« Crois-tu cela ? » La petite phrase pourrait sembler anodine ou ironique sous nos latitudes aujourd’hui. La liberté de conscience a si bien fait son œuvre que les anathèmes ont heureusement perdu de leur pouvoir, mais souvent pour passer le relais à une certaine indifférence ou au relativisme : tout le monde au fond peut bien croire en quelque chose, et peu importe en quoi tant que l’on sait raison garder. La bonne foi n’est-elle pas celle qui n’a plus à démontrer son innocuité ?
C’est une démarche bien différente à laquelle nous engage cette année la communauté œcuménique de Bose, en Italie, en déployant pour nous le thème de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il ne s’agit pas ici de se prêter à une simple déclaration de bonnes intentions envers nos frères et sœurs séparés, ni même d’interroger notre adhésion à tel ou tel article de foi en particulier.
« Crois-tu cela ? », il y a là rien de moins qu’une convocation à la vérité de notre foi, celle qui nous porte lorsque tout s’est effondré. C’est en effet au cœur d’un échange avec Marthe peu après la mort de son frère Lazare que la question se trouve posée (Évangile selon Jean, ch.11, v.26). Au milieu des brouillards des débuts d’année, à nouveau elle résonne dans nos foyers.
L’apostrophe nous rappelle à ce en quoi nous croyons quand bien même tout disparaîtrait. L’oser, c’est faire le pari que la désormais célèbre épitaphe « Je suis la résurrection et la vie » peut encore redevenir, pour chacun et chacune, Parole vivante et adressée. Et lorsque nous osons y répondre en partageant à d’autres ce qui aujourd’hui en cette nouvelle année nous fait tenir debout et nous donne l’espérance d’aller plus loin ensemble malgré les vents contraires et les tentations qu’ils charrient de baisser les bras, c’est alors qu’on voit des montagnes transportées, des grains de moutarde transformés au son de la dernière trompette (cf. 1 Co 15), et pourquoi pas aussi des prières réalisées.