Un Romain au culte des confirmations et baptêmes ? A Nîmes, ça va de soi !
Le dimanche 16 juin, au temple de la Fraternité, ce fut même l’invité surprise, témoin des engagements prononcés par les 5 catéchumènes. Etrange, penseront certains : ces jeunes auraient-ils besoin d’une garde rapprochée ? d’une protection particulière ? ou d’une surveillance accrue ? Non non, rien de tout cela ! Accueillis solennellement dans l’Eglise qui les considère désormais comme « adultes dans la foi », chacun d’eux a pris la parole de façon personnelle, forts de cette magnifique liberté des enfants de Dieu.
Envoyé par un certain Paul, le soldat Romain a témoigné lui aussi, à sa façon, au travers de sa tenue…
Voici la prédication donnée par la pasteure Iris REUTER. Elle s’est tellement bien occupée de lui qu’on peut dire c’était plutôt le Romain qui était sous haute surveillance.. Le texte est extrait de la Lettre aux Ephésiens, chapitre 6,versets 10 à 18 :
Enfin, puisez votre force dans l’union avec le Seigneur, dans son immense puissance.C’est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu. Ainsi, dans les mauvais jours, vous pourrez résister, et après avoir bien lutté, vous resterez debout. Alors, debout ! Prenez la vérité comme ceinture, mettez la justice comme cuirasse. Prenez comme sandales l’ardeur/ l’élan pour annoncer la Bonne Nouvelle de la paix. Toujours et partout, prenez le bouclier de la foi. Avec lui, vous pourrez éteindre les flèches brûlantes de l’esprit du mal. Recevez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit Saint, c’est-à-dire la parole de Dieu. Priez sans cesse. Faites toutes vos prières et vos demandes par l’Esprit Saint ! Soyez bien attentifs et priez toujours fidèlement pour tous les chrétiens.
Chères Alix, Anne, Louise et Rachel, cher Thomas : ça y est, vous avez été baptisés ou vous avez confirmé votre baptême. C’est un pas important dans votre vie et un témoignage pour nous tous, rassemblés ici aujourd’hui, car cette démarche que vous venez de faire ne va pas de soi dans notre monde d’aujourd’hui !
J’avoue que je suis émue d’avoir vécu ce moment avec vous. Emue parce que vous, les catéchumènes de la Frat’, vous êtes la première génération que j’ai accompagné avec Hélène dès le début de votre catéchisme, puisque ma 4ème année en tant que pasteure ici s’accomplit cet été. Mais je ne suis pas la seule à être émue : c’est un moment fort pour vos familles en particulier, pour ceux qui vous ont accompagnés -certains depuis l’Ecole Biblique et aussi un moment fort pour nous tous en tant qu’Eglise : les versets que vous avez choisis sont l’expression du cheminement que vous avez fait tout au long de ces années, et de ce qui a grandi en vous tout au long des moments partagés : les samedis ou dimanche KT, les cultes, (j’ai bien noté que vous aimez particulièrement les « cultes café-croissant ») et surtout les discussions qui nous ont réunis autour de textes bibliques et thèmes de la foi.
Il y a trois semaines, nous avons passé une soirée et une journée chez les sœurs de Pomeyrol pour préparer vos baptêmes et vos confirmations. A la veillée, un invité surprise nous a rejoint – il est ici parmi nous – Pour l’instant, on n’en voit que la silhouette.
L’apôtre Paul, l’auteur du texte que je vous ai lu, présente ce dont le croyant a besoin pour avancer et cheminer dans la foi. Il a cherché à le faire dans un langage accessible à ses auditeurs. Vivant à l’époque de l’Empire Romain, il a choisi d’habiller cette silhouette avec l’équipement d’un soldat romain : ceinture, cuirasse, casque, épée et chaussures. Mais, tout en faisant cela, il a décalé l’interprétation en transformant les armes de guerre en ‘armes de paix’, des armes spirituelles.
Aujourd’hui, on ne choisirait pas un légionnaire romain pour habiller la silhouette du croyant ! Mais les « armes spirituelles » qui l’accompagnent parlent de tous temps. Nous avons fait l’exercice ensemble lors de la Retraite des catéchumènes à Pomeyrol, en compagnie de quelques membres du groupe de jeunes venus participer à cette veillée.
Commençons, selon l’ordre du texte biblique, par la ceinture. L’apôtre y associe « la vérité comme ceinture». Vous catéchumènes, vous avez mis l’amour.
La ceinture sert à contenir et soutenir la personne. Ainsi, la vérité comme l’amour sont ce qui tient debout,ce qui est solide et fort, ce qui donne solidité et force dans une vie. Ce qui fait sens et donne sens : la vérité et l’amour. Les deux sont liés, car il n’y a pas de vérité sans amour, ni d’amour sans vérité.
Ensuite, l’apôtre revêt la silhouette avec la cuirasse de la justice. La cuirasse protège le tronc et ses organes vitaux : le cœur, les poumons, la colonne vertébrale et bien d’autres. C’est la partie qu’on dirige vers l’autre : ainsi, la justice est tournée vers l’autre, elle consiste à chercher des relations justes avec Dieu et notre prochain.
Pour Dieu, la relation juste avec nous, c’est qu’il nous accueille et nous aime sans conditions.
