Le ciel commencerait-il sous la terre ? A travers une petite parabole, Jésus compare le Royaume des cieux à un grain de moutarde : c’est la plus petites des graines, mais une fois semée en terre, elle grandit et devient la plus grande de toutes les plantes potagères.
Ce « Royaume » n’est ni un pays ni un palace et n’a pas grand chose de royal .. Tout petit, presque invisible, il est ce temps de Dieu qui a déjà commencé et qui se déploie, grandit, s’élargit même lorsque nous avons l’impression qu’il ne se passe rien ou que le malheur domine le monde.
Peut-il sortir quelque chose de bon d’une graine aussi minuscule , d’une semence aussi insignifiante, de ce qui ne paye pas de mine ?
En étudiant la parabole de Jésus au cours de cet après-midi ensoleillé de novembre, les enfants ont découvert que l’intervention de Dieu commençait sous terre.Le grain disparaît, et pendant un certain temps, on ne voit rien. Tout le « travail » sous terrain nous échappe. Ce qui se passe avec le grain ne nous appartient pas.
C’est le travail sous-terrain de Dieu qui travaille dans l’ombre. C’est donc minuscule au départ, ça n’a l’air de rien, mais ensuite cela devient grand, ouvrant les bras de ses branches, au point que les oiseaux du ciel viennent s’abriter et faire leurs nids.
Et si cet arbuste (moutardier) avait quelque chose à voir avec nous , avec nos vies ? Et si cet arbre qui étend ses branches vers l’extérieur nous disait quelque chose sur notre foi, notre communauté, sur notre manière d’être et d’accueillir ?
C’est pourquoi les enfants ont commencé leur séance de caté par une visite à la Maison de santé protestante juste en face du temple du Mas des Abeilles. N’avons -nous pas un chemin qui nous relie et des jardins en partage ?
Une vingtaine de résidents, la plupart en fauteuil roulant, ont reçu les enfants venus leur offrir un grand pot de terre apporté sur des roulettes. Ensemble, ils ont semé des graines de moutarde et arrosé le pot. L’émotion était grande. Les résidents étaient émerveillés de voir autant d’enfants.
Ces derniers sont ensuite retournés au temple pour découvrir la parabole du grain de moutarde (Marc 4, 30-32). Puis, les enfants sont repartis, cette fois pour aller semer des grains dans le jardin, à l’entrée de la Maison de santé. C’est un petit espace de terre qu’ils ont balisé de galets sur lesquels chacun a inscrit son prénom.
Disons-le : ce n’est pas seulement de la moutarde qui a été semée ce jour-là, mais aussi de la patience et de la confiance. Connaissez-vous ces ingrédients ? De quelle taille peuvent-ils être ?
Si la parabole insiste sur la petitesse du grain, c’est pour nous mettre en garde contre la tentation de vouloir aller trop vite, de brûler les étapes, d’essayer de tirer sur les jeunes tiges pour les faire pousser plus vite. Il y a d’abord une vie cachée avec le Seigneur dont nous ne connaissons pas la durée, un travail dans l’ombre, une action souterraine de Dieu.
Le grain de moutarde grandit de façon discrète, secrète, voire : à notre insu. Le rythme de Dieu n’est décidément pas le nôtre..
Au cours du culte inter-génération qui a suivi, les enfants ont chanté « si tu as de la foi comme un petit grain de moutarde » , magnifiquement orchestré par Caroline. La prière d’intercession qui a suivi fut partagée avec les mots des enfants, inscrits sur les ailes d’oiseaux colorés que chacun avait apporté. C’est alors que l’arbuste lui-même s’est mis à chanter !
Accompagné tout au long du culte par un pianiste et deux jeunes violonistes, l’assemblée a participé joyeusement elle aussi à cette expression de prière de louange.
Au fond, le royaume de Dieu est toujours en mouvement, et ne cesse de grandir et de venir à nous.
Offert à tous, sans condition. Lui faisons -nous confiance ?
D’autre part, sommes -nous prêts à ouvrir nos branches pour accueillir les oiseaux du ciel , surtout quand ceux qui cherchent à s’abriter sont de drôles d’oiseaux ?
Titia Es-Sbanti
Extraits de la prédication donnée au culte inter-génération le 9/11/2019 au temple du Mas des abeilles.