Depuis sa création en 2013, le Comité interreligieux nîmois œuvre inlassablement pour l’établissement, la poursuite et le maintien de relations apaisées et amicales entre les différentes communautés spirituelles de notre ville. Nos vœux, d’ailleurs, ne s’adressent pas seulement à ces différentes communautés, mais plus largement à tous les citoyens, membres de notre Cité, quels qu’ils soient croyants ou non croyants. Nous avons en effet la ferme conviction que la diversité d’opinions et de croyances est un facteur majeur qui participe au dynamisme de notre belle cité. Mandatés par les instances dirigeantes de nos différents courants, nous manifestons publiquement, chaque fois que cela est possible, cette conviction qui est la nôtre. Il est important de le dire car cela peut ne pas apparaitre comme une évidence.
En effet, en ces temps où l’actualité ne donne trop souvent à connaitre les différentes religions qu’au travers de leurs minorités les plus intolérantes et extrémistes, nous affirmons que spiritualités et démocratie, spiritualités et diversité, spiritualité et citoyenneté ne sont pas incompatibles.
Au contraire, nous croyons que la quête de cette altérité absolue que nous ne connaissons pas, qui pourtant nous fait vivre et que nous nommons Dieu, peut se faire de façon différente, mais qu’elle mène toujours à la même conclusion, à savoir, nous avons tous une communauté de destin, quels que soient les horizons dont nous sommes issus. Cela nous engage les uns vis-à-vis des autres. Si nous voulons qu’un avenir soit possible, il nous faut apprendre à tisser des liens positifs de fraternité. Cela ne va pas de soi. A ce titre, le premier exemple de fraternité qui nous est donné à connaitre dans le livre de la Genèse n’est pas particulièrement positif puisqu’il s’agit du meurtre d’Abel par Caïn. Ce texte nous montre que cette fraternité-là, rivale et concurrente est une impasse, mais que d’autres relations fraternelles peuvent être mises en place et sont à chercher inlassablement. Si l’on ne choisit pas d’avoir ou non un frère, on peut choisir d’être un frère ou de le devenir. Cela n’est pas toujours évident et facile à vivre, il s’agit pourtant là d’une nécessité impérieuse à satisfaire si nous voulons qu’un avenir commun soit possible. C’est bien cette idée qui, depuis sa création motive l’action de notre Comité interreligieux Nîmois.
Cette tâche importante est à poursuivre avec persévérance tant les oeuvres humaines – et à ce titre les religions en font partie – sont trop souvent polluées par nos égoïsmes, notre soif de pouvoir et notre désir d’hégémonie. Pour nous, membres du CIRN, nous avons le sentiment que nos spiritualités nous invitent à quitter ces voies sans issue pour choisir celles de la justice et de l’amour du prochain qui seules sont promesse d’avenir pour l’humanité.
La philosophe Simone Weil disait à propos de la justice que l’amour du prochain est justice véritable et que la justice véritable est amour. C’est là pour elle l’authentique pensée qui désigne l’homme charitable comme un « juste ».
Alors, que nous souhaiter de plus beau en ce jour sinon de nous sentir portés par cette pensée, la faire nôtre et la promouvoir ?
Bonne et heureuse année à tous.
Bernard CAVALIER , président du Conseil presbytéral de l’Eglise Protestante Unie de Nîmes – Vœux interreligieux nîmois , 5/01/2020
Intervention du père Serge CAUVAS :
« Alors que s’ouvre une nouvelle année, nous nous sommes demandé au Comité Interreligieux Nîmois de quoi a besoin notre monde aujourd’hui et quel peut être l’apport de nos différentes religions .
Unanimement , nous avons convenu que la fraternité que nous voulons et que nous cherchons à construire nous appelle à être citoyen et frère universel .
Nous en connaissons le chemin : tendre la main à son prochain, chasser la peur par la connaissance, soutenir ceux qui sont dans le besoin, participer à toutes initiatives pour la justice et la dignité.
Nous en trouvons la source et l’encouragement dans notre foi en Dieu.
En février dernier, à Abu Dabi, le Pape François et le grand Imam du Caire Ahmad Al-Tayyib déclaraient, dans un document commun : « Le croyant est appelé à exprimer cette fraternité humaine en sauvegardant la création et en regardant l’autre comme un frère à soutenir et à aimer . »
On peut se réjouir des pas vers cette fraternité réalisés par divers groupes en notre ville. Pour n’en citer que quelques-uns, au cours de ces derniers mois, nous nous rappelons :
La visite d’un groupe de détenus et de personnels de la Maison d’Arrêt de l’église saint Dominique , au Chemin Bas d’Avignon, le 9 avril.
La journée de réflexion du 9 novembre sur la « Sauvegarde de la création et la solidarité », initiée par le Comité interreligieux, et animée par un intervenant de chaque religion .
L’initiative du conseil de la solidarité de la paroisse Ste Jeanne d’Arc d’organiser la visite des lieux de culte (catholique, musulman, protestant et juif) : réalisé en 2 temps, le 10 avril et le 27 novembre.
La rencontre autour de la galette des rois à Pissevin, qui réunit plus de 100 personnes du quartier, au début janvier, en la fête de l’Epiphanie . Rencontre qui a eu lieu en ce début d’après-midi .
Puissions-nous continuer à poser des gestes et des actes qui construisent cette fraternité que nous souhaitons. C’est le vœu que nous formulons en ce début d’année 2020.