C’est autour d’un apéro de graines de courge,tournesol, pavot,moutarde que sept catéchumènes ont préparé leur baptême et confirmation à Nîmes… Heureusement pour eux , il y avait aussi quelques chips !
Mais enfin, quel rapport y a t-il entre des graines et des catéchumènes (à part le fait que ça rime) ?
Réponse : une parabole ! Tenez, écoutez, si vous avez des oreilles pour entendre.
Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord du lac de Galilée. Une foule très nombreuse se rassembla autour de lui, si bien qu’il monta dans une barque et s’y assit. Il était sur le lac et toute la foule était à terre, sur la rive. Il leur enseignait beaucoup de choses en utilisant des paraboles et il leur disait dans son enseignement : « Écoutez ! Le semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie des grains tomba au bord du chemin : les oiseaux vinrent et les mangèrent. Une autre partie tomba sur un sol pierreux où il y avait peu de terre. Les grains poussèrent aussitôt parce que la couche de terre n’était pas profonde. Quand le soleil se leva, il brûla les jeunes pousses et, faute de racines, elles se desséchèrent. Une autre partie des grains tomba dans les ronces. Celles-ci grandirent et étouffèrent les bonnes pousses, qui ne produisirent rien. Mais d’autres grains tombèrent dans la bonne terre ; les plantes poussèrent, se développèrent et produisirent des épis : les uns portaient 30 grains, d’autres 60 et d’autres 100. Jésus disait : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » (Marc 4, 1-9)
Combien de fois avons -nous simplifié à l’extrême cette parabole en la coupant en quatre terrains’ ! Comme si la ‘bonne’ terre était une zone bien délimitée, un espace ‘pur’, sans aucun corps étranger, sans relief, sans obstacle, sans diversité aucune. Si c’est le cas, alors cette dite «bonne» terre n’a rien à voir avec nous et n’a rien à nous dire. Plus encore : chaque fois que les humains ont imaginé une terre «bonne», sans pierre ni ronces ni rien, ils ont créé des murs et pratiqué la séparation, allant de la discrimination à la purification qui ont donné au cours de l’histoire ce que l’on sait…oubliant qu’un humain-terrien est constitué de tous les éléments cités dans la parabole, oubliant qu’il n’existe qu’une seule terre, de même qu’il n’y a qu’un seul soleil et que celui-ci brille pour les bons comme pour les méchants, et que la pluie tombe indifféremment sur tous, sans faire le tri. Et puis, qui aurait le culot de dire « je suis la bonne terre » ? Et qui pourrait affirmer « je ne suis que caillou » ? Une ‘mauvaise’ herbe, ne l’est que jusqu’au jour où on lui découvre une vertu.
Autre chose à relever dans cette parabole : ce dont la terre est composé ne préoccupe nullement notre Semeur. Celui-ci sème à profusion, sans regarder quelle partie du sol sera réceptive et quelle autre non. Il est généreux et pas calculateur pour un sou. Il sème à tous vents, sans faire le tri. Il donne son temps, ses forces, sa vie.Il donne et se donne sans compter. Il aime la terre, toute la terre, y compris ses coins les plus sombres. Avec l’humus et les cailloux, les tiges et les ronces, les fleurs et les herbes folles. Il est venu pour tous, pour le bon grain comme pour l’ivraie. Pour le sage comme pour le sot. Il a marché dans les plaines et sur les collines.Il a parcouru les chemins durs de la vie humaine. Il est mort sur un rocher, couronné d’épines. Le 3ème jour, Il est ressuscité : Blé nouveau, sorti de terre, pour que les humains aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance. Sa mélodie préférée ? Je sème, tu sèmes, ils sèment,..je t’aime.
Et que sème t-il ? Une Parole de Vie, puissante parce que venue d’En -haut, et en même temps fragile, parce que les destinataires, c’est nous. Avez- vous des oreilles ? demande t-il . Avez -vous envie d’entendre, de recevoir ? Allez -vous laisser la Parole de Dieu s’enraciner dans vos cœurs ? Une parole qui, en apparence, ne paye pas de mine, puisqu’elle nous arrive comme un grain jeté en terre, un peu partout et dans tous les sens. Rien de grandiose !