Cet amour nous met dans une relation juste avec nous-mêmes : s’accepter, s’assumer, se pardonner
et ainsi pouvoir faire de même avec l’autre.
La cuirasse est complétée du bouclier : le bouclier de la foi. Il sert à se protéger. Oui, avez-vous dit, quasi à l’unanimité, la foi est un bouclier, une protection. Tout comme la confiance, l’amour et l’honnêteté que vous y avez associés.
Et puis, le casque du salut : c’est là que c’était le plus difficile à sonder pour vous : le salut… la relation à Dieu.
L’apôtre l’associe à la tête, considérée comme la partie la plus importante et précieuse du corps.
Le salut, nous l’avons dit, vient du verbe sauver, qui veut dire aussi garder, guérir, libérer. Etre sauvé, être gardé dans cette relation avec Dieu, effectivement, nous libère pour la vie : pour le respect d’autrui, la confiance, pour aimer et défendre son prochain.
Qu’est-ce qui manque à notre Romain ?
Eh oui, l’épée, c’est l’arme qui agit vers l’autre, ou plutôt le bras tendu vers l’autre dans l’interprétation pacifique qu’en fait l’apôtre : il dit que c’est la Parole de Dieu inspirée par l’Esprit.
Cette parole est une parole de paix, comme il le précise un peu plus tard.
Vous, catéchumènes, y avez associé le sourire, le courage, l’amour, la non-violence et la compréhension.
Effectivement, si vous allez armés ainsi vers l’autre, vous êtes portés par l’esprit et la parole de Dieu.
Pour compléter l’équipement de notre silhouette, il ne nous manque plus que les chaussures : elles nous permettent de nous approcher des autres, de faire du chemin, d’avancer. L’apôtre y met l’élan que donne la bonne nouvelle de la paix.
Pour vous, les chaussures permettent de suivre Jésus comme un guide. Et d’être, sur ce chemin, bien dans ses baskets, pour rencontrer les autres, avec générosité et dans l’entraide mutuelle.
Lors de notre WE à Pomeyrol, nous avons approfondi ce thème des chaussures de la foi. Ressembleraient-elles à des chaussures du dimanche, mises pour des occasions particulières et solennelles ? Ou à des bottes de pluie pour traverser les boues de l’existence ? Ou à des tong qui font penser au bien-être des vacances ? Eh non, vous étiez unanimes : les chaussures de la foi, ce serait des baskets : blanches ou couleur jaune-cheddar ou rouge, ce sont vos chaussures préférées. Les baskets sont pour vous les chaussures de la foi, car ils permettent d’aller partout, sur tout terrain. Vous les mettez tous les jours, car ils sont basiques et confortables. Mais -avons-nous demandé – la foi est -elle confortable ? Oui et non, avez-vous répondu. OUI, parce que vous vous savez accompagnés, la foi vous aide à avancer et à faire les bons choix, prier fait du bien, croire permet de se pardonner à soi-même… Et NON, parce que croire vous remet en question aussi, notamment sur le plan éthique. Croire en Dieu vous interpelle – pour la plupart – sur votre manière d’être et d’agir dans votre vie. Et là, ce n’est pas toujours confortable de reconnaître ses erreurs, ses manquements.
Et voilà notre silhouette habillée, prête pour avancer sur son chemin !
Une fois le Romain équipé, l’apôtre Paul continue : « Priez sans cesse, faites toutes vos prières par l’Esprit Saint. Soyez bien attentifs et priez toujours fidèlement pour tous les chrétiens. »
Nous avons vu une vie de prière intense chez les sœurs de Pomeyrol…. Ce n’est pas pas forcément la tasse de thé de tout le monde : certains ont trouvé que « c’est trop », d’autres ont été à l’aise dans cette manière de vivre la foi. Les sensibilités sont différentes et la voie des sœurs est effectivement un chemin particulier. Mais quand l’apôtre parle de la prière, il ne demande pas à chacun de suivre cette voie particulière : il encourage plutôt à rester connecté à Dieu dans toutes circonstances de la vie, et pas littéralement à chaque instant
La prière– vous l’avez peut-être noté-, ne fait pas partie de l’équipement du Romain (du croyant). Prier c’est plutôt garder le lien intime et personnel avec Dieu, celui qui nous équipe pour le chemin de vie et nous fait avancer sur ce chemin.
Chers catéchumènes, prier vous permet de rester en lien avec Dieu, mais aussi avec tous les chrétiens au près ou au loin, qui sont vos frères et sœurs par la foi, votre famille spirituelle, comme nous l’avons dit tout à l’heure. Ainsi, la prière peut être comparée à un internet spirituel – comme le dit le mot internet en anglais : le world wide web, les 3 « w » qui précèdent les adresses internet.
Voilà, nous avons fait le tour du Romain. Mais vous êtes loin d’avoir fait le tour de la foi ! Au contraire, ce pas que vous faites aujourd’hui est une halte sur votre chemin et vous ouvre sur toute votre vie à venir. Que Dieu vous y bénisse, et qu’Il nous bénisse chacun de nous là où il se trouve sur ce chemin. Amen.
Culte préparé par les pasteures du Centre-ville, de la Fraternité et du Mas des Abeilles.