Chaque année, à la fin octobre, nos rues se remplissent de fantômes, de squelettes et de citrouilles. Halloween, cette fête venue d’ailleurs, est désormais bien installée dans notre paysage. Les enfants s’en amusent, les commerçants s’en réjouissent, et beaucoup d’adultes y voient un moment de légèreté dans la grisaille d’automne. Et pourtant, derrière le jeu et les déguisements, Halloween parle aussi de la peur : peur de la mort, peur de ce qu’on ne comprend pas, peur de ce qui échappe à notre contrôle.
Quelques jours plus tard, la Toussaint vient répondre à cette peur d’une tout autre manière. Là où Halloween met en scène la mort, la Toussaint parle de vie — de la vie en Dieu, de la communion des saints, de celles et ceux qui nous ont précédés dans la foi. Dans la lumière douce des bougies et le silence des cimetières, cette fête nous invite à la mémoire reconnaissante, à la confiance et à l’espérance.
Et nous, protestants, où nous situons-nous entre ces deux univers ?
Nous ne célébrons pas la Toussaint au sens catholique, et encore moins Halloween dans son folklore macabre. Mais nous croyons, avec l’apôtre Paul, que « ni la mort ni la vie […] ne pourront nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ » (Romains 8,38-39). En cela, nous avons peut-être une parole singulière à offrir : une parole de liberté face à la peur, et de sérénité face à la mort.
Novembre n’est pas seulement le mois des tombes et des feuilles mortes. Il peut être aussi celui de la reconnaissance : reconnaissance pour celles et ceux qui nous ont aimés, témoins de la foi ou simples compagnons de route ; reconnaissance pour la vie reçue, qui demeure un don à chaque instant.
Alors, que ce mois de novembre nous apprenne à traverser la peur avec espérance, et à regarder la mort avec confiance. Non pas en la niant ou en la tournant en dérision, mais en croyant qu’en Christ, la lumière est plus forte que toutes les ombres.
Rédouane Es-Sbanti
Editorial du Journal de l’Eglise française de Zurich- Octobre 2025
photo : © Gadgemayur