L’Evangile nous arrive donc au départ comme une offre minuscule, presque insignifiante. Telle est la manière de Dieu. La Bible le disait déjà 1000 ans auparavant dans le passage choisi par les parents pour le baptême d’Etienne : « l’homme regarde à ce qui frappe les yeux mais l’Eternel regarde au cœur ». (1 Samuel 16, 7)
La Parole de Dieu est donc d’apparence discrète, toujours donnée, jamais imposée. Elle va se frayer un passage dans les cœurs, là où on lui laisse une place. Et grandir de la façon la plus intime qui soit : sous terre, en secret, à l’abri des regards. On l’appellera foi, confiance, amour : tous ces mots sont justes mais aucun ne suffit à dire cette mystérieuse présence qui grandit à l’intérieur et qui, un jour, va sortir de terre et se dire …au grand jour. Un grand jour comme aujourd’hui, puisque deux jeunes ont décidé de témoigner, ce que le jeune Etienne fera peut -être lui aussi un jour, à sa manière.
Finalement, le parcours du grain de blé de la parabole n’est -il pas à l’image de votre parcours de foi, Mathis et Samuel ? A l’image du chemin que l’on propose de vivre aux enfants dès leur jeune âge, dans un jardin biblique où l’on peut butiner et bourdonner en toute liberté autour des récits de la Bible avant de prendre son envol…
Enfin, ce qui compte peut-être plus que toute autre chose dans cette parabole, c’est que le Christ Semeur qui aime la terre, toute la terre, avec tout ce qu’elle contient, peut se servir de tout. Y compris de ce sol dur, têtu, imperméable que nous pouvons être certains jours quand nous sommes mal lunés, mal tournés. Y compris de ce sol pierreux, blessant, superficiel, que nous pouvons être aussi , certains jours. Car oui, nous pouvons être à la fois vivables, aimables, capables de bonté, de patience, de service, mais nous pouvons aussi être invivables ! Nous sommes ce mélange mal dosé d’insupportable et de délicieux, de décourageant et de prometteur.
Ce qui est merveilleux, c’est que le semeur de l’Evangile ne fait pas le détail. Il nous aime tels que nous sommes. Il ne méprise rien en nous et s’approche de nous tout entier. Tout ce qui en nous est fermé, endurci, l’intéresse : les épines, les cailloux, les creux, les bosses ! Il nous dit :« Ne dis pas de toi qu’il n’y a rien à faire. Moi, ton Seigneur, je crois, j’attends, j’espère, je sème là où, à vues humaines, il est impossible qu’il pousse quelque chose.
Oui, le Christ -Semeur s’adresse à chacun, jusqu’au plus petit caillou , jusqu’aux herbes les plus ‘folles’. A nous de faire pareil… Etienne a déjà commencé, lui qui aime tant les ballades et s’émerveille si facilement qu’il fait de toute pierre trouvée sur son chemin un sujet de louange. Ce qu’il appelle un « caillou-trésor ». Etienne, de belles promenades dans la Bible t’attendent d’ici quelques années. Tu y découvriras , en grandissant, beaucoup de « cailloux-trésors ». A commencer par le plus grand appelé Jésus.
A fréquenter ce trésor-là, on devient joyeux et..c’est contagieux. C’est le cas d’Etienne qui s’émerveille, de Mathis qui aime rendre service, et de Samuel qui aime questionner les Ecritures !
Le Christ n’a t-il pas dit à ses disciples : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » ? Franchement, quand la joie est au rendez-vous, on est, sans aucun doute, sur le bon chemin.
Amen
Titia Es-Sbanti.
Prédication du 13 juin 2021.
Temple du Mas des abeilles.
Culte avec baptêmes et confirmation : Etienne, Samuel, Mathis.