C’était un jour où tout le monde vivait replié
et recroquevillé chez soi,
Un jour si long qu’il semblait presque
qu’il n’y avait eu qu’un jour depuis l’origine du monde
C’était pourtant un jour où le manque
ne cessait de se faire sentir
Le manque comme un vif désir,
et la peur comme répression de ce désir
Qui allait l’emporter
Personne n’osait sur ce point énoncer un pronostic
S’il y avait un manque, c’est donc que des réminiscences
de quelque chose d’avant se faisait sentir
Oui, s’il y a un manque,
c’est le témoignage de quelque chose avant,
quelque chose qui a trait à la vie ou aux raison de vivre
De vides qu’elles étaient peu à peu
se remplissaient les rues et les places
de silencieuses celles ci bruissaient à nouveau de rumeurs
Mais d’où venaient ils tous ces gens
C’est à peine si je me souvenais qu’il pouvait y en avoir tant
C’étaient sûrement des congénères, des semblables
puisqu’ils portaient tous comme moi
la cicatrice/stigmate en tissu qui barrait nos visages
Mais une sereine liesse visible dans les regards
disait ce que les bouches masquées n’exprima
pas seulement le besoin de la fête
pas seulement le besoin de sortir
ni de se désankyloser
mais le besoin de l’autre
On venait d’apprendre que pour vivre
le regard de l’autre était signe de la vie
un langage qui ne se dit pas
qui ne se prononce pas et que nul n’a appris
mais un langage muet
qui nous fait renaitre à l’humanité
Quoiqu’encore intimidée et fragile
la vie reprenait sans cri
mais comme un grand rire
qui redonnait animation à toute chose vivante !
Un souffle nous bouscule et nous porte
il n’a pas de langue maternelle
mais nous fait trouver la langue universelle
Ma sœur mon frère, j’ai trop besoin de toi !
Jean Christophe MULLER, le 20 mai 2021