Dette : Ce que l’on ne comprend pas …moi, pas beaucoup plus
Notre bonne vieille Terre a trois milliards, quatre milliards ou cinq milliards d’années.Le consensus penche vers quatre milliards ; tout le monde s’en fiche.
Notre bonne vieille dette s’élèvera, à cause de la crise sanitaire, à 2.800 milliards, 3.000 milliards ou 3.200 milliards d’euros. Le consensus penche vers 3.000 milliards ; tout le monde s’en fiche.
Du fait de la crise sanitaire, les milliards d’euros que l’on nous annonce tous les jours devoir se déverser sur les agents économiques, particuliers, entrepreneurs, entreprises, et sur les Services publics paraissent à tous d’origine miraculeuse et mystérieuse. Si miraculeuse et mystérieuse, que d’aucuns a renoncé à en en trouver l’origine et se contente d’entendre, sans vraiment comprendre, que ‘’la dette’’ explosera.
Or s’il y a dette, il y a créance. Et si on parle beaucoup de la dette, on ne parle jamais de la créance. L’utopie parfaite serait que la dette et la créance soit détenues par le même agent, débiteur et créditeur. Utopie heureuse car plus de problème, quelle importance de se devoir de l’argent à soi-même. Utopie peut-être un peu, et cela n’est jamais clairement mesuré, si c’est l’épargnant français qui détient une partie de la dette française.
Si l’on veut bien considérer que l’argent est du travail en conserve, un droit de tirage sur le travail des autres, une créance de celui qui en a sur celui qui n’en a pas et qui va faire profiter au premier du fruit de son travail (il a une dette de travail), on voit que la dette de la France détenue par les français n’est pas un problème en soi, si ce n’est le souci d’une politique socialement acceptable.
On note qu’à l’échelle de la planète, le raisonnement est le même avec, outre le souci d’une politique socialement acceptable, le souci de l’indépendance nationale car qui détient une créance détient une arme.
Une autre partie de la dette (combien ?) est la création monétaire qui, mécaniquement, créera son propre mécanisme de remboursement par l’inflation générée qui ‘’ mangera’’ la valeur des titres de créance. Ah ! Battre monnaie, monnaie reconnue par les tiers, le rêve absolu.
Tout se complique si l’on veut bien considérer qu’il y a partout dans le monde, deux argents : l’argent de flux et l’argent de stock.
L’argent de flux mesure la valeur d’un travail, l’argent de stock mesure la valeur d’un bien.
Tout se complique car ces deux argents se mélangent et les crises sont générées par leur choc quand il n’est pas maitrisé.
En 2008, il a fallu injecter de l’argent de flux dans les bilans des banques dont les actifs, argent de stock, s’étaient dépréciés : l’argent de flux qui fonde l’activité économique (l’échange) s’est trouvé aspiré et la machine s’est arrêtée.
La dette émise par création monétaire va-t-elle augmenter la masse d’argent de flux ou nourrir l’argent de stock ?
Il y a urgence à comprendre et à faire comprendre pourquoi ce qui paraissait impossible avant la crise sanitaire l’est désormais. Pourquoi l’argent, que l’on n’avait pas, semble désormais inépuisable. Et à prendre conscience que seul le génie des hommes à trouver, finalement, une bonne organisation entre eux permettra de surmonter cette crise économico-sanitaire puisque contrairement aux guerres, les moyens de produire ne sont pas détruits. La solution du problème est dans nos têtes, pas dans nos mains.
Les bons économistes savent toujours expliquer pourquoi ils se sont trompés. Nous recherchons d’excellents économistes qui travaillent le couple dette-créance, en mettant en face de la dette les différents types de créances ; que leurs travaux puissent éclairer le Politique qui guide, ou devrait guider, l’action de tous les pouvoirs publics.
Alain Penchinat, Chef d’entreprise. Nîmes, 16 avril 2020 –
texte publié dans le Courrier des Lecteurs du journal protestant REFORME du16/04/2020