Tel était le fil conducteur de l’après-midi de caté au Mas des abeilles en ce mois d’avril. Les enfants ont rencontré l‘apôtre Pierre qui en fit l’amère expérience, la nuit où trois fois il renia Jésus. Quelques heures plus tôt, il faisait encore son petit coq, bombant le torse devant ses compagnons, jurant que jamais il ne renierait Jésus (Marc 14, 31). Mais quelques heures après, il n’ y aura plus de coq, seulement une »poule mouillée » pleurant à chaudes larmes, dévasté par sa propre lâcheté.
Il faut dire que cet apôtre Pierre, fougueux, émotif et un peu fayot sur les bords, sera toujours tiraillé entre le doute et la foi, la peur et le courage : bref, un bon exemple pour amener les enfants à parler de leurs propres peurs et découvrir comment cheminer vers la confiance et le pardon reçus du Christ.
Pour symboliser le reniement de Pierre, universellement connu par le chant du coq évoqué dans l’Evangile, un coq (en chair et en plumes) a été invité à la séance de caté, y compris ses poulettes que les enfants se sont fait une joie de caresser.
Non seulement Pierre mais l’ensemble des disciples connaîtra la peur à plusieurs reprises, notamment la nuit où ils ont traversé le lac de Galilée et qu’une tempête s’est brusquement levée. Au fond de leur barque fouettée par les vagues et le vent, ils furent saisis d’une véritable peur panique (Matthieu 14, 24-26).
Il faut dire que le lac de Galilée ce n’était pas une mare à canards, ni une piscine à plongeoir ! On le surnommait d’ailleurs « Lac de Galilée, » tellement c’était grand. Et puis, à l’époque de Jésus, les gens avaient peur de la mer, ils pensaient qu’elle contenait tout un monde souterrain de monstres marins, de démons, de forces maléfiques qui, sans prévenir, pouvaient engloutir les barques et leurs occupants..surtout quand on est en pleine obscurité. Les disciples étaient donc terrifiés, livrés à eux-mêmes, en pleine mer et tempête, au coeur de la nuit : bref, rien que de l’hostilité. De quoi avoir la chair de poule, non ?
En attendant, Jésus était monté sur une colline pour se mettre à l’écart et prier. Ce n’est que vers la fin de la nuit qu’il redescendra et rejoindra les disciples. Cela dit, si Jésus leur avait tenu le gouvernail, ramé pour eux, pilotant ainsi leur barque, les disciples auraient été réduits au rang de spectateurs de leur propre vie. Or, la Bible ne cesse de nous répéter que Dieu nous veut libres et responsables de notre vie ! Jésus ne dirige donc pas la barque à la place des disciples. Mais il n’est jamais très loin.
Les disciples font l’expérience de ce que nous avons peut-être déjà vécu, celle de se sentir abandonnés lorsque nous sommes confrontés aux vents contraires de la vie.
Pourtant, avant que les disciples ne soient capables de le reconnaitre, Jésus vient vers eux, il est en route, ou plutôt en « mer » pour les rejoindre. Mais les disciples le prennent pour un fantôme… C‘est sans doute leur peur qui les empêche de le reconnaître. C’est que Jésus n’est pas toujours là où on l’attend , il nous faut élargir notre regard ! Venant vers eux, il leur dit : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » C’est un appel au beau milieu de la tempête, adressé non seulement à Pierre mais à l’ensemble des disciples et, à travers eux, à tout le peuple des croyants. Mais voilà Pierre en proie au doute. C’est plus fort que lui, il faut qu’il en rajoute. Alors il met Jésus au défi : « si c’est bien toi, ordonne-moi de venir sur les eaux vers toi ! »
Jésus l’appelle à la confiance. Alors, celui qui fonce toujours tête baissée, se jette à l’eau. Tant qu’il regarde Jésus, il avance, mais sitôt qu’il prend conscience des dangers qui l’environnent, de la profondeur terrifiante de la mer, il se met à avoir peur, à douter, à se croire livré à lui-même au cœur d’un monde hostile. Il perd alors de vue le Seigneur et menace de couler…
C’est pourtant à Pierre, c’est-à-dire à nous aujourd’hui que le Christ proclame : «Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ». C’est à nous qu’il tend la main lorsque nous avons l’impression de ramer seuls contre les vents contraires. Et Il sera encore là demain. « Prends ma main dans la tienne » dit un vieux cantique protestant.
Et si nous nous mettions à croire ce que nous chantons au culte ?
Titia Es-Sbanti
extraits de la prédication , culte inter-génération du 27/04/2024
Ci-dessous, atelier créatif avec les enfants : la décoration des oeufs…Un clin d’oeil à la tradition chrétienne orthodoxe, et un rappel que la vie que Dieu nous donne est belle et fragile :