Noël 2024, sous la tente des nations

La première parole du ciel, lors de la naissance de Jésus, a annoncé la paix : « Gloire à Dieu et paix sur la terre, parmi les humains qu’il aime » (Luc 2, 14).

Quand Noël approche, beaucoup parmi nous ressentent plus qu’à d’autres périodes de l’année le désir de paix, d’une vie illuminée non seulement par les lumières et illuminations de Noël, mais par la paix intérieure et extérieure : dans le monde, au sein de la famille et des proches, et cela même si des conflits et des tensions co-habitent avec le désir d’une réalité différente.

L’aspiration à la paix habite l’humain, au-delà de ses appartenances à une religion, une philosophie ou une nation. Et malgré les réalités adverses, depuis toujours, il y a des veilleurs de la paix.

En cette période qui nous conduit vers Noël, je voudrais vous présenter un projet, un lieu de vie pacifique qui se maintient encore à l’heure où j’écris ces lignes pas loin de la ville de Bethléem, où Jésus est né. Un exemple lumineux et fragile d’une famille palestinienne et chrétienne, installée depuis 1920 au sud-ouest de Bethléem sur des terres où ils cultivent arbres fruitiers, vigne, oliviers et amandiers. Aujourd’hui leur ferme est menacée par la confiscation de leurs terres dans le cadre de la création de nouvelles colonies en Cisjordanie et des actions violentes liées à la colonisation. En 2001 la famille de Daoud, David en arabe, crée Tent of Nations, la tente des Nations, un projet de résistance pacifique basé sur 4 principes :
1/ refuser d’être victime et agir au lieu de réagir 2/ refuser la haine. 3/ fonder toute action sur la foi chrétienne et la conviction que les humains sont frères et sœurs. 4/ croire en la justice.
Convaincus que la paix ne peut advenir que par le dialogue, l’exploitation familiale est devenue un lieu de rencontre. Des visiteurs de toutes les nations et des volontaires internationaux sont accueillis par Daoud et sa famille pour aider et échanger autour des manières de faire la paix.
«Les gens viennent visiter les lieux saints, mais la Terre Sainte ce n’est pas que des vieilles pierres, c’est aussi des pierres vivantes ! Nous souhaitons que les gens nous rencontrent, écoutent notre histoire et parlent de nous de retour chez eux. Nous croyons au futur et nous sommes persuadés que la paix viendra de la terre », assure Daoud.

Une foi et des convictions mis à rude épreuve, car Tent on Nations a été attaquée d’innombrables fois, des milliers d’arbres ont été détruits, la famille a été menacée de mort à plusieurs reprises.
Pourtant, ils maintiennent leur devise « Nous refusons d’être des ennemis ». Ils tentent de surmonter les obstacles en faisant appel à la justice, à la prière et le soutien par d’autres artisans de paix.

Comme tant d’autres chrétiens, juifs et musulmans ils espèrent la paix sur les terres où le Christ est né et dans le sillon de son message de paix, même si l’espoir de voir la paix advenir sur ces terres est aujourd’hui extrêmement fragilisée.

Jésus, le Christ, est né en marge de la ville de Bethléem, dans la misère. Seul quelques bergers ont écouté la voix des anges proclamer la paix. Pourtant, cette voix et cette voie sont toujours présentes, menacées mais vivantes.

Que nous puissions, nous aussi, refuser d’être ennemis dans nos divers contextes de vie, en famille, mais aussi dans notre société où les clivages se creusent. Puissions nous désirer et nourrir la paix – en nous-mêmes, avec ceux et celles dont notre vie est peuplée et dans notre regard sur l’autre.

Que Dieu nous donne d’accueillir sa paix, qui dépasse toute raison et garde nos coeurs et nos pensées en Jésus-Christ.

Iris Reuter

Décembre 2024