Dimanche 16 juin 2024, la paroisse de la Fraternité inaugurait la fresque qui désormais vous ouvre ses bras lorsque vous pénétrez le jardin du 7 rue Antoine Delon, une fresque qui a transformé un long mur gris en une parabole haute en couleurs !
Le culte festif a tourné autour de cette « parabole » et la pasteure Iris Reuter nous a embarqués dans un cheminement de lecture d’image de la fresque. Voici :
« Le temps passe vite… il y a un an encore, ce mur-là était nu, fait de parpaings gris. Aujourd’hui, il resplendit en couleurs, grâce à beaucoup de personnes de tout âge, qui ont participé à ce projet de peinture. Mais.. le chemin a commencé bien avant de voir des couleurs sur ce mur, il y a presque deux ans ! Tout a commencé par un ‘tilt’ – une idée est née. Cette première étincelle d’idée en a fait pétiller d’autre et ensemble nous avons commencé à réfléchir.
Nous, c’était tout d’abord une petite équipe, avec des personnes ressources, compétentes pour construire le projet de peinture murale. Ensemble, nous avons commencé à tracer les grandes lignes… pas encore sur le mur, mais dans nos têtes. En fait, on pouvait pas tellement prévoir ce qui allait se passer, parce que tout a surgi par la créativité de notre groupe, jeunes et vieux ensemble.
Alors, avec tous ceux et celles qui se sont engagés dans cette aventure collective, nous avons d’abord visité les peintures murales dans les quartiers Gambetta à Nîmes : une découverte pour beaucoup parmi nous !
Puis, de mois en mois, nous étions guidés dans des ateliers d’écriture, puis de dessin sur nos chemins de vie. Ah, je ne sais pas peindre, se disait l’un ou l’autre … la preuve du contraire se trouve sur le mur ! On se découvre des dons quand on s’y met ensemble !
Ensemble nous avons choisi le thème de la peinture : de l’ombre à la lumière. Un thème presque universel ! Qui ne peut parler d’ombres et de lumière sur son chemin de vie ?
Et puis, petit à petit, d’étape en étape, nous avons constitué un grand croquis collectif. Nous avons réunis des éléments des dessins des uns et des autres pour exprimer le cheminement de l’ombre à la lumière. Voilà le chemin de la première année. Et puis, des lutins se sont mis à l’oeuvre : préparer l’enduit du mur, projeter le croquis sur le mur et dessiner les contours. Et voilà, octobre arrivé, le grand moment du premier coup de pinceau, sur la ‘Frat-à-tous’, notre temple au centre de la peinture. De mois en mois, au gré de la météo, le mur se remplit de couleurs, lors de quelques après-midi joyeux.
Aujourd’hui, nous sommes heureux de partager cette expérience sur ce chemin de l’ombre à la lumière.
Comme je disais toute à l’heure, c’est un thème universel, ce chemin -là. Un thème qui est repris sous plein de facettes différentes dans la Bible aussi : la première œuvre créé par Dieu était la lumière, nous raconte la Bible, lumière qui vient percer dans le chaos originel et ses ténèbres. Quand la Bible parle de ténèbres, elle le fait le plus souvent dans un sens figuratif : ce sont les puissances du mal, l’ignorance, le péché. Tout humain sait, combien les ténèbres, l’obscurité peuvent créer des dangers imaginaires ou augmenter des terreurs réels. Qui n’a jamais eu peur dans la nuit ? La nuit, c’est aussi la tristesse, le désespoir, la souffrance, l’angoisse, le stress, les addictions…
Qui ne cherche pas la lumière dans ses ténèbres ? La lumière qui est associé à Dieu dans la Bible, et qui est venue dans le monde par son fils Jésus Christ, qui dit : Je suis la lumière du monde.
De l’ombre à la lumière… un chemin qu’on suit pas qu’une seule fois dans sa vie, il est presque cyclique. Chercher la lumière au milieu des ombres.. mais par quel chemin ?
Comme chaque texte biblique a besoin d’interprétation, notre peinture aussi a besoin de quelques explications. J’aimerais donc maintenant juste quelques instants vous faire suivre notre chemin de l’ombre à la lumière. En fait, cette peinture est presque une prédication collective, dont je me fais le porte-voix aujourd’hui.
Ça commence au fond, à droite :
Face à un gros nuage noir et orageux un bonhomme cherche son chemin, un peu désemparé devant un grand poteau avec des pancartes dans tous les sens. Quel chemin prendre ? Il commence à marcher, passe devant un grand arbre pour une pause à l’ombre. Il s’oriente grâce à un phare, qui le mène au centre de la peinture : la maison commune, qui symbolise le temple.
Au sein du groupe, le nom de la ‘Frat-à-tous’ a surgi : j’aime bien ce jeu de mot, parce qu’il en dit long de ce que nous cherchons à vivre et à construire tout au long de l’année ici, à la Frat’ : l’accueil de chacun et chacune dans ses questionnements, la confiance nourrie et partagée, l’accueil aussi de personnes migrantes, hébergées pour un temps ici. Même si leurs chemins continuent ailleurs, la Frat’ reste leur maison, où ils reviennent avec plaisir. Le passage dans la Frat’à-tous nous indique le chemin de la Fraternité – vous verrez le mot en arabe, en pashtou (Afghanistan), en malgache, en tadjik et en français – une fraternité qui transcende les notions de frontière ou d’origine !
Mais continuons à suivre le bonhomme. …De la Frat-à-tous il poursuit son chemin qui se transforme en arbre, qui fleurit en coeurs multicolores. Certains de ces coeurs sont en argile : on les a confectionné l’année dernière à la Bécède, notre oasis en Lozère… où on vit aussi des instants de lumière, comme cette farandole de petits personnages, main dans la main.
Si nous allons un peu plus loin, nous arrivons à la croix ; Deux autres personnages marchent main dans la main, ils lèvent leurs yeux vers cette croix qui nous conduit vers le bouquet final : une spirale colorée et lumineuse. Comme pour signifier notre espérance que toutes les ténèbres de nos vies et de notre monde seront englouties dans un mouvement coloré et lumineux.
Et encore, un dernier élément, qui revient tout au long du chemin. Le motif des pieds en sandales, pieds d’un marcheur sans visage.
Ce marcheur, qui accompagne nos routes, sur les chemins toujours renouvelés de l’ombre vers la lumière. Nous avons choisi de représenter ses pieds seulement pour mieux dissimuler la multiplicité des visages derrière lesquels il se révèle.
C’est celui qui nous accompagne dans la vallée de l’ombre de la mort, celui qui porte nos ombres pour nous amener à la lumière, la joie, la fraternité et à l’espérance colorée.
Ecrite en rouge, sur les murs de la vie, elle se nomme Liberté
Ecrite en transparence dans les yeux des enfants, elle se nomme : Vivre
Ecrite en bleu sur le gris de nos existences, elle se nomme Horizon
Ecrite en demi-teinte sur le visage des personnes seuls, elle se nomme Amour
Ecrite en rose sur le chemin de nos mains, elle se nomme Fraternité
Ecrite en arc en ciel sur le soleil couchant, elle se nomme Demain.
Amen
Iris REUTER, prédication du 16 juin 2024