Comme un arbre…

La métaphore de l’arbre est très répandue dans la Bible. Le mot en lui-même y apparaît près de 160 fois. De tous les végétaux, il est sans doute celui qui a le plus fasciné l’être humain depuis les origines. D’abord, il évolue d’une manière spectaculaire puisque d’une petite graine, il peut devenir immense et s’élever jusqu’au ciel. Sa lente croissance est faite de tranquillité. Symbole d’éternité pour ceux dont le feuillage est vivace, mais aussi de régénération pour les caduques qui perdent leurs feuilles en automne, visiblement voués à la mort, mais qui redeviennent verts au printemps.

Porteur de vie, il fournit parfois leur nourriture aux êtres vivants. Il offre gîte et protection aux oiseaux et à d’autres bêtes pour y fonder leure nids et perpétuer ainsi la vie. Dans sa forme et sa posture mêmes, l’arbre rappelle celles de l’être humain: Les pieds pour les racines, le tronc pour le corps, les branches pour les bras et la cime pour la tête.

Ainsi les auteurs bibliques rapprochent-ils parfois les caractéristiques particulières de certains arbres aux qualités des êtres humains. Le thème de l’arbre fécond affleure en maints endroits de l’Ancien Testament (Ps 52/10; Pro 3/18, 11/30). Celui-ci est comme « un cèdre du Liban à la ramure magnifique »(Ez 31/3), l’autre « comme un cyprès toujours vert » (Os.14/ 9) « qui s’élève vers le ciel » (Sir 50/11).

Le chêne de Mambré reste le symbole de l’hospitalité d’Abraham qui reçut les trois messagers de Dieu sous son ombre (Gen.13/18) et c’est là aussi que lui est annoncée l’incroyable nouvelle: «Tu auras un fils»: De lui, souche desséchée, allait sortir un « rejeton ».

Doué de puissance, l’arbre deviendra la solide poutre du Temple et donc appel à la louange !  Les arbres sont présents pour s’associer à la louange du Dieu qui règne et accomplit son œuvre de salut: «Que la campagne tout entière soit en fête, que tous les arbres des forêts crient alors de joie!» (Ps 96/12). «Sur votre passage montagnes et collines exploseront en exclamations, et tous les arbres de la campagne battront des mains» (Es 55/12).

Un homme sceptique, Nathanaël, sera rejoint et orienté vers la foi par Jésus, qui lui déclara : «Avant même que Philippe ne t’appelle, alors que tu étais sous le figuier, je t’ai vu» (Jean 1/48). Le sycomore de Zachée l’aidera à répondre à l’appel de son Seigneur (Luc 19). Le grand bruissement des palmes de palmier, agitées lorsque le Christ fera son entrée dans Jérusalem, symbolisera le triomphe, l’honneur et la gloire du Roi qui vient.

L’arbre est aussi l’image du croyant en Dieu. Ainsi, nous trouvons entre autres, cette parole du prophète Jérémie 17/7-8: «Béni soit l’homme qui se confie dans l’Eternel, et dont l’Eternel est l’espérance ! Il est Comme un arbre planté près des eaux et qui étend ses racines vers le courant : Il n’aperçoit point la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert; dans l’année de la sécheresse, il n’a point de crainte, et il ne cesse de porter du fruit« .

La première image que renvoie ce texte est que tel un arbre, le croyant est appelé à «enraciner» sa vie dans une permanente proximité avec son Dieu qui le nourrit de l’intérieur, comme la sève qui irrigue continuellement l’arbre. Dieu est ici comme cette eau souterraine, invisible et qui pourtant dispense la vie. C’est de là que le croyant tirera toute sa confiance et son espérance. Le Seigneur devient alors son assurance contre la « sécheresse », l’assurance pour sa vie.

Placer sa confiance en Dieu, ce n’est certainement pas un contrat d’assurance « tout risque » contre la souffrance et le mal sous toutes ses formes. Se confier en Dieu, c’est ne pas perdre pied, même lorsque tout semble vaciller autour de soi, devant la mort, la maladie ou l’épreuve quelle qu’elle soit. C’est croire que Dieu n’est pas enchaîné par les événements de nos vies et qu’Il reste toujours libre, libre de nous régénérer en permanence. Placer sa confiance en Dieu, c’est accepter d’être nourri jour après jour de sa Présence, son Amour, sa Parole et son Esprit.

