»Je ne suis qu’un passage  »

Dernier message du Pape François qui savait parler à tous (extraits de sa dernière autobiographie)

« L’Église ira de l’avant. Dans son histoire, je ne suis qu’un passage. Si, aujourd’hui, les nouvelles générations déclarent avoir un rapport difficile avec la religion, nous devons nous interroger sur notre témoignage bien plus que sur la sécularisation. Ce sont les témoins qui touchent les cœurs.
L’Église doit grandir dans la créativité, dans la compréhension des défis de son temps, s’ouvrir au dialogue, et non se refermer dans la crainte. Une Église fermée, effrayée, est une Église morte. Il faut avoir confiance dans l’Esprit, qui est le moteur et le guide de l’Église, et qui fait toujours du bruit.
Nous devons sortir de la rigidité, ce qui ne signifie pas tomber dans le relativisme, mais aller de l’avant, parier. Nous devons échapper à la tentation de contrôler la foi, car on ne contrôle pas le Seigneur Jésus, Il n’a besoin ni d’auxiliaire de vie ni de gardien. L’Esprit est liberté. Or la liberté, c’est aussi le risque.
Nous devons avoir conscience que nous sommes passés d’un christianisme inséré dans un cadre social hospitalier à un christianisme « de minorité », ou mieux, de témoignage. Cela demande le courage d’une conversion ecclésiastique, non une crainte nostalgique.
Nous avons le devoir d’être vigilants et conscients, et de vaincre la tentation de l’indifférence. Le contraire le plus quotidien de l’amour de Dieu, de la compassion de Dieu, de la miséricorde de Dieu, c’est l’indifférence. Le véritable amour est inquiet. Le chrétien tend la main.

Pour nous chrétiens, l’avenir a un nom, et ce nom est espérance. Espérer ne signifie pas être des optimistes naïfs qui ignorent le drame des maux de l’humanité. L’espérance est la vertu d’un cœur qui ne s’enferme pas dans le noir, qui ne s’arrête pas au passé, ne vivote pas dans le présent, mais qui sait voir de manière lucide le lendemain.
Inquiets et joyeux, voilà comment nous devons être, nous chrétiens.
Là où se trouve vraiment l’Évangile, non son ostentation, non son instrumentalisation, mais sa présence concrète, il y a toujours la révolution.

Une révolution dans la tendresse. La tendresse n’est pas une faiblesse : c’est une véritable force. C’est la voie qu’ont parcourue les hommes et les femmes les plus forts et les plus courageux. Suivons-là, luttons avec tendresse et courage.  Suivez-là, luttez avec tendresse et courage… Je ne suis qu’un passage.
Le vent de l’Esprit n’a pas cessé de souffler.  Faites bon voyage, frères et sœurs. »


Pape François, (1936 – 21 avril 2025).
Extrait de « Espère », sa dernière autobiographie parue en janvier 2025 chez Albin Michel.