premier dimanche surgi à l’aube du monde.
Un autre mot, dit “en passant”, a toute son importance dans ce récit rapporté par l’évangéliste Matthieu. Appelées à quitter le tombeau, les femmes s’en éloignent à vive allure, et sont toutes joyeuses. Joie d’avoir été détournées vers l’espérance, d’avoir quitté ce qui semblait définitivement fermé. Joie d’une déviation inattendue qui fait découvrir un nouveau paysage : celui d’une ouverture, d’une brèche, d’une vie qu’on n’osait plus espérer.  Difficile de qualifier ce sentiment : on ne peut pas retenir la joie, ni la « stocker”. L’ émotion joyeuse est ce qui vous envahit d’un coup et  passe son chemin. Mais en attendant, elle vous a bouleversé, retourné… transformé.

« N’ayez pas peur.. il n’est pas ici, il vous précède en Galilée..»

La Résurrection est une force joyeuse qui nous donne des ailes, nous fait courir vers la vie :  oui, pour ces femmes comme pour nous tous, disciples du Christ, il n’y a pas de temps à perdre ! La Résurrection est une invitation urgente à vivre, espérer et  aimer sans modération !

Soyons pressés de nous mettre en route et de vivre intensément. Comme les petits enfants qui sont dans un enthousiasme permanent et passent leur temps à courir, lorsqu’ils jouent ou découvrent quelque chose, tout simplement parce qu’ils sont toujours « partants. » Pour la vie.
Amen

 

Titia Es-Sbanti

 

 

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