Ce qui nous arrive, ce qui advient !
Quand nous sommes essoufflés, quand nous ne savons plus où donner de la tête,
quand nous n’avons plus envie de nous laisser entraîner par de faux espoirs,
quand nous nous sommes résignés à n’avoir pas d’espoir,
quand la confiance est devenue inaccessible,
quand plus aucun dialogue n’est possible,
quand soupçon, méfiance ou résignation sont devenus nos nouveaux maîtres…
Où est la vie ?
Tout semble s’être refermé et sans issue !
On s’en émeut, et puis, on s’y résoud…
Que reste-t-il comme place dans nos vies pour accueillir et rencontrer,
pour croire et laisser agir, bondir en nous cette Parole vivante qui advient ?
Avec cet évènement de la Nativité,ce qui surgit est une surprenante rencontre, bouleversante,
qui nous appelle à un émerveillement à nul autre pareil !
Nous célébrons cela d’année en année, mais il est bon que nous prenions le temps de recevoir le sens de ce qui est arrivé, et de le méditer en nos cœurs.
L’Evangile de Luc nous raconte comment Dieu, le Puissant, vient se révéler au cœur de nos vies bouleversées par la naissance dans l’anonymat d’un simple petit enfant. A la jeune fille Marie est proclamée une Parole qu’elle accepte de recevoir, se faisant ainsi la pionnière de celles et ceux qui dans l’histoire vont témoigner que Jésus de Nazareth est cette Parole/Action par laquelle le Vivant se manifeste dans l’histoire pour faire de nous ses enfants, transformant la relation religieuse ou sacrée en une relation d’intimité qui nous ouvre à la vie et à l’espérance possible.
L’Evangile de Matthieu nous raconte que la Parole que Dieu prononce est une Alliance sans cesse renouvelée au travers de tant de générations. La promesse et les Alliances passées « aux grands jours d’autrefois » ne restent pas lettre morte : dans l’aujourd’hui de nos impasses, quand il nous semble que nous sommes abandonnés, sans futur probable, le commencement d’une aventure nous entraîne vers la venue du Royaume. Et, par la puissance d’un rêve, il invite Joseph à faire accueil à l’enfant à naître.
L’Evangile de Jean nous dit que la Parole est venue faire sa demeure parmi les humains, dans leur précarité ! La Parole/Action qui est à l’origine de toute vie ne se satisfait pas de son Eternité Toute Puissante : elle vient prendre corps dans le fragile éphémère. Dans la densité de la nuit du monde la lumière aimante déchire peu à peu le voile qui nous ensevelit pour nous faire participants du «matin qui vient »
L’Evangile de Marc ne nous en dit rien ! Manière de ne pas nous laisser prendre par la tentation de « prouver » par quelque surnaturel miraculeux quand nous voulons rendre compte de cet événement, et rappeler que quand Dieu vient, c’est dans l’anonymat de l’histoire des multitudes, des gens comme tout le monde !
Mon portail, mes portes, mes volets, tout mon être intérieur sont-ils disponibles à cet Autre déjà proclamé par les promesses ? Ai-je encore un peu de place ou quelque envie pour le recevoir ? Un peu de temps à lui consacrer ?
Pourtant, dans la rencontre, si j’en prends le temps,si je m’ouvre à l’inattendu avec confiance,un commencement m’est annoncé, et un émerveillement devant le jour nouveau qui se présente à moi !
Rencontre bouleversante avec le Dieu qui m’aime et m’invite à aimer ! C’est la grille de lecture avec laquelle nous devons vivre l’actualité pour discerner comment vivre avec nos contemporains.
Je suis invité à vivre de mon humanité, avec mes frères et mes sœurs, non comme une fatalité, mais comme le commencement de la réalisation des Jours Heureux.
Jean-Christophe Muller, 16 décembre 2021