Non certes, le croyant ne « réussit » pas toujours, mais sa foi le renvoie constamment à cette source rafraîchissante et vivifiante qui renouvelle ses forces et l’aide à toujours recommencer. On remarquera bien que la bénédiction pour celui dont le Seigneur est la seule assurance, ne promet pas au « béni » d’échapper à l’épreuve, mais de devenir comme un arbre qui ne souffrira ni de la sécheresse quand elle advient, ni de la peur. Cet arbre sera toujours vert et donnera constamment du fruit, attestant ainsi de la vie qui le remplit et de la force jaillissante qui unit la terre et le ciel.

Ainsi, dans la sérénité, il trouvera toujours un sens à sa vie. Il se verra en outre, doté d’une liberté d’agir et de se dépenser pour d’autres. Il est alors à l’image de l’arbre qui lance ses branches vers le ciel, s’exposant et s’ouvrant vers l’extérieur, tout en arborant ses fruits pour les offrir à la Création et à ceux qui, animaux ou humains les attendaient pour s’en nourrir. De même le croyant, gorgé de la sève de l’amour de Dieu, est celui qui ne cessera de promouvoir la paix, le droit, la justice, le partage et la fraternité. Dans la terre rocailleuse voire aride des situations les plus adverses, seront semées des graines d’espérance, telles celles cachées dans le fruit et promises à la germination pour produire du fruit à leur tour. « Les arbres du Seigneur sont pleins de sève! » nous dit le Psaume 104/16.

Puissions-nous être, dans le jardin de ce monde, ces arbres pleins de fruits, bons jusqu’à soulager les souffrances, car ils ont puisé l’eau de la Source, en accueillant « tous les oiseaux du ciel », comme le grand sénevé devenu symbole de la communauté des croyants, l’Eglise ! (Mt.13/31).

Et pour continuer la réflexion, voici une citation du pasteur Philippe ZEISSIG, dans son livre Une minute pour chaque jour (volume 1) :

On l’a dit : “En hiver, les arbres sont en bois”, ce qui ne les empêche nullement d’être très beaux. Nous avons tous admiré la beauté, contre un ciel d’hiver, de la silhouette de l’arbre nu, de l’arbre “en bois”. Mais les saisons se bousculent, les arbres se métamorphosent; les voilà beaux d’une nouvelle manière, avec toutes leurs feuilles, avec leur masse immense qui découpe de nouveaux horizons.
Un arbre, et tout est changé : La maison est moins seule, la place du village est plus vivante, l’entrée du chemin est marquée d’une présence. L’arbre est à un seul endroit. Nous, nous voulons être partout. Les nouvelles, les informations nous promènent par toute la terre, mais pour y changer quoi ? Il nous faut revenir à l’idée simple que Dieu nous a placés à un endroit du monde, comme un arbre, et que c’est là d’abord, pour ceux qui sont tout près, qu’il nous faut être une présence bienfaisante, un peu de beauté, un peu de bonheur, et un lien entre le ciel et la terre.

Prière

Seigneur, je suis un être fragile, mais tout attaché à toi, je fais partie de ta lignée;
Et si je porte dans mes branches la marque de mes infidélités,
tu panses mes blessures et tu m’appelles chaque jour à croître.
– Donne-moi d’être robuste pour résister à toutes les violences des vents,
et pour savoir accepter la place que tu veux pour moi.
– Apprends-moi à m’enraciner en toi pour que je puise toute l’énergie qui vivifie et inspire.
– Que je sache tirer de la terre où tu m’as planté ce qu’il convient pour que mes fruits soient un pain quotidien à partager.
Seigneur, quand je me dresse comme un profil d’arbre, tout en tension entre ciel et terre, entre mort et vie, je sais que nous sommes de la même essence et cela m’invite à remplir ma mission : produire de bons fruits quand la saison vient.  Et quand je m’effacerai, quand je serai présenté à la flamme, que mes quelques branches réchauffent encore le corps et réjouissent le cœur, car rien ne se perd et tout t’appartient. Amen    (texte : Claude Caux, Profil d’arbre)

Zohra Mokri,  le 25 avril 2020