Le mage du conte de Noël joué par les enfants de la paroisse du Mas des abeilles est arrivé à Bethléem après tout le monde. Vous ne le trouverez pas dans la Bible mais il nous a bien plu ! Dans cette version, notre Sage fait des rencontres qui rallongent son voyage et retardent son arrivée. Mais la fin lui offrira une divine surprise…
La tradition chrétienne (qui ne suit pas toujours les textes bibliques non plus) raconte que les mages étaient trois. En fait, on n’en sait rien ! Et si l’évangéliste Matthieu qui nous a rapporté le récit n’a pas précisé le nombre, c’est sans doute parce que ce n’est pas très important. La tradition (toujours elle) a également décrété que les mages étaient des rois. On se demande bien pourquoi ! Les rois ça ne fait pas des milliers de km à pied et ça ne passe pas son temps à regarder le ciel. Les rois n’ont pas la tête dans les étoiles mais les pieds sur terre et le pouvoir entre les mains. Les mages, eux, n’ont aucun pouvoir. Ce ne sont pas des dirigeants mais des explorateurs. Experts en astrologie, ils scrutent le ciel et les astres, convaincus que dans ce vaste univers se cache le sens de toute chose.
En fait, ce qui intéresse l’évangéliste Matthieu c’est le profil des mages : ils viennent de l’Orient -raconte dit-il – et pour les gens de l’époque l’Orient c’était le bout du monde ! Le terme même de « mages » aurait une origine persane. D’où l’idée que ces Sages seraient originaires de ce qui s’appelle aujourd’hui l’Iran.Cela veut donc dire qu’ils parlent une autre langue, qu’ils ont une autre culture ainsi qu’une autre religion : en effet, selon les historiens, ils vénéraient Ahoura Mazda, le dieu de la lumière…Plus estranger que ça, on ne pouvait pas trouver ! La première question qu’on peut se poser est la suivante : leur aurait-on fait bon accueil s’ils étaient venus aujourd’hui ? Auraient -ils obtenu un visa ? Les aurait-on laisser passer ou bien reconduit à la frontière ? Deuxième question: qu’est-ce qui les a mis en route de manière aussi radicale ? Oui, quel est le nom de leur fournisseur d’énergie renouvelable ? Parce que franchement il fallait le faire, il fallait oser partir. Ce que nous savons, c’est qu’en ce temps-là, les humains pensaient que les grands événements sur terre – telle que la naissance d’un roi – étaient annoncé par des changements dans le ciel. Alors, lorsqu’ une étoile inconnue jusqu’à lors est apparue à nos Sages dans le ciel d’Orient, ils l’ont accueillie comme un signe, un clignotant…comme un clin dieu. Et ils se sont mis en route pour la suivre.Nous n’avons aucun détail sur leur voyage ni sur la durée…mais ça n’a pas dû être simple de suivre une étoile sur un si long trajet , surtout une étoile ça ne se voit pas le jour ! Les mages ont sans doute passé bien des nuits blanches avant d’arriver à destination ! Mais des nuits à la belle étoile pour eux c’était pas si mal…
Que retenir du récit biblique ? D’abord, que l’auteur nous présente d’étranges étrangers comme étant les premiers adorateurs de Jésus -Christ. A méditer ! Ensuite, ce récit met à l’honneur ceux qui sont en recherche, qui s’interrogent et qui font confiance sans rien savoir. Nos mages vont même se perdre à un moment donné ! En effet, ils se croient arrivés en débarquant à Jérusalem mais en réalité, il semblerait qu’ils aient perdu de vue l’étoile pendant un moment et sans GPS, ils sont obligés de demander leur chemin. Ils découvriront par la suite que le Roi du monde n’est pas né dans un palais de la capitale mais dans un bled appelé Bethléem. Enfin, la rencontre des Mages avec l’Enfant va avoir lieu la nuit, loin du confort dans une intimité et non pas sous le feu des projecteurs : pas d’ hôtel 4 étoiles mais une étoile unique les accueillera, comme pour dire : le Dieu de Jésus Christ se révèle dans l’obscurité, à l’ombre des puissants de ce monde. Ici, intimité rime avec humilité car l‘étoile qui les conduit n’est rien d’autre que la plus minuscule des sources de lumière possible. Un simple point qui ne se voit même pas de jour mais seulement la nuit !
Un mot, pour terminer, sur l’offrande des mages : de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Quels drôles de cadeaux pour un nouveau-né si on prend ces offrandes au pied de la lettre ! A moins que ce ne soit une fois encore un clin dieu de la part de l’évangéliste Matthieu. En effet, vous en conviendrez : un nouveau-né n’a nullement besoin de ces choses. D’une certaine façon les mages sont renvoyés à eux mêmes avec leurs offrandes plutôt embarrassantes. Ils auraient mieux fait de les donner en cours de route. Justement, C’est ce qu’ont voulu vous raconter les enfants avec l’histoire du dernier mage qu’ils ont jouée. Un mage en retard sur ses compagnons de route, mais en avance sur le sens du don.
« Tout ce que vous ferez pour le plus petit de vos frères, c’est à moi que vous l’aurez fait », dira Jésus plus tard à ses disciples.
Le Christ n’a pas besoin qu’on lui fasse des cadeaux. Le Cadeau c’est lui. Cadeau pour un monde en panne d’espérance et de lumière.
Amen
Titia Es-Sbanti
Message pour la Fête de Noël du Mas des abeilles, 21/12/2024