Du blanc au rosé…vers Pâques

 Aurore : un mot lumineux mais délicat à prononcer. Préparez vos labiales pour un « o » bien positionné au fond de la gorge, et , s’il le faut, prenez l’accent parisien, vous éviterez le mal…entendu. Ce serait dommage, je vous assure, car l’aurore est une chose sublime. Voyez sa définition : lueur brillante et rosée qui suit l’aube et précède le lever du soleil.

Si vous ne voulez pas rater ce moment suprême, quelques petits conseils : ne vous levez pas auzôrores, vous n’y arriverez pas. Prenez plutôt une tisane saveur du soir, faites une nuit blanche, confiez à Dieu votre route, murmurez les mots du cantique 616 : « à travers l’espace, il guide astres et vents..» et l’aurôre viendra. Mais attention, c’est un bref moment : une fois surgie, elle n’est déjà plus car le jour est là, et quand le soleil se lève, il n’attend pas qu’on s’en aperçoive.

Ce qui est intéressant avec l’aurore, c’est ce qui la précède et lui donne naissance : l’aube (1) . Ce moment a une résonance spirituelle pleine de grâce. En effet, l’aube est au cœur de l’Evangile de Pâques. C’est à l’aube du  »premier jour de la semaine » que quelques amies de Jésus se sont rendues à son tombeau, le coeur lourd et les mains pleines d’aromates, se demandant, sur le chemin, qui leur roulerait la pierre pour qu’elles puissent embaumer le corps de leur maitre bien-aimé, dernier geste d’amour de celles qui avaient été avec Lui jusqu’au bout.

On connait la suite -émouvante – que nous célébrons depuis 2000 ans et qui nous laisse encore sans voix quand on y pense : tombeau vide, Jésus absent du cimetière, puissance de la vie contre l’évidence de la mort… Sans oublier cet appel doux et profond qui ne cesse de murmurer à celles et ceux qui dressent l’oreille : «Relève la tête, lève-toi et prends courage, la Vie t’appelle, le Christ a vaincu le désespoir et le néant ». Appel à res-susciter, promesse pour chacun de nous, non pas pour « plus tard » car l’avenir n’appartient qu’à Dieu, mais pour aujourd’hui, que dis-je, là, maintenant, à l’heure de notre vie, à l’aube de notre foi, au moment où l’aurore commence à percer…

Oui, ressusciter au coeur de nos existences, c’est une bonne nouvelle à recevoir à tout âge et à tout moment. L’espérance de la foi n’est pas un « dépôt », elle ne cesse d’advenir, elle apparaît, se faufile, se fraye un passage entre le crépuscule et l’aurore de nos vies.

En ce printemps qui pointe son nez, ces mots sublimes de Victor Hugo me viennent à l’esprit :

«Ma pensée est : toujours en avant. Si Dieu avait voulu que l’homme reculât, il lui aurait mis un oeil derrière la tête. Regardons toujours du côté de l’aurore, de l’éclosion, de la naissance. Ce qui tombe encourage ce qui monte. Le craquement du vieil arbre est un appel à l’arbre nouveau.
Chaque siècle fera son oeuvre, aujourd’hui civique, demain humaine.»

Titia Es-Sbanti

30 mars 2023

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(1) Du latin alba, qui signifie blanc.

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